Samedi au siège provisoire du Fpi, Affi N’Guessan : « Le temps joue contre Ouattara… »

  • 09/09/2013
  • Source : Soir Info

Tout feu tout flamme. Pascal Affi N’Guessan n’a pas fait de cadeau au régime Ouattara, le samedi 7 septembre 2013, après qu’il eut repris le bâton de commandement du Front populaire ivoirien (Fpi), parti dont il est le président statutaire.

Au terme d’une cérémonie de passation de charges, l’homme s’est employé à ‘’ démonter’’ le pouvoir en place. « C’est un truisme de dire que notre pays, la Côte d’Ivoire va mal. Elle va à vau-l’eau. Elle se désagrège et tombe en ruines sous nos yeux. En l’espace de vingt-huit (28) mois à la tête de l’Etat, Alassane Ouattara a réussi l’exploit de rendre ce pays méconnaissable », a cogné Affi. Il s’est dit convaincu que le président Ouattara « ne sait pas que le temps joue contre lui. Il ne sait pas que la victoire marche à notre rencontre ». Il a dénoncé ‘’l’insécurité’’ et l’anarchie’’ dans lesquelles vit le pays du fait des ex-combattants du régime qui détiennent encore des armes.

A ce propos, il a appelé le gouvernement à y mettre de l'ordre. La dégradation des conditions de vie des Ivoiriens ; l’accroissement du chômage ; l’école ivoirienne mal gérée ; de fausses promesses ; gestion calamiteuse des services de santé, sont les maux relevés et mis à la charge du régime Ouattara par le président du Fpi.

A propos de la gouvernance économique, Affi N’Guessan a expliqué que « les campagnes intempestives de communication (…) ne peuvent malheureusement pas cacher la réalité des chiffres, même tripatouillés : ils sont préoccupants, largement en deçà des performances observées sous la gouvernance de Laurent Gbagbo qui ne gérait pourtant que 50% du territoire national ». Il a estimé que la croissance dont on parle aujourd’hui, est «appauvrissante ».

Le patron du Fpi a noté que le gouvernement qui semble ne plus rien maîtriser, a cessé de publier les statistiques des flux physiques et financiers. De fait, le pouvoir, a-t-il fait remarquer, violent « les engagements pris par le pays dans le cadre de l’Initiative pour la transparence, de l’Industrie extractive ».Avant des chiffres, l’orateur a démontré l’instabilité des secteurs secondaire et tertiaire, une absence de politique économique, le déficit enregistré au niveau du solde commercial global. « Avec Ouattara, on nous pompe notre argent à la puissance d’un ouragan », a-t-il accusé. Affi s’est surtout élevé contre la dette publique qui, selon lui ne fait qu’accroître. « M. Alassane Ouattara a fait la grande démonstration de son incapacité à gouverner sainement, à redresser l’économie du pays et à mettre fin au cycle infernal de l’endettement. En moins d’un an, les effets bénéfiques de l’initiative PPTE ont été dilapidés : en 2012, le stock total de la dette publique est plus élevé (617,4 milliards de FCFA) qu’en 2010 (5587,9 milliards) avant l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. Les dérapages se sont opérés au niveau de la dette intérieure qui a explosé, passant de 987,9 milliards F CFA (2009) à 2313,64 milliards de F CFA en 2012. Le pays est redevenu insolvable : en 2012, il n’a pu payer que 20,4 % du service de la dette extérieure due et 35,54% du service de la dette intérieure due », a instruit le président de l’ex-parti au pouvoir.

Puis, il a justifié « cette mauvaise gouvernance » par le classement du pays par les agences internationales de notation : 46ème sur 52 pays en 2012 selon l’Indice Mo Ibrahim pour la Gouvernance Africaine (IIGA). 177ème sur 185 pays selon l’indicateur Doing Business.

Abordant les questions institutionnelles, Affi N’Guessan a insisté sur le caractère illégitime de l’Assemblée nationale, les décisions anticonstitutionnelles et la violation des libertés publiques. « Le régime souffre d’un déficit de légitimité : légitimité sociale, légitimité économique, légitimité politique et institutionnelle. Ce déficit explique ses contreperformances politique, économique et sociale. Même les plus grandes dictatures ont besoin d’un minimum d’adhésion du peuple. La dictature a montré ses limites. Elle a échoué face à la résistance passive et active des Ivoiriens », a souligné l’ex-pensionnaire de la prison de Bouna.

Aujourd’hui, du point de vue d’Affi, le vrai débat en Côte d’Ivoire « c’est comment réconcilier la Côte d’Ivoire avec elle-même, comment fonder une nation de la diversité et de la fraternité, débarrassée du tribalisme, du communautarisme et des fondamentalismes, une nation laïque et démocratique ; le débat c’est comment refonder l’Etat, un Etat pour la Liberté, pour l’Egalité et pour la Fraternité ; un Etat pour la Démocratie. Un Etat pour la Bonne gouvernance, pour la prospérité ». La réconciliation étant obligatoire, a-t-il déclaré, il a exigé la libération de tous les prisonniers politiques (civils et militaires) et la tenue des états généraux de la République, plutôt que de tourner en rond. Aux militants, Affi a dit que Gbagbo reviendra au pays bientôt. « Solennellement, je voudrais dire ici, que la lutte pour la libération de Laurent Gbagbo est pour le FPI une obligation politique et un impératif catégorique. Le FPI n’acceptera pas que son fondateur soit en prison pour avoir respecté la Constitution de son pays », a-t-il conclu.



A.BOUABRE