Rencontre Rdr-Fpi, appels de Ouattara : Des signes qui donnent à espérer

  • 13/12/2013
  • Source : Soir Info
Il faut croire que la commémoration des vingt (20) ans de la disparition de Félix Houphouët-Boigny doublée de l’élan de solidarité planétaire autour du héros sud-africain Nelson Mandela, a, d’une certaine façon, dépeint sur le microcosme politique ivoirien.

 En 72 heures, des faits marquants se sont produits dans une Côte d’Ivoire qui n’a pas fini de panser les plaies nées d’une décennie de crise. Premier fait : cette rencontre de haut niveau entre le Rassemblement des républicains (Rdr, au pouvoir) et le Front populaire ivoirien (Fpi, dans l’opposition). La rencontre s’est tenue, mardi 10 décembre 2013, au siège du Rdr- Rue Lepic et avait ceci de singulier que les deux formations politiques ont pour leaders respectifs, les protagonistes de la crise post-électorale de 2010 : Alassane Ouattara, pour le Rdr et Laurent Gbagbo, pour le Fpi. Les deux partis étaient à leur première rencontre depuis les évènements douloureux ayant frappé le pays.
 
Quand on considère le fossé qui a longtemps séparé- et qui sépare encore, aujourd’hui- le Rdr d’Alassane Ouattara et le Fpi de Laurent Gbagbo, on mesure toute la symbolique de la rencontre et l’intérêt qu’elle referme. Le Rdr et le Fpi, ce sont des visions parfaitement opposées, pas uniquement d’un point de vue idéologique : les deux poids lourds se rejettent mutuellement la responsabilité des crises successives ayant affecté le pays et principalement, la crise post-électorale. Qu’ils se rencontrent, aujourd’hui, ne signifie, sans doute, pas que l’un et l’autre ont fait table rase du passé mais il y a bien une fenêtre d’espoir dans ce commencement du dialogue. Pascal Affi N’guessan qui conduisait la délégation du Fpi à la Rue Le pic est retourné, avec ses camarades, « satisfaits de l’ambiance qui a prévalu » : « c’est une ambiance cordiale.
 
Nous repartons satisfaits d’avoir eu cette occasion d’échanges et nous espérons que toutes nos propositions seront examinées avec la plus grande attention étant entendu que nous ne sommes pas fermés, accrochés aux slogans, aux étiquettes. Et que c’est le contenu de notre démarche qui nous paraît essentiel ». Le secrétaire général par intérim du Rdr, Amadou Soumahoro, n’a pas nié, quant à lui, « l’esprit de fraternité » qui a sous-tendu les échanges : « nous avons échangé, comme l’a dit le président Affi, N’Guessan, échangé dans un esprit de vraie camaraderie, dans un esprit de fraternité. Ceci augure des lendemains meilleurs pour le dialogue politique entre nos deux partis ».

Fpi et Rdr se sont révélés- en témoignent les discours- dans de bonnes dispositions pour discuter de questions d’intérêt national.
 
Le second fait marquant a trait à la sortie du chef de l’Etat Alassane Ouattara qui, en visite dans la région du Bélier, s’est adressé indirectement à ses « frères » de l’opposition. Ouattara se trouvait à Didiévi, sur les terres du ministre d’Etat Jeannot Kouadio-Ahoussou, lequel conduit les discussions entre le gouvernement et l’opposition. Il a eu un mot de remerciement pour son collaborateur d’ancien premier ministre, envoyant dans le même temps, un message aux opposants : « merci (…) pour le travail important que tu fais au niveau de la présidence avec les partis politiques qui ne sont pas au gouvernement. Je ne dirai pas les partis politiques d’opposition parce que ce sont des frères.
 
Nous ne les considérons pas comme des opposants ; nous les considérons comme des frères qui vont nous rejoindre bientôt. Grâce à tes talents d’avocat, de grande courtoisie, tu sauras les convaincre ». Ce discours d’Alassane Ouattara est intervenu, mercredi 11 décembre 2013, à l’entame de sa visite dans le Bélier. Hier, jeudi 12 décembre, il lançait un appel aux exilés politiques pour que ces derniers regagnent la Côte d’Ivoire. Ces différents appels seront-ils entendus ? Difficile d’y répondre. Une certitude : le discours conciliant émanant du sommet, précédé de la rencontre Fpi-Rdr, a tout pour décrisper un climat politique longtemps tendu et préparer, peut-être, des lendemains apaisés.
 
 Kisselminan COULIBALY