Actualité - Les trois immigrés africains portent plainte contre M6 !

  • 25/11/2013
  • Source : telerama.fr
Hier dans le cadre de l’émission « Zone interdite » M6 a choisi de montrer le périple de migrants clandestins, qui pour fuir la misère, partent de leur pays d’origine vers l’Eldorado européen. C’est ainsi qu’ils ont suivi d’une part, deux afghans partis de Kaboul vers Paris via l’Iran, la Turquie, la Grèce, l’Italie et finalement la France, Paris; et d’autre part, trois camerounais, Joseph, Emile et Elie, partis du Cameroun vers la même destination Paris, via la Libye, l’île de Lampedusa, Rome puis Paris.

Des journalistes français auraient organisé le voyage de clandestins de la Libye vers l’Europe. Enquête sur les zones d’ombre d’un reportage controversé.

le reportage est saisissant. D’abord parce que trois migrants sont filmés au plus près, dans leur périple du Sud libyen jusqu’à Paris, notamment leur effroyable traversée de la Méditerranée. Saisissante aussi cette voix off qui, lorsque les clandestins espèrent monter enfin dans un train pour la France, prononce ces mots : « Des liens se sont tissés. Devant leur détresse, nous avons décidé de prendre en charge leurs billets. »

Etonnant que des journalistes avouent enfreindre deux lois : celle de leur profession, en modifiant volontairement le cours de l’histoire qu’ils filment ; celle de leur pays, en finançant l’entrée illégale de clandestins en France. Non seulement ils le font, mais surtout ils le disent. Ils y ont été un peu obligés : lesdits billets sont aujourd’hui des preuves à charge déposées par les Camerounais dans le bureau de l’avocat Jérémie Assous.

Car, à peine arrivés à Paris, Elie, Joseph et Emile se sont retournés contre leurs « bienfaiteurs », comme l’a révéléLe Nouvel Observateur, et ont déposé plainte contre X pour « aide […] à l’entrée et au séjour irrégulier, soumission à des conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité humaine, risques causés à autrui, omission de porter secours et escroquerie. »

Le départ/les promesses
Sud libyen. Veille de Noël 2012. A Mourzouq, « ville étape pour de nombreux clandestins qui cherchent à se refaire une santé financière », les reporters Paul Comiti et Olivier Azpitarte chargent leur contact de trouver des candidats à l’immigration fiables, francophones. On leur amène Elie, grand gaillard posé de 24 ans, Emile, 19 ans, son jeune protégé, et le flamboyant Joseph, fervent catholique de 28 ans, adepte de belles chaussures et de high-tech. Trois Camerounais échoués ici un peu par hasard, depuis plusieurs années.

Le reportage ne le précise pas, mais ils gagnent correctement leur vie sur des chantiers. Et pourtant, ils acceptent ce départ précipité. En deux jours, Joseph tente de vendre ses iPad, téléphone et ordinateur, et Elie de céder le (minuscule) salon de coiffure qu’il vient juste d’ouvrir. Pourquoi ? Bien sûr, la vie à Mourzouq est difficile : le racisme des Libyens est étouffant, la menace de racket permanente, la guerre bruit encore. Bien sûr, la France fait rêver. « Y a de grands immeubles, les Champs-Elysées, du travail, tout ce que je veux », s’enthousiasme Emile face caméra.

Mais traverser la Libye jusqu’en Europe coûte jusqu’à 10 000 euros et de longs mois d’avancée périlleuse aux mains de passeurs souvent tortionnaires. Pour Benoît Hazard, anthropologue spécialiste des migrati