La pilule est-elle bonne pour la libido ?

  • Source : topsante.com


Toujours sujette à la controverse, la pilule fait parler d'elle car elle bouleverse la façon dont fonctionne notre corps. En modifiant le système endocrinien, fatalement, elle modifie nos humeurs aussi ! L'appétit sexuel tellement fragile et fluctuant est-il lésé ou stimulé par la pilule ?

L'influence de la pilule sur la libido
20 à 40 % des femmes disent ressentir une baisse de leur désir sexuel sous pilule (Étude « Pilule et Libido », 2007). Selon Catherine Solano, sexologue, ce phénomène est notamment lié au fait que « la pilule contraceptive diminue la fabrication de testostérone par les ovaires, diminution qui atteint 50 % ». Dans les faits, seraient particulièrement touchées par une baisse de libido :

- les femmes qui, sans pilule, voient chaque mois leur libido exploser au moment de l'ovulation, en milieu de cycle, moment propice à la fécondation, où le taux d'œstrogènes est à son maximum. Sous pilule, laquelle supprime l'ovulation, elles peuvent ressentir et déplorer une vraie différence car ces pics de désir sont moins élevés, voire disparaissent.

- celles qui prennent une pilule très faiblement dosée en œstrogènes, laquelle provoque parfois une sécheresse vaginale, qui peut perturber le plaisir et donc, à terme, le désir sexuel.

- celles qui prennent une pilule à base d'antiandrogène, pour lutter contre l'acné ou un excès de pilosité, avec un effet réel sur la testostérone, donc directement sur la libido.

- celles pour qui savoir qu'elles ne sont pas fécondes est difficile à vivre, souvent parce que le désir d'enfant est larvé mais que ce n'est « pas le bon moment ». Ce qui n'empêche pas d'avoir, plus ou moins consciemment, envie d'un bébé.

Dans tous ces cas, mieux vaut en parler à un médecin, pour choisir une autre pilule, ou un autre moyen de contraception.

La pilule peut parfois avoir une influence positive sur la libido
À l'inverse, il ne faut pas négliger le fait que, chez certaines femmes, prendre la pilule a un effet positif sur le désir sexuel, en réduisant la peur d'une grossesse non désirée et en évitant les conduites à risques angoissantes (coït interrompu, méthode Ogino ou calculs savants...), ou les contraceptions peu fiables génératrices d'anxiété. Chez celles-ci, prendre la pilule permet de se consacrer en toute tranquillité d'esprit et en toute liberté sur le plaisir, et rien que sur le plaisir !

Les effets nocifs de la pilule sur le désir des (très) jeunes filles
Selon Catherine Solano, dans son nouvel ouvrage « Les trois cerveaux sexuels. Entre pulsion, émotion et réflexion : comment vivre sa sexualité » (éd. Robert Laffont), la pilule ne serait sans doute pas la contraception idéale pour les jeunes filles au début de leur vie sexuelle, ou du moins, pas trop tôt. « En effet, affirme-t‑elle, les adolescentes en manque de testostérone ont moins d'élan sexuel.

Pas encore habituées à ressentir un désir sexuel adulte, elles ne peuvent pas comparer ce qu'elles éprouvent avec ce qu'elles pourraient éprouver sans pilule. » Certes, la jeune fille se rend compte que le sexe ne l'intéresse pas autant que son petit ami, mais sans s'en alarmer puisque, c'est connu, les garçons « ne pensent qu'à ça ». « Personne ne réalise l'ampleur de cette difficulté qui se révèle généralement après des années de pilule, quand le manque de désir féminin pose problème dans le couple », explique la sexologue.

Pire, ces jeunes filles « ne vont pas mettre en place des circuits érotiques, des fantasmes personnels (fortement associés au taux de testostérone). Les expériences liées aux émotions sexuelles sont atténuées et leur empreinte légère, parfois inexistante. Les hormones contraceptives leur volent ces expériences, souvent merveilleuses sur le plan du ressenti, de la découverte de la libido. Et elles ne remplaceront peut-être jamais ce qu'elles n'ont pas vécu. Même si elles arrêtent la pilule, leur libido ne sera plus celle d'une adolescente, et même si elle réapparaît dans toute sa force, ayant déjà vécu des expériences sexuelles, l'empreinte ne sera plus la même.

Je pense que nous sommes donc en train de sacrifier l'élan sexuel de toute une génération, d'autant plus que des jeunes filles prennent la pilule de plus en plus tôt, parfois dès 14 ou 15 ans. » Des considérations qui méritent réflexion sur le type de contraception à choisir, mais aussi sur l'intérêt de la pilule chez certaines jeunes filles qui n'ont pas de vie sexuelle, ou la demandent parce qu'elles ont des règles douloureuses ou de l'acné.