Triste fête de Saint-Sylvestre : un couple emporté par les eaux, un policier abattu

  • 02/01/2014
  • Source : Notre Voie
Le passage des Ivoiriens de 2013 à 2014 s’est fait dans la douleur et la tristesse à Abidjan. Tout a commencé le lundi 30 décembre 2013 aux environs de 22h avec un taxi-compteur qui a sombré dans les eaux sous le pont reliant le quartier Maroc, au niveau de l’hôtel Kimi, et Base Cie à Yopougon.

«Il pleuvait beaucoup et l’eau atteignait la poitrine. Le pont était inondé à telle enseigne que le chauffeur de taxi-compteur a demandé au couple qui était à bord de descendre. Le temps de chercher une voie de passage. La femme s’y oppose, au motif que l’eau de ruissellement est très sale. Donc, elle ne veut pas être mouillée. Il s’ensuit une vive discussion et dans la colère, le chauffeur a repris le volant.

Le conducteur est entré dans un trou sur le pont. Ce qui a déséquilibré son véhicule. Mais juste avant que le taxi ne plonge dans le grand caniveau, le chauffeur a réussi à se sauver, laissant le couple se débattre désespérément. Le taxi-compteur et le couple ont été emportés par le courant d’eau qui était très fort», a témoigné un riverain, sous le couvert de l’anonymat.

Les sapeurs pompiers militaires et les agents de la Soad, dépourvus de matériel de levage, n’ont pu retrouver les victimes. Malgré les intenses recherches et fouilles dans les profondeurs du caniveau. Plus chanceux, les quatre passagers d’un taxi communal qui s’est retrouvé sur un flanc dudit pont, la nuit de la Saint-Sylvestre, aux environs de 19h. Blessés grièvement, ces passagers ont été évacués dans une formation sanitaire. 

Le public boude les feux d’artifice
 
Mais, c’est l’assassinat du sous-officier de police, Camara, sans autre précision, qui a ouvert la série noire du 31 décembre 2013. Selon des sources policières, le jeune flic a été abattu à bout portant et sans raison apparente, aux environs de 9h à Koumassi-Marais, par des bandits armés jusqu’aux dents qui courent encore les rues d’Abidjan.
 
Le lancement officiel des feux d’artifice à l’hôtel Ivoire à Cocody a donné de voir un maigre public, placé sous haute surveillance policière. Pour éviter le drame des 64 morts de l’année dernière. Face à ce public peu enthousiaste durant les tirs des feux, le gouverneur du District d’Abidjan, Beugré Mambé, a appelé les Ivoiriens à fraterniser pour la paix en Côte d’Ivoire.

Il a annoncé, par ailleurs, que les espaces de la baie lagunaire du pont Félix Houphouët-Boigny et de l’hôtel communal de Cocody seront réaménagées dans 6 mois. Le site de tirs de Blockhauss a été interdit d’accès à tout visiteur et ordre a été donné aux policiers de la Crs de disperser tout attroupement de jeunes. Les 50.000 tirs des feux d’artifice ont eu lieu à partir des quatre sites retenus : les plans aquatiques de la baie lagunaire de Cocody, de Blockhauss et de Plateau.

D’ailleurs, contrairement à l’année dernière, les fêtards n’ont pas fait massivement le déplacement dans le centre des affaires d’Abidjan pour voir les lumières. Le triste souvenir des 64 morts du stade Félix Houphouët-Boigny est sans doute encore frais dans les esprits. Et personne ne veut plus être une victime de la fête de la lumière. Au cours de notre randonnée nocturne, on a fait l’amer constat que les maquis-bars étaient en majorité, à moitié vide.

Les clients ont préféré rester chez eux, fêter en famille pour les uns ou participer à des veillées de prières dans les temples de Dieu pour les autres. «Les poches sont vides et l’argent ne circule vraiment pas», soutient un noctambule.

Comme nous l’avons constaté à la place Saint Jean dans les environs du petit marché de Cocody, à Yopougon-Base Cie, à la Rue princesse et dans les environs du commissariat du 16ème arrondissement où la voie était bouclée par les Frci, les tenanciers de maquis ont difficilement joint les deux bouts pour faire recette en cette nuit de la Saint-Sylvestre 2013. Celle-ci a été marquée par de nombreux accidents de la circulation (des piétons et des motards renversés) et des foyers d’incendie dans des domiciles.
 
Didier Kéi