Elle appelle 3.300 fois sa belle-mère pour l'insulter.

  • 29/12/2014
  • Source : Sud Info
C’est ce qu’on appelle avoir une fameuse rancœur : une quinquagénaire liégeoise qui reprochait à sa belle-mère d’avoir ruiné sa famille l’a harcelée en lui téléphonant 3300 fois ! Elle risque 6 mois de prison et sa belle-mère lui réclame 33.000 euros de dédommagement.

C’est une dame sans antécédents judiciaires qui vient de comparaître devant le tribunal correctionnel de Liège pour des faits de harcèlement survenus au moment de son divorce. Elle reprochait à sa belle-mère d’avoir ajouté son « grain de sel » dans le différend avec son mari, et elle était convaincue – elle l’est d’ailleurs toujours- que c’est également sa belle-mère qui l’a éloignée de ses enfants.
 
Les coups de fil et les textos avaient commencé à pleuvoir en janvier 2011. La quinquagénaire a expliqué au juge Theunissen qu’il s’agissait d’un « coup de sang » survenu dans une période difficile de sa vie.
 
« Un coup de sang ? Mais il y en a une quantité industrielle, ça ressemble quand même plus à de l’acharnement ! », lui a fait remarquer le juge, qui en a lu quelques-uns pour rafraîchir la mémoire de la prévenue : « salope, si je te vois tiens toi à carreau », « un chien vaut mieux que toi », « espèce de charogne plus je te vois plus tu me dégoûtes… »
 
La prévenue a répondu en larmes : « Je voulais qu’elle se rende compte du mal qu’elle a fait autour d’elle », a-t-elle affirmé.
 
Pour la partie civile, Me Sauvage a soutenu qu’il y avait, dans le chef de la bru, une « volonté de détruire et de nuire à sa belle-mère, qui n’y était pour rien dans le conflit ». Il a expliqué que pendant une année complète, la vie de sa cliente, aujourd’hui âgée de 74 ans, avait été « un enfer »  : « ses seuls moments de paix ont été ceux qu’elle a passés lorsqu’elle a été hospitalisée et deux séjours en vacances. Le reste du temps, elle était à bout de nerfs, croulant sous les appels… Elle a reçu jusqu’à 120 appels en une journée ! ».
 
Les premiers appels pouvaient survenir à l’aurore, et les derniers la tiraient parfois du lit, vers 23 heures : « comme il y avait ses petits-enfants et son fils, elle décrochait », a ajouté l’avocat, qui réclame pour sa cliente un dédommagement de 10 euros par appel, soit 33.000 euros.
 
Il avait fallu longtemps pour confondre la belle-fille, car si sa belle-mère avait bien reconnu sa voix, elle utilisait des téléphones empruntés ci et là et des cartes prépayées. Elle avait été interrogée à six reprises, et avait toujours nié… Elle avait été jusqu’à porter plainte contre sa belle-mère pour calomnie et diffamation.
 
« On pourrait penser à une tragicomédie de boulevard, mais malheureusement ici les faits ne prêtent pas à rire et sont déplorables », a conclu le substitut Dessart. « Les messages étaient plus grossiers et diffamants les uns que les autres, et la prévenue s’est livrée à une entreprise organisée de destruction ».
 
Le ministère public a souligne la longueur de la période infractionnelle, le contenu menaçant, diffamant et dégradant des messages, l’absence remise en question véritable de la prévenue « qui légitime son attitude en attribuant à la victime la responsabilité de la rupture avec ses enfants. »
 
Il s’est donc opposé à une suspension du prononcé. Il a requis une peine de six mois assortie d’un sursis conditionné à l’absence de contacts entre la quinquagénaire et son ancienne belle-mère.