Voici les 4 pro-Ouattara que réclame la CPI (Mandats d'arrêt sous scellés)

  • 08/10/2013
  • Source : Nouveau Courrier
Depuis la fin de la crise post-électorale, un seul camp, à savoir le camp du président Laurent Gbagbo est visé par des mandats d’arrêt internationaux émis par la Cour pénal internationale (CPI). Laurent Gbagbo, son épouse Simone et depuis cette semaine, Charles Blé Goudé vient d’être ajouté à la liste par Fatou Bensouda. Dans le camp Ouattara, des individus ne sont pas à l’abri.

Selon une source proche du ministère de la Justice, Alassane Ouattara est désormais pris dans l’étau du tribunal international, avec les mandats d’arrêt qui lui réclament ouvertement les personnalités du camp adverse. A peine son gouvernement et lui se démènent pour justifier les raisons pour lesquels Simone Gbagbo ne peut-être transférée à La Haye que Bensouda et compagnie lèvent le scellé sur le mandat d’arrêt visant Charles Blé Goudé. Pourtant, les audiences devant confirmer ou infirmer les charges contre le président Laurent Gbagbo ne sont pas encore arrivées à leur terme. Maintenant que les mandats d’arrêt de la CPI visant le camp Gbagbo, poursuit la source du Nouveau Courrier, sont épuisés, reste à l’institution internationale de cibler les auteurs de crimes du camp Ouattara.

Les pro-Ouattara visés


Des présumés criminels durant la crise postélectorale, il en existe dans le camp de l’actuel chef de l’Etat. Pour preuve, dans son rapport rendu le 10 août 2012, la Commission d'enquête nationale mise en place après l'investiture de Ouattara estime le nombre de morts total à 3 248 (1.452 morts imputées au camp Gbagbo, 727 au camp Ouattara et 1 069 non attribuées à un camp ou l'autre en raison de problèmes d'identification des victimes). Nous ramenant aussi aux différents rapports des Ong de droit de l’homme, notre source proche du dossier a fait remarquer, notamment en relation avec le rapport de Human Rights Watch, que « les forces loyales au président Alassane Ouattara ont tué des centaines de civils, violé plus de 20 femmes et filles perçues comme appartenant au camp de son rival, Laurent Gbagbo, et incendié au moins 10 villages dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.

Appelé à ouvrir « de toute urgence une enquête crédible et impartiale sur les graves exactions commises par les deux camps et veiller à ce que les responsables à tous les niveaux soient poursuivis en justice », Alassane Ouattara a choisi de se focaliser sur les membres de son opposition. Pourtant des noms de ses proches qui l’ont aidé à prendre le pouvoir reviennent régulièrement dans tous les rapports. Il s’agit de Guillaume Soro, actuel président de l’assemblée nationale et ex-patron de la rébellion armée, qui s’est rendu à ses côtés en mars 2011, à Zouan-Hounien, Bin-Houyé, Toulepleu et à la frontière du Libéria pour la galvaniser dans son offensive sur la capitale économique. Une offensive au cours de laquelle, des massacres ont été commis à Duékoué, faisant des centaines de civils tués au quartier- Carrefour.

Sur le théâtre des opérations de l’ex-rébellion, transformée en Forces républicaines de Côte d’Ivoire, la chaine de commandement était tenue, à l’ouest, par Losséni Fofana dit « Loss » que Guillaume Soro se plaît à appeler le « pacificateur ». Aujourd’hui commandant du Groupement tactique de l’ouest, c’est sous ses ordres que des éléments de l’ex-rébellion et des chasseurs traditionnels communément appelés dozos ont fait descendre la foudre sur des populations d’ethnie Wê.

Les tueurs de Duékoué et Yopougon


A côté de ses deux personnes, selon la source du Nouveau Courrier, deux autres chefs militaires, Ousmane Coulibaly surnommé Ben Laden, promu préfet de région à San-Pedro, et Shérif Ousmane, bombardé commandant en second du Groupement de sécurité de la présidence de la République (Gspr) sont dans le viseur de Fatou Bensouda. Dans son rapport, suite à une enquête diligentée du 13 au 25 mai 2001 sur les massacres post-électoraux en Côte d’Ivoire, Human Right Watch indique que Chérif Ousmane, l’un des chefs de guerre de Ouattara a pris une part active aux massacres des civiles à Yopougon. «Au moins 149 personnes, supposées être des partisans du président Laurent Gbagbo par les combattants d’Alassane Ouattara, ont été tuées depuis l’installation au pouvoir de Ouattara», révèle le rapport de Hrw.

«54 exécutions extrajudiciaires» ont également été constatées dans la commune de Yopougon auxquelles Chérif Ousmane et Ousmane Coulibaly auraient pris une part active selon des témoins. «Un combattant de Ouattara a décrit l’exécution de 29 détenus au début de mai à l’extérieur de l’immeuble Gesco. Le soldat a déclaré que Chérif Ousmane a donné l’ordre d’exécution.

Cherif Ousmane abondamment cité


D’autres témoins interrogés par HRW ont dé claré avoir vu Chérif Ousmane dans un véhicule qui s’est débarrassé du corps torturé et exécuté d’un chef de milice notoire à Koweit, à Yopougon vers le 5 mai», a indiqué ce rapport. Face au dilemme du transfert de ces individus qui sont ses inconditionnels à La Haye, Alassane Ouattara s’évertue à juger « les présumés coupables sur le sol ivoirien par la justice ivoirienne ». Mais la justice ivoirienne sous Ouattara peut-elle assurer un procès transparent et crédible aux acteurs incriminés des deux camps ? Ce n’est pas si sûr, à entendre des qualificatifs de « sauveurs » qui sont attribués aux ex-rebelles.

La CPI, en demandant à la Côte d’Ivoire de prouver qu’elle peut mener des « poursuites sérieuses » contre Simone Gbagbo, insinue dans le même temps que, face à la justice des vainqueurs qui a actuellement cours sous son régime, Ouattara ne peut garantir à la communauté internationale un procès crédible à ses proches. La CPI lèvera les scellés sur les mandats d’arrêt visant les hommes du camp Ouattara. Et s’attaquera ouvertement à lui dans l’opinion, conclu notre source, dans le cas où il refuserait de livrer ses hommes au tribunal pénal international. «En se hâtant de livrer Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara donnait libre cour à la CPI n’avait pas perçu le piège qui se renfermerait sur lui», a indiqué une source proche du ministère de la Justice ivoirienne.

Gilles Naismon