Session extraordinaire de l’Assemblée Nationale : PDCI-RDA, Un allié du RDR ou un vautour ?

  • 19/02/2014
  • Source : Le Patriote
Disons-le tout net. Le débat qui a éclaté hier à l’Hémicycle, lors de la première session extraordinaire de l’année 2014, a laissé échapper de l’imposante bâtisse du Plateau, des émanations pour le moins fétides.

De quoi plaindre la plupart des 154 députés qui ont effectué le déplacement du palais de l’Assemblée nationale et qui ont du en sortir dégoutés, tant l’air ambiant était chargé de mauvaise foi, d’hypocrisie, de félonie et bien d’autres mauvais sentiments, qui, en Afrique, relèvent tout simplement de la sorcellerie. 

De quoi s’agit-il ? Alors que, en l’absence du président du Parlement, en mission à l’étranger, la première vice-présidente déclare ou verte la séance comptant pour l’examen des neuf projets de lois à soumettre aux députés, une voix s’élève, celle du député PDCI de Bocanda, Kramo kouassi, qui contre toute attente, dénonce la « légèreté » desdits projets de loi, qui ne porteraient pas la signature du président de la République.

Il conclut alors que « la représentation nationale se sent saisie de textes officieux », sous-entendu de nul effet. Sous les vivats de ses collègues du PDCI, il pousse le bouchon jusqu’à déclarer que « la Constitution de la Côte d’Ivoire règle le problème de la suppléance du président de la République, en cas d’absence », autrement dit encore, le président Ouattara étant indisponible, parce qu’en convalescence en France, il devrait céder son pouvoir – ou à tout le moins une partie de celui-ci – à un membre du gouvernement, en l’occurrence ici le Premier ministre, conformément à l’article 53 de notre loi fondamentale qui stipule, et le député le brandit sans autre forme de procès, que« le président de la République peut, par décret, déléguer certains de ses pouvoirs aux membres du gouvernement. Le Premier ministre supplée le président de la République, lorsque celui-ci est hors du territoire national.

Dans ce cas, le président de la République peut, par décret, lui déléguer la présidence du Conseil des ministres, sur un ordre du jour précis… ». Toute cette littérature pour laisser sous-entendre que le Président Alassane Ouattara est dans l’incapacité de faire face aux affaires de l’Etat et qu’il aurait du déléguer ses pouvoirs à Daniel Kablan Duncan.

Que la vice-présidente, Sara Sako, brandisse une lettre de saisine dument signée des mains du chef de l’Etat (et dont nous publions la copie), lue à haute et intelligible voix par le secrétaire général de l’Assemblée nationale, rien n’y fait. La fronde se fait plus intense. « Cela n’exclut pas qu’il signe les projets de loi qu’il nous envoie », manque de s’étrangler de colère un autre parlementaire, qui ne veut entendre raison.

Le tohu-bohu qui s’ensuit et qui est alimenté par les députés PDCI impose alors à la vice-présidente de suspendre la séance, qui reprendra plus tard après que les esprits se soient calmés. 
 
A la vérité, la révolte anti-Ouattara sonnée par les parlementaires PDCI, qui ont longtemps perturbé la séance, laquelle, outre la présentation des projets de loi, n’en était du reste qu’au stade de la divulgation du calendrier de travail devant permettre leur examen, ne transpirait rien d’autre que la malhonnêteté.

Une forfaiture qui faisait volontairement fi de la réalité des textes, qui ne souffraient d’aucune jurisprudence, comme a fini par le reconnaitre le député Saraka Kouamé, dès la reprise des débats, en lançant cet appel : « nous demandons fortement à l’administration et au gouvernement de faire en sorte que l’ensemble des textes qui nous sont soumis soient effectivement signés par le président de la République ».

En d’autres termes, jamais auparavant, hormis la lettre de saisine, les autres textes, en l’occurrence les exposés des motifs, n’ont porté de signature. Cela depuis Houphouët-Boigny. Or la lettre de saisine (No 62/PR…, pour introduire les dossiers, a été bel et bien signée par le chef de l’Etat, et cela le 03 février 2014, c’est-à-dire, bien avant même qu’il ne soit admis à l’hôpital. 
 
Pourquoi cette transe collective chez les députés du PDCI ? Pourquoi donnent-ils le sentiment qu’il y a une vacance de pouvoir alors que toutes les informations en provenance de la France indiquent clairement que le président Ouattara, bien qu’ayant subi une intervention chirurgicale, a bel et bien recouvré la santé et n‘est qu’en période de convalescence ? Pourquoi toutes ces gorges chaudes, qui puent l’indécence, l’immoralité et ce manque total de solidarité autour d’une personnalité avec qui on est quand même censé être en alliance ?

Pourquoi cette danse macabre autour d’un homme dont on n’est pas en possession du certificat de décès ? Le PDCI est-il un allié du RDR ou un vautour qui lui rôde autour pour lui sauter dessus au moindre trébuchement ? Cette énième attitude inconvenante du vieux parti trahit sans doute la vraie nature de ses relations avec le parti des républicains. Il est peut-être temps pour les hommes de la rue Lepic de tirer les vraies leçons de cette coalition en trompe-l’?il, qui peut leur jouer de bien mauvais tours. 
 
KORE EMMANUEL