L’orgasme, une question de performance ?

  • Source : lasenegalaise.com


« Alors, heureuse ? » Un peu cliché, mais malheureusement pas si dépassée, ce genre de phrase après avoir fait l’amour témoigne à la fois de l’angoisse de ces messieurs, qui ont besoin d’un petit coup de pommade à leur ego de mâles bandants après leurs exploits nocturnes, et de la pression qui pèse sur les femmes, chargées justement de leur renvoyer ce miroir positif de compétiteurs sexuels.

Dans un monde où les mouvements de libération sexuelle et de libération des femmes ont popularisé l’idée que les femmes doivent jouir à l’égal des hommes, l’orgasme féminin et en particulier l’orgasme « vaginal » (ou orgasme par pénétration), l’idée que la femme doit jouir pendant que l’homme la pénètre, est devenu un sujet de stress et de pression aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Alors, halte à la pression ! Le sexe, c’est un moment de détente et de plaisir partagé. On ne jouit pas sous contrat et la notion de rentabilité sexuelle, c’est vraiment à bannir !

Orgasme par pénétration et le problème de la performance en sexualité
La réalité économique de nos sociétés modernes ne se contente malheureusement pas de mettre la pression sur les travailleurs, elle a aussi réussi à déteindre sur le comportement sexuel d’une bonne part de la population. Dans l’esprit de beaucoup d’hommes notamment, la performance au lit est de rigueur. Il s’agit d’avoir le sexe le plus gros possible, les érections les plus longues possibles et un « taux de réussite » optimal, à savoir un orgasme de la partenaire effectif par pénétration entreprise. Sauf qu’une vie sexuelle réussie ne se calque certainement pas sur des modèles de rentabilité économique performants !

Souvent imprégnés également des modèles pornographiques, les hommes, pourtant plein de bonne volonté, s’épuisent la plupart du temps dans la mauvaise voie. Malgré un désir réel de faire jouir leur partenaire, ils s’y prennent mal, car ils sont persuadés que c’est une pénétration longue et vigoureuse qui conduira leur chère et tendre à l’orgasme. Et en cas de panne, alors là, c’est le drame : ils se rhabillent tout penauds et considèrent que la fête est finie. La suite au prochain épisode !

Orgasme par pénétration et simulation forcée de la femme
Du côté des femmes, ce n’est pas toujours gai non plus. Elles ressentent cette pression de l’orgasme à tout prix, et ce n’est sûrement pas comme ça qu’elles arriveront à se détendre pour pouvoir à jouir. Elles savent que quelque part leur amant compte sur elles pour lui renvoyer cette image de dieu du sexe qui fera pâlir de jalousie tous ses congénères. Et détentrices de ce pouvoir qu’elles n’avaient jamais brigué, elles n’ont pas d’autres choix que de répondre à ses attentes, contre leur propre plaisir. Trop occupées à simuler le plaisir, elles en oublient presque qu’elles pourraient jouir pour de bon !

Et comment être vraiment honnête et répondre « non » à un homme qu’on aime, mais qui vient de vous labourer maladroitement pendant une demi-heure, quand il vous demande plein d’espoirs naïfs et touchants si c’était bien ? Les femmes ont souvent peur de démolir l’ego de leur amant, de le blesser ou de lui faire perdre toute confiance en lui, alors quelques gémissements forcés pour rendre un homme heureux, ça ne paraît vraiment plus grand-chose.

Et puis, il ne s’agit pas non plus de passer pour une femme frigide. Les femmes savent que les grandes gémisseuses sont plus appréciées, et comme les hommes, elles rentrent dans cette obsession de la performance. Côté féminin, être un bon coup, ça se mesurerait presque à la facilité à jouir, dans l’esprit de certaines en tout cas.

La pénétration, passée de mode ?
Justement, la manière dont les hommes et les femmes se représentent un « bon coup » diffère souvent de façon étonnante. Les hommes s’imaginent souvent qu’il s’agit avant tout d’avoir un gros sexe et de longues érections, alors que les femmes s’attacheront en fait principalement à la qualité des préliminaires. De temps en temps elles trouvent même assez pénible, voire douloureux, d’avoir un amant avec un trop gros sexe qui aura presque à chaque fois du mal à rentrer et qui parfois ne pourra même pas rentrer entièrement.

Et les pénétrations interminables ne sont pas non plus toujours une partie de plaisir ! La plupart du temps, les femmes finissent par s’ennuyer : dans le meilleur des cas, elles ne ressentent plus rien à l’intérieur et sont quasiment anesthésiées, dans les pires des cas, elles ont franchement mal et elles prient pour que ça se termine au plus vite !

Côté masculin, il faudrait donc une bonne fois pour toute démythifier le Phallus et sa fille la Pénétration, et considérer cette pratique pour ce qu’elle est : une source de plaisir, mais parmi d’autres ! Si votre partenaire n’a pas jouit quand vous étiez en elle, d’abord ce n’est pas un drame, et ensuite rien n’est perdu : il vous reste encore vos mains et votre langue pour certains bisous ou  stimulations bien placés !

Mais surtout, arrêtons de vouloir jouir systématiquement et à tout prix, c’est le meilleur moyen de ne pas y arriver !