L’utilisation de la pilule a-t-elle vraiment une influence sur le désir sexuel ?

  • Source : lasenegalaise.com


Etudes et témoignages sont souvent contradictoires. Contraception orale et libido ont-elles vraiment partie liée ? Et, dans ce cas, quelle part attribuer au biologique et quelle part au psychique ? Petite mise au point.

De la fumée sans feu ?

Alors que la palette des contraceptifs hormonaux s’est considérablement élargie (comprimés, implants, patchs, anneaux), la méfiance à leur égard semble croître d’autant, y compris sur le plan de leurs éventuelles retombées sexuelles. Une théorie assez en vogue argue notamment que la contraception entraînerait une baisse de la testostérone, l’hormone du désir. Cela n’a jusqu’ici jamais été démontré scientifiquement (excepté, peut-être, pour les pilules destinées à lutter contre l’acné ou l’hyperpilosité (Belara, Jasminelle, Diane…), mais conforte certaines femmes dans leur ressenti. Y aurait-il de la fumée sans feu ?

Si la sexualité change, c’est souvent en mieux

Sur le plan sexuel, décider d’une contraception, c’est privilégier une sexualité sans enfant. Lorsque ce choix s’effectue librement, sans contraintes, sans culpabilité ni peur, il n’y a aucune raison pour qu’il nuise à l’épanouissement sexuel.

Au contraire, le seul fait d’être libérée de la crainte d’une grossesse permet généralement de connaître une sexualité plus légère et épanouie. Les femmes qui ont vécu l’avant et l’après-pilule n’ont aucun doute : ce progrès a stimulé leur désir, auquel elles se sentaient enfin prêtes à s’abandonner sans angoisse ni remords.

Dans de rares cas, des retombées négatives

Il est vrai néanmoins que, comme tout médicament, la pilule peut avoir des effets négatifs et que certaines femmes la tolèrent plus ou moins bien, selon son dosage. Quelques-unes ont notamment l’impression que leur vie sexuelle s’en ressent.

« Il faut bien faire la différence entre le désir, c’est-à-dire “l’appétit” à faire l’amour, et l’excitation, souligne Mireille Bonierbale à ce propos. L’excitation est en partie modulée par des facteurs physiologiques – de nombreuses femmes sont plus réactives au moment du pic ovulatoire ou avant les règles – et il n’est pas exclu que la pilule influe à ce niveau. Certaines seraient alors un peu moins sensibles aux stimulations. Si leur libido n’était pas très forte à l’origine et qu’elles ne démarraient qu’aux caresses, alors oui, leur sexualité peut en pâtir. Mais ce n’est pas leur libido en tant que telle qui est atteinte. »

Si tout allait bien auparavant et que des symptômes coïncident avec la prise d’un contraceptif, la première chose à faire consiste à retourner chez son gynécologue pour voir s’il n’est pas possible de changer de contraceptif. Le plus souvent, cela suffit à ce que tout rentre dans l’ordre.

Psychologique plutôt qu’hormonal ?

Si l’impact hormonal sur la libido semble exclu, il peut néanmoins arriver, exceptionnellement, que celle-ci diminue au moment de la mise en place de la contraception. La cause en est alors sans doute davantage psychologique.

Si l’on désire un enfant, mais que l’on doit y renoncer parce que ce n’est pas le bon partenaire ou le bon moment (pour des raisons sociales, financières, etc.), que c’est notre compagnon qui nous oblige à recourir à la contraception et qu’on lui en veut inconsciemment, que l’on culpabilise pour des raisons religieuses, ou encore simplement parce qu’on redoute d’avaler des hormones (des inquiétudes irrationnelles nous faisant craindre la prise de kilos superflus, ou encore la survenue de boutons, de vergetures, voire d’un cancer), alors, évidemment, notre désir sexuel risque d’en pâtir. Mais, là encore, la pilule est innocente.