Situation sécuritaire: Un garde du corps de Wattao arrêté

  • 17/01/2020
  • Source : Soir Info
Alors qu’il faisait d’un pistolet, son joujou dans un maquis de Cocody-Angré, au nom évocateur, le « Fokker 100 », un « garde du corps » de feu le colonel-major Issiaka Ouattara alias Wattao a été coincé et mis aux arrêts par des éléments du Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo). Les faits se sont produits, le dimanche 5 janvier 2020, quelques heures avant l’annonce officielle du décès de l’ancien Com’zone.

Il est 19 h, selon nos sources, lorsque deux individus se pointent dans cet espace de beuverie, situé à Cocody-Angré. D.Z, initiales du garde du corps de Wattao, sort son arme qu’il met en relief. Intrigué, un anonyme joint immédiatement le Ccdo. Qui envoie sur les lieux, une unité d’intervention. D.Z et son acolyte sont pris sur le vif. Mais, sous le feu roulant de questions des éléments du Ccdo, D.Z laisse découvrir sa vraie qualité sociale, avant d’intégrer les services de Wattao. « Je suis commerçant, mais également garde du corps du colonel-major Wattao », lâche-t-il aux éléments du Ccdo, éberlués voire stupéfaits. Pis, cet atypique « garde du corps » a pour acolyte, « un gérant de boulangerie à Dabou », un certain K.K.N, un Ivoirien.

Quant à l’arme, un pistolet automatique, D.Z prétend l’avoir « ramassé ». Une enquête est ouverte en vue de cerner tous les contours de cette affaire.

Le colonel-major Issiaka Ouattara dit Wattao, décédé lundi 6 janvier 2020, aux États-Unis, était un cadre au service de la jeunesse de Doropo (Nord-Est, région du Bounkani), a révélé le maire Ouattara Bondassogo Jean. Au-delà de sa générosité légendaire, Wattao a toujours lutté contre le chômage des jeunes. Et à ce titre, il a construit une station-service à Doropo,suivie de boulangeries et a aidé au financement d'associations de femmes pour leur l'autonomisation, a-t-il souligné, récemment, à l’Agence ivoirienne de presse (Aip). Le maire résident a indiqué que sa proximité avec la jeunesse a permis de baptiser le stade de Doropo du nom de Wattao. « Il avait évoqué l’idée de la création de la Radio Doropo, une radio moderne dont la matérialisation était annoncée », a poursuivi Ouattara Jean. Pour lui, Wattao a conçu toutes ces actions pour une meilleure prise en charge de la jeunesse locale.

Rendant hommage à celui dont la proximité avec lui était flagrante, Guillaume Soro, ancien chef de l’aile politique de la rébellion de 2020, présentera Wattao comme étant un des piliers de cette rébellion. « L'un des piliers du 19 septembre 2002 (date du début de la rébellion ivoirienne de 2002 à 2011) s'est effondré », a estimé l’ex-président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire, Guillaume Soro, après l'annonce de la mort du colonel-major Issiaka Ouattara. « En effet, l'irréparable s'est produit. L’un des piliers du 19 septembre 2002 s'est effondré. Je pense à ses enfants et à toute sa grande famille », a écrit M. Soro sur twitter. M. Soro a été, pendant plusieurs années, le Secrétaire général (Sg) des Forces nouvelles, la branche civile de la rébellion ivoirienne de 2002, quand le colonel-major Issiaka Ouattara assurait les fonctions de Commandant de zone (Com'zone) de Bouaké, la deuxième ville ivoirienne et l'épicentre de cette rébellion armée. Wattao a été commandant en second de la Garde républicaine (Gr) ivoirienne, puis chef de corps de cette institution.

Armand B. DEPEYLA