Radiation d'un policier de l'armée ivoirienne pour meurtre pendant la crise postélectorale.

  • 13/02/2014
  • Source : APA
Le Sergent Diomandé Loua Sahi, encadreur à l’Ecole nationale de police (ENP) reconnu coupable de meurtre pendant la violente crise postélectorale, a été condamné, mercredi, par le tribunal d’Abidjan, à dix ans de prison ferme et exclu des rangs des forces armées ivoiriennes.

« Le tribunal, à l'unanimité le (Le Sergent Diomandé Loua Sahi, ndlr) déclare coupable de meurtre, crime prévu et puni par les articles 342 et 344 du code pénal. En répression, le condamne à 10 ans d'emprisonnement ferme et à 200.000 FCFA d'amende, prononce en outre, à son encontre la destitution militaire, décerne à son encontre un mandat de dépôt » a déclaré le juge Mahamadou Diallo, Président du tribunal, au terme du procès.
 
Le Sergent Diomandé a abattu le 4 avril 2011 en pleine crise postélectorale dans l'enceinte de l'Ecole nationale de police d'Abidjan (ENP), un individu non identifié.
 
L'individu abattu, aurait été appréhendé dans la nuit du 3 avril 2011 dans les locaux de l'ENP, par le Sergent-chef Landry Charles Kévin Ahiman qui s'y était rendu avec huit autres policiers pour disent-ils freiner le pillage dont l'école faisait l'objet pendant la « bataille d'Abidjan » entre forces pro-Ouattara et pro-Gbagbo.
 
Au cours des débats, Diomandé Loua Sahi, s'est défendu de toute intention de faire du mal à l'individu. Il a soutenu avoir aperçu un individu suspect à qui il a intimé l'ordre de s'arrêter, mais qui « n'a pas obtempéré ». «C'est en voulant le neutraliser par des tirs de sommation, que par une mauvaise manipulation de la Kalachnikov que le tir l'a atteint » mortellement.
 
« Je respecte l'être humain, la vie humaine est un inestimable trésor, je voudrais demander pardon à la famille et à toute la Côte d'Ivoire », s'est-il défendu.
 
Présenté devant le tribunal pour « arrestation et détention illégale, séquestration et violence sur un supérieur », le sergent chef Ahimann a pour sa part été reconnu coupable pour ces faits, et écope d'une peine de « trois ans de détention militaire ».
 
Lui qui est musicien et enseignant de musique à l'Ecole nationale de police, avait ce jour du 4 avril 2011 « arrêté, séquestré et violenté le directeur de l'ENP, le Commissaire principal Viviane Atsin, qu'il avait illégalement conduite au violon ».
 
Landry Charles Kévin Ahiman a reconnu les faits qui lui sont reprochés, mais a soutenu avoir agi ainsi parce qu'il a été alerté d'une menace qui pesait sur la vie de la première femme commissaire de Côte d'Ivoire. « C'était pour la protéger » a-t-il répondu au juge, signalant avoir, après ces événements, présenté ses excuses à cette dame.
 
Le Lieutenant Hortense Agnibi Kpidi, Chef de la cuisine de l'école de police était accusée de « violation de consigne » pour n'avoir pas fait respecter, le 31 mars 2011, la consigne de ne pas emporter les rations alimentaires hors de l'institution de formation.
 
Cette consigne avait été, en effet, violée par l'Adjudant Kacou N'cho Egui qui avait emporté sa ration alimentaire chez lui pour mieux manger ce jour, compte tenu du climat de panique généralisée qui régnait sur la ville d'Abidjan, à l'arrivée des Forces nouvelles (ex-rébellion ivoirienne) dans la capitale économique ivoirienne.
 
Le Lieutenant Kpidi a été jugée non coupable des faits qui lui étaient reprochés et a bénéficié de « la relaxe immédiate » pour « délit non constitué ».
 
L'Adjudant Kacou N'cho a par contre été reconnu coupable des faits de violation de consigne et a été condamné à « trois mois de prison assortie d'un sursis ».
 
Le procureur militaire avait requis à l'encontre du Sergent-chef Nazaire Séka Chonou (caissier à l'auto-école de l'ENP au moment des faits), « 24 mois d'emprisonnement ferme, une amende de 300.000 FCFA et la perte de son grade » pour des faits d'abus de confiance portant sur la somme de 26 millions FCFA appartenant aux élèves policiers.
 
Il a été dédouané car déclaré non coupable de ces faits pour « délits non constitués » et a bénéficié de « la relaxe immédiate ».
 
Accusé de violation de consigne et d'abus de confiance sur cette même somme de 26 millions de FCFA, le Lieutenant Maurice Kouabena Akon était aussi poursuivi pour concussion portant la somme de 31.000 qui était prélevée « illégalement » aux élèves policiers candidats à l'auto-école.
 
Il a reconnu l'existence de cette pratique qui selon lui, date de longtemps, car, elle servait de « pot de vin aux inspecteurs d'auto-école afin de garantir le succès de ces élèves à l'examen du permis de conduire », a révélé le Lieutenant Akon.
 
Le tribunal l'a déclaré non coupable des faits de violation de consigne et d'abus de confiance, mais l'a jugé « coupable de délit concussion » et a été condamné à 24 mois de détention militaire et 300.000 FCFA d'amende ».
 
La première femme ivoirienne Commissaire de police, Viviane Atsin, ex-directrice de l'Ecole nationale de police (ENP) a été également déclarée au cours de ce procès, coupable de délit de « concussion» par le tribunal d'Abidjan qui l'a condamnée à « 24 mois de détention militaire ».
 
Poursuivie pour des faits portants sur des «abus de confiance, violation de consigne, concussion» pendant la crise postélectorale, le tribunal a retenu contre elle le délit de «concussion» après les débats qui ont commencé mardi.
 
Les événements incriminés se sont quasiment produits entre la période de fin mars et début avril 2011 pendant la crise postélectorale qui a secoué le pays en causant au total plus de 3000 morts.