Troisième république, un projet qui laisse les Ivoiriens sans voix !

  • 29/09/2016
  • Source : Ivoire Justice
Le samedi 24 septembre, le comité d'experts chargé de proposer le texte de l' avant projet de la nouvelle Constitution a remis sa proposition à Alassane Ouattara. Ce après la rupture du dialogue entre les partis d'opposition, la société civile et le gouvernement. Autant d’agitations autour d'un projet dont on ne sait toujours rien...en dehors du commanditaire.

Le mystère de la nouvelle Constitution.
Ouattara a enfin la pré-maquette de « sa » Constitution entre les mains. Le samedi dernier Ouraga Obou, président du comité d’expert chargé de proposer un avant projet de Constitution aux Ivoiriens, lors d’une cérémonie, au palais présidentiel a remis au président de la république.

Aucun commentaire n’a été fait sur le contenu de cet texte. Le président s’est montré très heureux et puis c’est tout. Rien à dire, après autant d’agitation autour de la nouvelle Constitution ?
 
Invectives, marches, rupture de dialogue, bref tout sauf une idée précise du contenu de ce nouveau texte de loi. Un projet dont on ne sait pas grand-chose, sur lequel, partis d’opposition et gouvernement se déchirent, les supputations et spéculations vont bon train.

Nous savons certes le pourquoi (une promesse de campagne pour retirer les articles confligènes de la Constitution), le comment (un texte élaboré par des experts mandatés et dictés par le gouvernement), quant à l’intérêt, c’est là où se trouve toute la question.
 
En tout cas, les partis d’opposition réunis au sein de l’Alliances des Forces Démocratiques (AFD) n’entendent pas laisser passer ce projet révision constitutionnelle. Pas sous sa forme actuelle. Désormais, opposition et pourvoir, précisément le FPI et le RDR saisissent toutes les occasions voire toutes les tribunes qui s’offrent à eux pour se lancer toutes sortes d’invectives. La tension est montée et le climat est électrique voire délétère. Personne ne veut être pris au dépourvu.
 
« Il y a des approfondissements à faire en ce qui concerne les libertés et les droits. Sur la nature du régime, nous ne sommes pas d’accord avec la proposition du chef de l’Etat de mettre en place un exécutif tricéphale, avec un président, un vice-président, un Premier ministre. Nous ne sommes pas d’accord en ce qui concerne les rapports entre le législatif et l’exécutif. Là où le président souhaite mettre des institutions étanches, nous pensons qu’il faut mettre en place un mécanisme de collaboration entre les différentes institutions, dans l’intérêt du pays. » Affirmait Pascal Affi N'Guessan le mardi 7 juin 2016 à  l'issue d’une rencontre  au palais présidentiel.
 
Parlant de la forme, l’opposition estime que la méthode de Ouattara, en la matière, laisse à désirer. Le président a confié la rédaction du projet à des experts. Le texte sera ensuite soumis au Conseil du gouvernement, au Conseil des ministres et sera ensuite soumis à l'Assemblée nationale. Un processus qui a mis les partis d'opposition à l'écart. 
 
Une Constitution (ma foi) équilibriste pour le Gouvernement
« Le pays est stable. Ce qui m’importe, c’est de voir comment les choses se passeront après ma génération. Je finis mon deuxième mandant dans quatre ans. Il faut travailler pour l’avenir. J’ai essayé de voir avec mes principaux alliés les leçons à tirer de notre histoire récente.

Ça a été la division, le tribalisme, le régionalisme. Des gens ont même essayé d’introduire la question de la religion. Mais, grâce à la sagesse des Ivoiriens, tout cela n’a pas prospéré. L’objectif de la nouvelle Constitution, c’est d’avoir un texte qui équilibre les pouvoirs. On aura un poste de vice-président pour qu’en 2020, si le président est d’une région, le vice-président sera d’une autre comme au Ghana, au Nigeria ou en Afrique du Sud.

L’Afrique est encore ethnique, il faut en tenir compte. Cela permettra d’avoir une stabilité et de faire en sorte qu’il y ait un partage de pouvoir » a déclaré Alassane Ouattara, en marge de 71è session annuelle de l’assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU), le mercredi 21 septembre à New York. 
 
Si l’on en croit les propos du président de la République, la constitution garantirait à chaque groupe ethnique un positionnement dans le gouvernement. Un partage du « gâteau ». Question : la gestion de l’appareil étatique serait une affaire tribale. Pendant que nous prônons l’idée d'une Nation, voilà que la nouvelle Constitution va encore exacerber les lignes d'une appartenance à un tel clan.

Fondamentalement, que le vice-président soit du Sud et le président du Nord, qu’est-ce que cela apporte à la Côte d’Ivoire, même en tenant compte de la géopolitique ? Faut croire que l’Ouest et L’Est attendront leur tour. Pour ce qui est de l'opportunité de ce projet, nous en savons rien, mais les manifestations autour sont loin d'arranger les choses.
 
Et s’il suffisait juste d’attendre ?
Attendre d’avoir connaissance du texte, et aller en campagne (pour ou contre) dans les règles de la démocratie. La hauteur des flammes et la fumée du torchon qui brûle entre l’opposition et le pouvoir en place, ces dernières semaines, ont forcé Aïchatou Mindaoudou, la patronne de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), à sortir de sa réserve et pour jouer son rôle de pompier de service, pour un texte qui est pour l’instant méconnue de tous les ivoiriens...LA SUITE