Sur fond de départ onusien, Alain-Richard Donwahi veut réformer l'armée ivoirienne

  • 08/07/2016
  • Source : Ouest-France.fr
Ministre de la Défense de Côte d'Ivoire depuis janvier dernier, Alain-Richard Donwahi a lancé un ambitieux chantier de refonte de l'institution militaire ivoirienne (photo Gérard Niamien). Je l'ai rencontré il y a quelques jours, lors de mon passage à Abidjan. Voici la transcription de l'entretien.

Vous voulez créer une armée « républicaine ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? 
Nous voulons une armée attachée aux valeurs morales de la république, soucieuse des droits de l’Homme. Nous voulons une armée qui ne s’occupe pas de politique, comme ça a été le cas pendant quelques années ici.

Une armée qui n’est pas contre son peuple mais qui est là pour protéger ce peuple. Une armée au comportement et à la tenue qui inspirent de la fierté à la population et une armée fière d’être aux côtés de la population !
 
D’où une réforme du secteur de la sécurité nationale… ? 
Ce programme global de réforme du secteur de la sécurité comporte 108 points et il permet de mettre en œuvre toute la stratégie de sécurité nationale qui a été pensée par le Conseil national de sécurité. 
 
La plus grande réforme porte sur la réorganisation du ministère de la Défense et des différents commandements. Déjà le vote de la Loi de programmation militaire donne un cadre pour les années 2016-2020. Cette réorganisation a été conduite de façon participative avec les forces armées de façon à faciliter sa mise en œuvre, même s’il est toujours difficile de réformer l’existant ou de changer les mentalités.
 
Quelles missions pour cette armée réorganisée ? 
Nous avons un double objectif. D’abord nous voulons que notre armée participe à la reconstruction. Par exemple, nous équipons actuellement deux bataillons du génie pour que, dans chaque zone de défense, les forces de sécurité puissent contribuer au relèvement économique et au développement. Cela permettra de rapprocher un peu plus nos forces des populations, de les réconcilier après toutes ces années de crise. 
 
Ensuite, nous tenons à avoir une capacité de projection pour prendre part à des opérations extérieures. C’est pour cela que nous allons entamer une formation accrue de nos bataillons d’infanterie qui seront formés selon les normes onusiennes et projetables.
 
L’Onu vient de lever totalement son embargo sur les armes. Quel en sera l’impact ? 
La fin de l’embargo était l’un de nos vœux les plus chers pour cette année 2016. Cet embargo a permis de réguler la circulation des armes. Mais il était devenu un frein à la mise en place des nouvelles structures de défense et à l’équipement de nos hommes. Nous voulons que nos soldats soient bien formés, bien armés et qu’ils vivent dans de bonnes conditions. Il n’y a désormais plus d’obstacle au relèvement capacitaire de nos forces...LA SUITE