Retour des ex-Fds exilés: Ce qui pose problème

  • 26/11/2013
  • Source : Soir Info
«… dans la gendarmerie, nous sommes aujourd'hui à un taux de présence de 99 % contre 67 en juillet 2011. Pour les militaires, nous sommes à 97 % de présence, alors que nous étions à peu près à 55 % au mois de juillet 2011. Nous pensons améliorer ce taux au nom de la réconciliation et de la paix dans notre pays, d'où le dernier appel du Chef de l’État à toux ceux qui sont encore hors du pays ».

 C'est la confidence faite par le ministre auprès du président de la République, chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi, dans les colonnes de Fraternité Matin, le lundi 25 novembre 2013. Il s'exprimait dans le cadre des actions du gouvernement ivoirien visant à convaincre les ex-forces de défense et de securité (Fds) qui, au lendemain de la chute du régime de Laurent Gbagbo, ont pris le chemin de l'exil. Mais cet appel du chef de l’État, aux accents d'un ultimatum, sera-t-il vraiment entendu, à moins de quatre jours du délais imparti ? Le ministre Koffi Koffi y croit.
 
C'est d'ailleurs le sens du déplacement qu'il a effectué récemment à Lomé (Togé), en vue de faciliter le retour aux pays de certains soldats de l'armée ivoirienne qui y avaient trouvé refuge. Cet optimisme du membre du gouvernement ne voile cependant pas les difficultés à tenir le pari de ramener au pays les quelque milliers de militaires encore en exil. La principale difficulté à laquelle se heurte l'appel du président de la République est le manque de volonté de certains d'entre eux de revenir « à la maison ». Et ce pour plusieurs raisons...légitimes.

La crainte d'être arrêtés, la peur de subir des règlement de compte dans son environnement ou cadre de vie, sont pour les uns des inquiétudes presque insurmontables. D'autres refuseraient de saisir la main du gouvernement parce qu'ayant réussi à se refaire une nouvelle vie à l'aventure, bien meilleure que celle du ''corps habillé''. A côté de ces personnes, il y en a qui manifestent l'intention de regagner la mère patrie afin de se rendre utile et contribuer à la reconstruction nationale. Mais comment rentrer, quand l'on est sans moyens, comme c'est le cas de ces 27 militaires bloqués au Liberia ( cf : Fraternité Matin du 25 novembre 2013)? Ces derniers, par le canal de cet organe d'information, ont sollicité l'aide de l’État ivoirien pour rentrer.

Combien sont-ils ceux qui veulent revenir et qui n'ont pas la possibilité de l'exprimer afin d'être entendu ? Autre cas qui mérité d'être souligné est celui des militaires qui ont tout perdu : argent, maison, voiture, divers autres biens acquis au prix de plusieurs années de dur labeur. Ceux-là préfèrent certainement rester en exil, résignés et troublés par l'angoisse de reprendre toute une vie à zéro, sans aucune assurance de pouvoir remonter la pente.
 
En réalité, tels sont les problèmes constituant un gros handicap dans l'action du gouvernement ivoirien relative au retour des ex-Fds exilés. Mais le ministre Paul Koffi Koffi ne baisse pas les bras et ne se laisse pas happer par l'ampleur des problèmes à résoudre. Selon lui, tant qu'il y a pour ces gendarmes et militaires un brin de volonté à rentrer au pays, le gouvernement se donnera les moyens de leur faciliter le retour au bercail. « Les consignes sont précises. Le Président de la République a été clair avec nous. Nous avons instruit les généraux.

A leur arrivée, ils seront reçus par les différents états-majors (…) Nous demandons aux frères d'armes, de ceux qui rentrent, de ne pas avoir une attitude hostile à leur égard et de faciliter leur réintégration. Ce sont des situations qui arrivent dans la vie. Il faut tourner la page dès lors que les gens décident de se soumettre à la règle militaire. Ce retour est important pour la réconciliation qui doit aussi se faire dans l'armée.

Pour le voisinage, c'est le moment de leur accorder un accueil favorable. A ceux qui rentrent, il faut faire preuve de compréhension et adopter un profil bas », a plaidé le ministre Koffi Koffi, dans l'interview accordée à Fraternité Matin. Ces propos sont-ils une garantie suffisante ? Peut-être que oui, peut-être que non, mais ils ont ceci de rassurant qu'ils se révèlent comme un engagement officiel du gouvernement ivoirien face à l'opinion nationale et internationale. 
 
 
A.BOUABRE