Refus de libération des 46 soldats ivoiriens : Vers de nouvelles sanctions de la CEDEAO contre le Mali

  • 12/09/2022
  • Source : Linfodrome
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) pourrait envisager de nouvelles sanctions contre le Mali qui refuse la libération des 46 militaires ivoiriens détenus à Bamako depuis deux mois.

Alors que l’on croyait à décrispation de la situation avec la libération, la semaine dernière de 3 soldates ivoiriennes sur les 49 détenus, l’affaire des militaires ivoiriens en détention au Mali, connait depuis le vendredi 9 septembre 2022 un nouveau rebondissement.


Contrepartie

Assimi Goïta, patron de la junte militaire au pouvoir au Mali a, à la surprise générale, conditionné la libération de ces « otages » à l’extradition par Abidjan de Karim Kéïta, fils du défunt président Ibrahim Boubacar Kéïta renversé par les militaires en 2020 et de Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense sous le régime déchu. 

Au "moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, (elle) continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice", a dit le colonel Goïta. "Ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali", a insisté le chef de la junte militaire qui parle également de nécessaire "contrepartie", confirmant ainsi des informations selon lesquelles l'extradition de personnalités maliennes faisait partie de la discussion sur le sort des soldats ivoiriens.

Nous privilégions toujours la solution diplomatique. Il faut éviter la politique du pire


Pour Abidjan, ces propos d’Assimi Goïta confirment qu’il s’agit bel et bien d’une prise d’otage, contrairement à l’argument « de tentative de déstabilisation » qui avait initialement été évoqué par les autorités maliennes pour justifier ces arrestations. "C'est une prise d'otage qui ne restera pas sans conséquence. Notre position est claire: ce marché est inacceptable", a affirmé dimanche une source proche de la présidence ivoirienne à l'AFP. 

"Nous privilégions toujours la solution diplomatique. Il faut éviter la politique du pire", a toutefois ajouté cette source qui espère que la junte malienne "reviendra sur sa position".  Notre source ajoute qu’ un sommet extraordinaire de la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) doit se tenir la semaine prochaine à New York en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Conclave au cours duquel, le sujet devrait être évoqué.     "Si d'ici là rien ne se règle par la voie diplomatique, la Cédéao sera bien obligée de prendre des sanctions", a-t-elle prédit.   Pour rappel, c’est dimanche 10 juillet 2022 que les 49 soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de "mercenaires", puis inculpés mi-août de "tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat" et formellement écroués. 

Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération.  Plusieurs médiations sont en cours pour obtenir la libération des 46 soldats  toujours prisonniers, dont celle du président togolais Faure Gnassingbé et de leaders religieux maliens.

 

Jean Kelly KOUASSI