Pérou: Lina Vanessa Medina accouche d'un garçon le 14 mai 1939 à l'âge de 5 ans, 7 mois et 17 jours, elle est la plus jeune mère de l’histoire

  • 15/05/2015
  • Source : wikipedia.org
Lina Medina (née le 27 septembre 1933 dans le hameau d’Antacancha du village de Ticrapo, près de Pauranga, au Pérou, dans l'actuel district de Capillas, Région de Huancavelica), est devenue, le 14 mai 1939, la plus jeune mère dans l'histoire de la médecine, à l'âge de 5 ans, 7 mois et 17 jours. Ce record mondial est suivi de près par un cas similaire en Ukraine (6 ans et 5 jours) en août 1934.

Ayant remarqué chez sa jeune enfant le gonflement anormal de son abdomen, Tiburcio Medina fit appel à des guérisseurs de son village pour en avoir l'explication. Ceux-ci, rejetant les superstitions locales (comme celle qui veut qu'un serpent, Apu, grandisse peu à peu à l'intérieur d'une personne, finissant par la tuer), recommandèrent aux parents de conduire l'enfant à l'hôpital de la ville de Pisco. Alors que ces derniers croyaient qu'il s'agissait d'une tumeur, les médecins diagnostiquèrent une grossesse de 7 mois. Le docteur Gerardo Lozada, directeur de l'hôpital de Pisco, prit la fillette sous sa protection, et confirma son âge en retraçant son certificat de naissance. Le journal tabloïd de Lima La Crónica dévoila la nouvelle le 13 avril et mena une campagne pour que Lina soit emmenée à Lima, la capitale du Pérou. Elle y arriva effectivement le 11 mai, et le 14 mai 1939, un mois et demi après le diagnostic de sa grossesse, mit au monde un garçon par césarienne, en raison de la taille trop petite de son pelvis. L'opération fut conduite par le docteur Lozada et le docteur Busalleu, assistés du docteur Colretta pour l'anesthésie.

Il semblerait qu'un promoteur américain ait fait signer au père de Lina un contrat lui accordant les droits exclusifs d'exploitation de l'affaire en dehors du Pérou, mais que le président péruvien Oscar Benavides fit annuler cette entente. Par la suite, son père ramena Lina dans son village et tenta de la cacher aux journalistes. Un photographe américain la retrouva cependant en 1947 et prit une photo d'elle à son insu. Il rencontra également Gerardo, âgé de huit ans, qui ignorait toujours alors que celle qu'il considérait comme une de ses sœurs était en réalité sa mère.

Ce cas a été rapporté en détail par le docteur Edmundo Escomel pour La Presse médicale2, avec des détails supplémentaires (ses premières règles auraient eu lieu à l'âge de 3 ans et ses seins, bien formés, auraient commencé à se développer quand elle avait 4 ans. À 5 ans, son apparence montrait un élargissement pelvien et une maturation osseuse avancée, et une taille de 1,15 mètre).

Son fils, qui pesait 2,7 kg à la naissance, a reçu le prénom de Gerardo, en hommage au médecin qui avait réalisé l'opération. Malgré sa maturité physique, Lina préférait jouer avec des poupées plutôt que de s'occuper de son fils, alimenté par une infirmière.

Élevé comme le frère de Lina, Gerardo fut amené à croire que celle-ci était sa sœur. Mais, à l'âge de dix ans, après que l'on se fut moqué de lui à l'école, il apprit qu'en réalité il s'agissait de sa mère. Il atteignit l'âge adulte en bonne santé mais mourut en 1979, à 40 ans, des suites d'une maladie de la moelle osseuse. Jamais on n'a pu établir un lien quelconque entre sa maladie et le fait qu'il fût né d'une mère aussi précoce.

Un père inconnu
Le mystère de l'histoire ne réside pas dans la précocité de Lina, puisque celle-ci peut s'expliquer comme le résultat d'un déséquilibre hormonal, mais dans l'identité du père de l'enfant, puisque la Péruvienne n'a jamais révélé ce secret et se refuse à en parler jusqu'à aujourd'hui, allant jusqu'à refuser une interview avec l'agence Reuters en 2002. Emprisonné après la naissance de l'enfant, sous l'inculpation d'inceste, le père de Lina fut libéré après quelques jours par manque de preuves. Les soupçons se sont alors portés sur un frère de Lina qui avait une déficience intellectuelle.

Commentaires sur cette naissance extraordinaire
Souvent, au Pérou, cette fille a été associée à la Vierge Marie, qui, selon la religion chrétienne, avait conçu son fils sans relation sexuelle, par l'opération du Saint-Esprit. Quelques personnes de la région croient encore aujourd'hui que Gerardo est le fils du dieu Soleil.

Des degrés extrêmes de puberté précoce sont peu communs, mais pas impossibles. Le viol de jeunes enfants est également assez répandu3. Mais la grossesse reste rare, d'une part parce que la puberté précoce est généralement traitée pour supprimer la fertilité, préserver le potentiel de croissance et réduire les conséquences sociologiques de la puberté pendant l'enfance, et d'autre part parce qu'il est plus facile maintenant de mettre fin à une telle grossesse qu'il ne l'était au début du xxe siècle.

Pauvreté
Après la naissance, des policiers, des médecins et une équipe de prise de vues arrivèrent au village pour étudier ce qui venait de se passer. Beaucoup de personnes proposèrent leur aide, et l'on vit même un homme d'affaires américain offrir 5 000 dollars. Une offre tout de même un peu osée vint de New York : on proposait mille dollars par semaine, tous frais payés, pour que Lina et son fils fussent exposés à la Foire internationale de la ville. La seule proposition acceptée par la famille fut celle d'un homme d'affaires américain qui demandait que la mère et le bébé se rendent aux États-Unis pour que des savants étudient leur cas. Cette offre proposait à tous les deux une rente viagère qui les mettrait à l'abri du besoin.

Ces offres ont été interdites par l'État péruvien, en raison du « danger moral » que cela représentait pour Lina et son fils. Une commission a été constituée pour protéger leur vie privée, mais celle-ci a été dissoute six mois plus tard.

Lina resta à l'hôpital pendant onze mois et ne put retourner dans sa famille qu'après le début des procédures légales qui amenèrent la Cour Suprême à permettre qu'elle vive avec ses parents. Quelques années plus tard, l'État expropria Lina et détruisit sa maison, pour construire à la place une route. Aujourd'hui elle attend encore que le gouvernement veuille bien l'indemniser. Selon l'actuel mari de Lina, l'immeuble valait environ 25 000 dollars. Si jamais elle obtenait gain de cause, ce serait pour Lina la fin d'un long démêlé judiciaire.

Quelques-uns attribuent à un simple préjugé le fait que le gouvernement péruvien n'ait pas apporté son aide, puisque dans d'autres pays Lina recevrait un appui total de l'État[réf. nécessaire]. L'obstétricien José Sandoval, auteur de Mère à cinq ans (Madre a los cinco años), combat depuis le temps où il était étudiant pour faire obtenir à Lina une pension viagère. En 2002, il a réussi à faire accélérer le processus et à présenter l'affaire à la première dame du pays Eliane Karp.