Violence à l’université Félix Houphouet-Boigny: Le silence coupable de la présidence

  • 27/02/2014
  • Source : Nord-Sud
Depuis le début des manifestations à l’université Félix Houphouet-Boigny, le 17 février, la présidence de l’établissement n’a pas encore produit le moindre communiqué relatif aux évènements. Silence coupable ou stratégie de communication ?

Ce mercredi encore, il n’y a pas eu cours à l’université Félix Houphouet-Boigny (Ufhb). Alors que l’on espérait une relative reprise, la Coordination des enseignants-chercheurs de Côte d’Ivoire (Cnec), section Cocody, a pondu un communiqué pour signifier qu’elle déposait la craie, vu le chaos qui règne au sein du campus. Un chaos, disent-ils, qui semble avoir été favorisé par les responsables de l’établissement qui se sont retranchés dans leur mutisme.

En effet, depuis le 17 février dernier, début du blocage des cours, après une bagarre rangée entre étudiants et la police universitaire, Pr Ly Ramata Bakayoko, la présidente de l’Ufhb, n’a eu aucune concertation avec les responsables de cette unité de sécurité. « Il y a un véritable réglage à faire à ce niveau. Nous attendons toujours que la présidente de l’université nous appelle pour discuter de ce qui se passe », soupire Loukou Jeannot, le porte-parole de la brigade.

Selon les informations qui nous sont parvenues, Mme Bakayoko n’a rencontré les étudiants que le mardi dernier. Soit, huit jours après le début des manifestations. Une poignée d’indignés en tout. Rien de décisif n’a été arrêté, au cours des échanges à huis clos. Aucune enquête lancée, aucune condamnation, pas même de responsabilités situées.

Surprenant ! D’autant qu’à l’université Nangui-Abrogoua où les violences ont été moindres, le conseil de discipline a réagi vigoureusement en excluant sept étudiants pour un an. Pr Tano Yao, le président du prestigieux établissement a envoyé une note aux rédactions pour condamner les violences et exprimer son indignation face à de tels actes. Au vu de tout ceci, Johnson Kouassi Zimana, le secrétaire général de la Cnec, version Cocody, va jusqu’à dénoncer « une complicité indirecte entre les agresseurs des étudiants et les responsables de l’Ufhb ».

Tout comme la police universitaire, les étudiants et l’ensemble des Ivoiriens, la Cnec veut avoir l’assurance de Pr Ly Ramata Bakayoko que l’intégrité physique de ses membres n’est pas menacée en allant dispenser les cours. Juste une assurance. La décision du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique de maintenir les hommes en bleu sur le campus alors que les étudiants réclament leur tête, ne présage rien de bon.

Objets du blocage actuel, les camarades de Loukou Jeannot resteront pour maintenir l’ordre, a tranché le ministère de tutelle. Questions : les apprenants vont-ils se résigner et reprendre tranquillement le chemin de l’université? Les professeurs camperont-ils sur leur position ? Tout porte à croire que l’orage n’est pas encore passé.
 
Par Raphaël Tanoh