Situation sécuritaire en Côte d'Ivoire, Banny révèle un rapport alarmant et déclare : «C'est très très grave »

  • 31/12/2013
  • Source : Soir Info
Rapport pour le moins alarmant ! Charles Konan Banny a révélé,lundi 30 décembre 2013, à son cabinet privé à la Riviera-Golf, les conclusions d'un sondage que son institution a commandité en Côte d'Ivoire dans le cadre de sa mission.

Le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) a initié cette rencontre pour présenter ses vœux à la presse et livrer les grandes lignes du rapport de deux ans d'activités qu'il a remis au chef de l'Etat le 21 novembre 2013. Il a indiqué que la phase opérationnelle du travail de la Cdvr a été précédée par une phase préparatoire comportant des aspects consultatifs et symboliques. « Pour respecter notre choix d’un processus inclusif, participatif et consultatif, nous avons entrepris des consultations nationales, à la fois quantitatives et qualitatives, auprès d’un échantillon de plus de 60 000 habitants de la Côte d’Ivoire.

Ces consultations nationales nous ont permis de déterminer la profondeur historique des investigations souhaitées par les Ivoiriens, les violations à prendre en compte et les réformes à envisager », a dit M. Banny. Il a informé que les Ivoiriens ont souhaité que le travail de la Cdvr prenne en compte la période de 1990 à 2011. Selon lui, la démarche de la Cdvr s’est appuyée sur les résultats de ces consultations nationales organisées autour de sept thématiques.
 
Livrant les premiers résultats, « en attendant une prochaine divulgation à grande échelle », il a révélé qu'au titre des changements à opérer c'est-à-dire des réformes institutionnelles à mener, les populations proposent des reformes institutionnelles en profondeur.Ces changements concernent les secteurs de la justice, a souligné Charles Konan Banny. Il a signifié que 72% des Ivoiriens soutiennent que la justice est corrompue. Tout comme l’administration
publique nationale. Il a affirmé que 77,1% des sondés pensent que les Forces de défense et de sécurité sont corrompues et politisées.
 
« C'est très très grave. Parce que si justice et sécurité sont perçues de cette manière, c'est que nous avons des problèmes sérieux... », a commenté M. Banny. Quant à la presse, 63% des Ivoiriens pensent qu’elle est partisane, a lu l'ex-Premier ministre. Concernant l’école ivoirienne, ce sont 66,5 % des Ivoiriens qui
estiment qu'elle a baissé de niveau et 57% des populations pensent qu’elle est corrompue, a encore situé le premier responsable de la Cdvr.

Il a ajouté que 81% des Ivoiriens affirment que le foncier est mal géré, 74% estiment que la vie est chère et 60% trouvent que les richesses nationales sont mal reparties. Toutefois, il ne désespère pas. Car, il a déclaré que 80 % des populations croient en l’avenir prospère de la Côte d’Ivoire. « Les changements souhaités sont en rapport avec la promotion de nouvelles politiques, fondées sur des valeurs d’honnêteté, de compétence, de transparence, d’indépendance, de bonne gouvernance, de justice, d’équité et de solidarité… », a éclairé l'ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (Bceao), trouvant que c'est un bon sondage.
 

 Il est revenu sur ce qui a été fait par la Cdvr et a dressé la liste des actions qui restent à mener. « Il importe de noter que dans l’attente des prises de déposition, les déclarations de plus de 50 000 victimes ont été enregistrées et stockées dans la base de données du système d’information et de gestion de la Cdvr. La

Commission invite donc les victimes de la période précitée à se faire connaître et à faire enregistrer leurs dépositions sur les préjudices qu’elles estiment avoir subis », a-t-il souligné.

« La seconde phase de la recherche de la vérité, qui consiste à recueillir les dépositions des victimes et des témoins et à diligenter des enquêtes aux fins de vérifier les allégations des déposants, reste à faire. Tout le dispositif indispensable à cette opération a été conçu et mis en place. Il reste à passer à la phase pratique des prises de déposition physique », a-t-il situé. Pour M. Banny, « la réconciliation que nous voulons mettre en œuvre doit se faire avec courage et dans la vérité ». « La recherche de la vérité ne saurait être optionnelle si nous voulons une réconciliation vraie en Côte d’Ivoire.

Tous les hommages
fraîchement rendus à Nelson Mandela sont là pour nous indiquer le chemin pour parvenir au vrai pardon. C'est la raison pour laquelle, il ne faut pas avoir peur. Il ne faut pas avoir peur ! N'ayons donc pas peur de la vérité si notre intention est d'aller vraiment de l'avant, afin de bâtir une Côte d’Ivoire réconciliée », a lancé Charles Konan Banny. Relativement au renouvellement de son mandat, il s'est remis à la décision que le président Ouattara prendra.

« Est-ce que je suis un homme à rallonge, qui demande une rallonge ? », a-t-il réagi à la question de savoir s'il souhaitait que son mandat soit renouvelé. « Une mission se termine quelle que soit la mission. Même la mission sur terre... », a précisé M. Banny.
 
SYLLA Arouna