Reprise du procès Gbagbo-Blé Goudé avec le témoignage cru du témoin P-441

  • 10/05/2016
  • Source : Ivoire Justice
Après une pause de plus d’un mois, le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale (CPI) a repris ce lundi 9 mai. À la barre, P-441, le sixième témoin. Une victime d’une attaque de pro-Gbagbo lancée contre la mosquée de Lem à Yopougon. Compte-rendu.

L’audience du jour, la première depuis le mois de mars, se concentre sur le témoignage du témoin P-441. L’identité de l’homme, qui répond aux questions du substitut du procureur Éric Macdonald par vidéoconférence, est masquée. Son image et sa voix sont déformées.
 
Dans ce même souci de protection, l’audience est émaillée de plusieurs huis-clos. Mais ce que l’on apprend vite, c’est que P-411 était présent à la mosquée de Lem (ou mosquée de l’antenne) à Yopougon dans le quartier Yao Séhi, ce 25 février vers 16h,  pour la prière du vendredi.
 
Avant de l’interroger sur les violences survenues ce jour-là, Éric Macdonald lui pose d’abord des questions sur l’avant-crise et les visites de Charles Blé Goudé à Yopougon. Le témoin affirme qu’avant le début de la crise, Blé Goudé « tenait souvent des réunions avec ceux qu’on appelait à ce moment-là les miliciens (…) au parlement CDC ».  Il précise qu’il avait aussi vu Blé Goudé en compagne d'Agbolo (à l'état civil Hia Bi Ba Romaric, ancien dirigeant de la Fédération estudiantine et scolaire, FESCI, ndlr).
 
Les miliciens, le témoin les évoque à nouveau lorsqu’on l’interroge directement sur la journée du vendredi 25 février. Il raconte qu’au moment de la prière, ces derniers ont forcé leur entrée dans la mosquée après avoir d’abord lancé des pierres par-dessus la clôture. Il évoque également la présence d’hommes en uniforme, des « corps habillés », venus probablement dans des véhicules du CECOS (Centre de commandement des opérations de sécurité).
 
« Si je criais, il allait tirer »
 
Au moment de l’attaque, P-441 dit avoir vu Agbolo et Maguy le tocard, le leader du groupe de miliciens, arriver vers lui et M. Cissé, le gardien de nuit de la mosquée. C’est alors qu’ils ont tous les deux choisis de se cacher dans la cour de la mosquée, entre les bananiers. Mais « des gens s’étaient mis sur la barrière et ils nous ont vus ». Maguy le tocard s’est alors dirigé vers eux avec Agbolo. Il raconte : « Le gardien a été frappé avec la crosse d’un pistolet et ils nous ont tout volé »....LA SUITE