Quel sélectionneur pour la Côte d'Ivoire ?

  • 08/06/2018
  • Source : SoFoot
La Côte d’Ivoire nommera un nouveau sélectionneur probablement courant juin. Après l’échec Marc Wilmots, qui n’avait pas réussi à qualifier les Éléphants pour la Coupe du monde, la solution de choisir un local est défendue par une partie de l’opinion publique et des acteurs du football ivoirien. Mais une autre école privilégie la piste étrangère, et si possible prestigieuse.

Les stigmates de 2017 se dissipent tout doucement. L’année dernière, la Côte d’Ivoire a accumulé les échecs et les frustrations. Cela avait débuté dès janvier par une élimination au premier tour de la CAN au Gabon par le Maroc et la RD Congo, avec comme conséquence immédiate la démission du sélectionneur français Michel Dussuyer. Quelques mois plus tard, en juin, Marc Wilmots, choisi par la Fédération ivoirienne de football (FIF) débutait de la pire des façons en s’inclinant d’abord aux Pays-Bas en match amical (0-5) puis à Bouaké contre la Guinée (2-3) lors de la première journée des qualifications pour la CAN 2019. Et le désastre annoncé a fini par arriver en novembre, avec la claque administrée (2-0) à Abidjan par le Maroc(encore) d’un certain Hervé Renard, champion d’Afrique avec les Éléphants en 2015.

Kamara aimerait conserver le poste

Marc Wilmots, réputé pour savoir blinder ses contrats – il émargeait à environ 60 000 € par mois, hors primes et avantages –, avait quitté le pays après un accord à l’amiable. Montant de la douloureuse : un peu plus de 800 000 €. Augustin Sidy Diallo, le président de la FIF, s’était d’ailleurs empressé de démentir ce chiffre. « C’est pourtant ce que ça a coûté. D’ailleurs, il y a peu, Sory Diabaté, le vice-président de la Fédération, a déclaré que celle-ci n’avait pas fini de payer Wilmots » , ricane une source proche de la FIF. Cela explique pourquoi celle-ci prend son temps avant de nommer un coach. 


Pour les matchs amicaux de mars face au Togo (2-2) et à la Moldavie(2-1) disputés à Beauvais, la FIFA avait refilé le bébé à Ibrahim Kamara, l’ancien adjoint de Dussuyer et de Wilmots. Kamara a au moins le mérite d’être beaucoup moins cher (15 000 €) – même si son salaire serait revalorisé au cas où il serait choisi – à défaut d’emporter l’adhésion de tous. Surtout depuis la triste performance de la sélection locale, éjectée au premier tour du dernier Championnat d’Afrique des nations (CHAN) disputé au Maroc l’hiver dernier. « Il a quand même des partisans » , nuance Georges Kouadio, le directeur général de l’AS Tanda (Division 1), qui fut l’adjoint de Philippe Troussier et de Vahid Halilhodžić, puis bref intérimaire sur le banc ivoirien après l’éviction du Bosnien par fax en février 2010, à trois mois de la Coupe du monde en Afrique du Sud.

Wilmots a coûté une blinde

Parmi les principaux soutiens de Kamara figure Sory Diabaté, l’influent vice-président. « Je ne serais pas très étonné qu’il soit nommé. Je ne suis plus trop au courant de ce qui se passe là-bas, mais c’est une hypothèse qui se tient. Ce que je sais, c’est que des gens souhaitent la nomination d’un local. Comme la Côte d’Ivoire a été éliminée de la Coupe du monde avec Wilmots, on veut un Ivoirien. Et si le coach avait été ivoirien, on demanderait un étranger. C’est le principe de l’alternance » , note Dussuyer. La FIF, où le président Diallo est contesté par une partie des dirigeants de clubs, n’a lancé aucun appel à candidatures. Mais les CV affluent sur le bureau du patron, fragilisé par le coût sportif et financier de l’opération Wilmots. « D’après ce que je sais, puisque j’ai des échos du bled, c’est qu’on penche pour un local. Seulement, il faut savoir qu’il aura plus de pression qu’un étranger, car il vit en permanence sur place. Il y a aussi ceux qui défendent l’idée que ce soit un étranger avec un nom prestigieux, car ils estiment que la Côte d’Ivoire doit avoir un coach avec une renommée internationale, intervient Abdoulaye Bamba, le défenseur international d’Angers (2 sélections). Peu importe sa nationalité, du moment qu’il est compétent... » 

Trop tôt pour Kolo Touré

Depuis que Diallo a annoncé que le choix définitif sera connu en juin, de nombreuses hypothèses sont avancées. Parmi les Ivoiriens, outre Ibrahim Kamara, d’autres noms reviennent. Celui de Kolo Touré, d’abord. Depuis sa retraite en juin dernier, le frère aîné de Yaya a intégré le staff technique du Celtic, mais aussi celui des Éléphants, auprès de Wilmots, puis de Kamara lors du CHAN et des matchs amicaux de juin. « Kolo ? C’est à mon avis trop tôt. Laissons-le apprendre le métier. Son heure viendra tôt ou tard. Il ne faudrait pas le griller » , tempère Kouadio. Lequel ne verrait pas d’un mauvais œil un retour aux affaires de François Zahoui, vice-champion d’Afrique en 2012 et actuellement sélectionneur du Niger. « Il est très apprécié ici » , poursuit l’ancien coach du Stade d’Abidjan. Contacté, Zahoui, qui vit à Toulon, a préféré éluder la question : « Je ne veux pas aborder ce sujet, car tout ce que je peux dire est disséqué et analysé en Côte d’Ivoire... » Aux dernières nouvelles, Zahoui serait également sur la liste du Bénin, qui cherche un successeur à Oumar Tchomogo.

Domenech trop cher

Quant aux pistes menant à l’étranger, elles sont forcément nombreuses. « La Côte d’Ivoire reste attractive » , rappelle Georges Kouadio. Mais moins rémunératrice que ces derniers mois. Ainsi, la FIF a poliment refusé les offres de service de Raymond Domenech, aux exigences salariales trop élevées. Le nom du Néerlandais Ronald De Boer a également été évoqué. « À mon avis, ce sont des conneries. De Boer n’a aucune expérience en Afrique, il ne parle pas français et est trop cher. Diallo a intérêt à ne pas se planter. Il traîne encore la casserole Wilmots » , explique un agent.

Pour l’instant, la Fédération ivoirienne n’a publié aucune liste des candidatures spontanées qu’elle a reçues. Le nom de Christian Gourcuff, finalement engagé par Al-Gharafa (Qatar) avait ainsi été cité. Celui de Vahid Halilhodžić a également été suggéré. « Mais une chose est certaine, la Fédération ne pourra pas donner un trop gros salaire » , annonce Kouadio. Et le prochain titulaire du poste, même s’il aura à sa disposition «  un des effectifs les plus riches d’Afrique » , dixit Dussuyer, devra avoir les épaules solides. « Car il devra vite avoir des résultats, et qualifier la sélection pour la CAN 2019 » , reprend Georges Kouadio. Malgré la défaite inaugurale de juin 2017 face à la Guinée, la mission, dans un groupe où figurent également la Centrafrique et le Rwanda, ne semble pas impossible à atteindre...

PAR ALEXIS BILLEBAULT