Qu'est-ce que la pornographie ?

  • Source : doctissimo.fr


L'écrivain Alain Robbe-Grillet écrivait, il y a quelques années, "la pornographie, c'est l'érotisme des autres". Cette brève définition donne toute la mesure de la part subjective en jeu lorsqu'on cherche à définir la pornographie.

Le Petit Robert la définit pour sa part comme la "représentation (par écrits, dessins, peintures, photos) de choses obscènes destinées à être communiquées au public" et rappelle que l'étymologie du mot pornographie renvoie à la prostitution.
Pour le psychanalyste américain R. Stoller qui a inclus la pornographie dans les mythes du XXe siècle, "porno désigne les produits de l'industrie du X : des photos, des films et des cassettes vidéo d'hommes et de femmes adultes qui réalisent effectivement - et ne simulent pas - des actes érotiques".

Définitions selon la censure et la loi

Tout essai de définition de la pornographie se voit obligé de passer par la question de la censure, qui varie selon les époques et les régimes politiques. Dans cette perspective, est considérée comme pornographique toute représentation d'actes sexuels interdite par la loi. On se souvient des interdits qui ont frappé la publication de "Madame Bovary" de Flaubert et du "Ulysse" de James Joyce, considérés aujourd'hui comme les plus grands classiques de la littérature.
Cet interdit peut dépasser le cadre des actes sexuels et inclure les actes amoureux et les actes de violence.

Les choses se compliquent dans la mesure où certaines de ces représentations sont frappées d'un interdit absolu. C'est le cas des représentations qui mettent en scène des actes sexuels ou des actes violents impliquant des enfants. En France, la consommation de ces documents constitue un délit passible d'une peine de prison ferme.
Les autres représentations qui mettent en scène des adultes, hétéro ou homosexuels, des contacts sexuels avec des animaux, des relations sado-masochistes ou des actes impliquant l'utilisation d'excréments sont seulement interdites aux mineurs. Leur diffusion auprès des jeunes tombe sous le coup de l'article L.227-24 du nouveau Code pénal. 

La question de l'éducation sexuelle

Certains considèrent l'éducation sexuelle comme une forme de pornographie, alors que les illustrations des manuels d'éducation sexuelle sont censées ne pas provoquer l'excitation de ceux qui les regardent, et que, dans les pays où l'éducation sexuelle des adolescents est développée, les relations sexuelles sont moins précoces.

Erotisme et pornographie

La description et la communication publiques d'actes sexuels explicites peuvent être considérées soit comme érotiques, c'est-à-dire qui stimulent l'amour sexuel, soit comme obscènes, c'est-à-dire sales, dégradantes et honteuses, selon le point de vue duquel on se place. Ces qualificatifs peuvent s'appliquer à toutes les représentations d'actes sexuels ou ne concerner que quelques catégories d'entre eux. Il y a en effet un certain paradoxe à considérer comme "dégradants" et "honteux" des actes commis par la majorité de la population, en privé. C'est donc la communication, le passage de ces actes du privé au public ainsi que leur mise en scène, qui les rend "pornographiques". La représentation d'actes sexuels illicites ne fait que rendre ceux-ci encore plus pornographiques.

Penser la pornographie

La pornographie fait l'objet de nombreux débats scientifiques et idéologiques, concernant principalement ses effets sur ceux qui la consomment. On oppose deux théories principales.D'une part, la théorie de la "catharsis", c'est-à-dire lorsque la pornographie est utilisée pour alimenter les fantasmes et stimuler l'activité auto-érotique de ses consommateurs. Dans cette perspective, l'influence de la pornographie s'exerce sur l'imaginaire collectif et individuel, et est supposée ne pas avoir de conséquences néfastes sur l'activité sexuelle effective.D'autre part, la théorie de "l'apprentissage", selon laquelle la pornographie a une influence sur les actes sexuels des populations. Cette théorie cherche ainsi à démontrer que la diffusion de la pornographie influe sur la criminalité sexuelle, notamment les viols.

Les féministes américaines ont été les plus ardentes promotrices de cette théorie en considérant que la pornographie contribuait à la diffusion d'une image dégradante de la femme et qu'elle stimulait les violences sexuelles à l'égard des femmes.
La pornographie a donc une histoire qui permet de retracer les attitudes sociales et culturelles à l'égard de la sexualité. Elle permet de discerner l'état des mentalités et des normes sociales qui régulent l'activité sexuelle des populations. Elle constitue ainsi un véritable baromètre du climat sexuel d'une société.