Vente de l'eau chaude devant les hôpitaux d'Abidjan, ça rapporte gros ! (Reportage)

  • 22/08/2016
  • Source : APA
Le commerce de l'eau chaude pour les pensionnaires des hôpitaux et centres de santé d'Abidjan est un secteur, certes innovant, mais qui ''rapporte gros'' aux acteurs, principalement, des femmes.

Mme Solange Yao, la cinquantaine, installée sur un terrain vague jouxtant le Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Yopougon à l'ouest d'Abidjan, a pour tout matériel de travail, une barrique de 1000 litres, des fûts de 10 à 30 litres, des seaux de 5 litres et du bois de chauffe.

Sa journée de travail commence chaque jour, du lundi au dimanche, à 6h00 (heure locale et GMT), parfois '' plus tôt'', précise-t-elle, pour prendre fin à 19h00, heure locale et Gmt.

'' Je suis installée ici depuis plus d'un an'', raconte Mme Yao dont l'espace est pris d'assaut les matins par les parents des malades hospitalisés dans l'établissement sanitaire pour ''s'approvisionner en eau chaude pour nos malades'', souligne Euphrasie Konaté, une cliente venue ''acheter de l'eau chaude pour le bain'' de son époux interné au CHU.

Le seau d'eau de 5 l se négocie à 100F CFA. Elle en a commandé 2. ''Nous habitons à Abobo (Nord d'Abidjan) et on ne peut pas aller tous les jours à la maison pour se ravitailler en eau chaude. C'est pourquoi je commande deux. L'un le matin et l'autre le soir'', précise Mme Konaté dont l'époux est à son deuxième mois d'hospitalisation.

Pour la vendeuse Solange Yao ''débordée'' par la clientèle, ce secteur d'activité nourrit son ''homme''. ''Si ce n'était pas le cas, je ne serai pas ici encore. Je m'en sors bien'', dit-elle, sans préciser ses revenus . Cependant, squattant un espace en location, elle ''sollicite l'aide de l'Etat'' pour développer cette activité avec l'acquisition de matériel pour ''chauffer l'eau'' de manière moderne.

Au CHU de Cocody, exploitant un espace de deux mètres carrés de surface, Mme Catherine Douho se dit ''très satisfaite'' de son activité de vendeuse d'eau chaude. '' Je vends le seau à 150 FCFA, le bidon de 5 litres à 50F CFA'', fixe -t-elle pour des gains journaliers de l'ordre de 8 à 9.000 F CFA.

''Après les dépenses qui se résument à l'achat de l'eau, du bois de chauffe'', Mme Douho, mère d'une famille de trois enfants dont le père est au chômage depuis quatre ans, a un gain mensuel net de 170.000F CFA dans un pays où le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) s'élève à 60.000 FCFA.

Catherine Douho qui exerce ce ''métier'' depuis six ans, ne s'en plaint guère. '' C'est avec cet argent que je scolarise mes enfants et assure le quotidien de la famille en attendant que mon époux ait du travail pour m'épauler '' , espère -t-elle, dans un éclat de rires.

''Au-delà de l'autonomisation de la femme, cette activité de vendeuse d'eau chaude fait du bien. Car le plus souvent, la défaillance du système de chauffage d'eau dans ces hôpitaux ne facilite pas la tâche aux parents des malades. Ces femmes sont à encourager afin de les sortir de l'informel'', conseille un médecin sous le couvert de l'anonymat.

HS/ls/APA