Des victimes d’arnaqueurs ivoiriens.

  • 06/12/2013
  • Source : journaldemontreal.com
Que ce soient des courriels où l'on vous promet de grosses sommes d'argent ou des jeunes femmes qui vous sollicitent sur Facebook vous demandant de vous dénuder, il peut être extrêmement risqué de simplement répondre, car il pourrait s'agir d'arnaques dévastatrices provenant très souvent de la Côte d'Ivoire.

L'équipe de J.E. s'est intéressée de près à ce phénomène qui fait de plus en plus de victimes au Québec.

«Du moment qu'ils m'ont vu nu à me caresser, ils ont arrêté ça là et ils ont dit : c'est beau on te tient. Tu vas nous donner de l'argent», a confié à J.E. un père de famille qui a succombé aux charmes d'une Ivoirienne.

L'homme à dit oui à une jeune femme qui l'invitait à partager son intimité devant la caméra. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'un arnaqueur ivoirien enregistrait sa prestation. L'Africain nommé Sanogo a exigé un premier versement de 1000 $.

Dès que le père de famille a envoyé l'argent en Afrique par Western Union, Sanogo en a demandé encore. Pour mettre un terme à cette extorsion, la victime a tout avoué à sa famille et a porté plainte à la police.

Si les policiers canadiens n'ont pas juridiction pour intervenir, le Centre antifraude du Canada invite quand même les victimes à porter plainte.

«Les plaintes nous sont acheminées, a indiqué à J.E. Marc Charron, un policier expert au Centre Anti-Fraude. Cela permet de faire des représentations auprès d'Interpol et du gouvernement de la Côte d'Ivoire.»

Au cours des deux dernières années, le Centre antifraude a recensé pas moins de 340 victimes québécoises d'arnaques en provenance de Côte d'Ivoire. Des victimes qui ont envoyé près de 3 millions $ à Abidjan, capitale économique du pays.

Parmi ces victimes, une veuve de plus de 70 ans a fait parvenir 110 000 $ en six mois à un Ivoirien. La dame vulnérable croyait tomber en amour avec Barton Smith, un géologue français dans la soixantaine se trouvant en Côte D'Ivoire.

C'est sur le réseau social Facebook que l'arnaqueur africain lui a envoyé la photo d'un bel homme d'âge mûr qui n'était pas la sienne.

En peu de temps, elle a accepté de lui envoyer de l'argent pour des médicaments, une opération au cerveau, pour venir au Canada et plus encore. Après avoir vidé son bas de laine, elle a réalisé que son amoureux était en fait un arnaqueur d'Abidjan.

«Quand les gens commencent à donner, la personne à l'autre bout s'attend à en avoir plus. Donc si tu donnes une fois, ils vont revenir par la suite, c'est sans fin», a indiqué Steve Desroches, lieutenant de l'Unité des crimes graves de la police de la Ville de Québec. «Il ne faut pas donner», a conclu l'enquêteur.

Côte d'Ivoire
Préoccupé par la prolifération des cyberfraudes provenant principalement de ses cafés internet, le gouvernement de la Côte d'Ivoire a mis sur pied une unité mixte pour faire la lutte aux «brouteurs».

Dans un dialecte ivoirien, brou signifie pain. Le brouteur est donc celui qui gagne son pain en fraudant, en faisant des arnaques sur internet. Ils sont âgés de 16 à 55 ans, très habiles pour arnaquer leurs victimes, pour leur soutirer beaucoup d'argent.

En entrevue à J.E., Stéphane Konan, directeur de la police scientifique d'Abidjan a déclaré que la Côte d Ivoire s est dotée d'une loi sur la cybercriminalité et la protection des données personnelles.

«Des dispositions comme l'identification des usagers de cybercafés et de téléphonie mobile permettent aux forces de l'ordre de qualifier ces délits», a-t-il dit.

Le directeur Konan a ajouté que les sanctions plus sévères ont été adoptées. Les peines de prison peuvent aller jusqu'à 10 ans, les amendes jusqu'à 10 000 $. Stéphane Konan a permis à une caméra de J.E. d'accompagner ses hommes lors d'une intervention dans un cybercafé. On y voit une dizaine de jeunes «brouteurs» pris sur le fait par les enquêteurs.