Quand les militaires avaient les mêmes revendications en 2014 et s'étaient entendus avec le président Ouattara

  • 07/01/2017
  • Source : Lebabi.net
On dit toujours que les mêmes causes produisent souvent les mêmes effets. C'est un peu ce qui se passe actuellement en Côte d'Ivoire. Et que dire lorsqu'une solution était censée être trouvée, il y a trois ans pour résoudre le problème?

Depuis les petites lueurs de ce vendredi 6 janvier, les militaires des casernes de plusieurs villes du pays dont Bouaké, Korogho, Daloa, ou encore Daoukro sont entrés en mutinerie, mettant en avant plusieurs revendications.

Selon le communiqué diffusé par le ministère de la Défense, ces revendications portent sur des hausses de salaire, le paiement de primes ou encore  sur une progression hiérarchique jugée trop lente.

Il y a également une revendication qui laisse perplexes bon nombre d’observateurs ici, sur une prime « ECOMOG » que revendiqueraient certains de ces militaires, encore et toujours de manière récurrente.

Mais problème, ces revendications auraient du être réglées depuis 2014, au pire 2015.

Un air de déjà-vu 

En effet, en novembre 2014, les mêmes événement se sont produits. Les militaires de Bouaké et des camps militaires d’Abobo ou d’Akouédo, réclamaient également ce genre de gratifications.

La vague de protestation était partie de Bouaké, capitale de la rébellion qui contrôlait le nord du pays de 2002 avant de s'étendre ensuite à Abidjan, la capitale économique, et d'autres villes-casernes du pays.

Le président Alassane Ouattara avait alors reçu, le 20 novembre 2014, au palais présidentiel, les délégués des camps militaires du pays après les manifestations et une solution a même été trouvée. Les soldats sont repartis avec, entre autres, la garantie de toucher leurs soldes dès fin novembre.

Les militaires avaient aussi présenté leurs excuses au chef de l'Etat qui leur demandait d'être des soldats modèles.

Près de trois ans après, les choses ne semblent pas avoir bougé, pis, les militaires, dont la plupart sont des ex-combattants réclament plus.

Des revendications irréalistes

Les revendications des mutins portent principalement sur le paiement des primes, la durée du temps de passage au grade supérieur, l`amélioration de leurs conditions de vie et des précisions sur la supposée prime ECOMOG, la Force armée de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), 

Ils exigent également pour chacun d’entre eux entre 5 et 10 millions de francs CFA, selon les sources, ainsi qu’une villa.

Vendredi après-midi, le ministère de la défense a fait savoir que deux officiers « sont entrés en discussions avec le groupe » qui leur a présenté ses doléances. Parallèlement, le ministère a annoncé la « mise en alerte de l’ensemble des troupes », le « renforcement de la sécurité des emprises militaires » et demandé « à tous les soldats de garder leur calme et de rentrer dans les casernes, en vue de permettre la recherche de solutions durables ». 

Le Gouvernement de son côté dit “étudier“ les revendications des mutins et s`engage à “faire face à celles qui sont fondées“.

Le ministre de la défense, Alain Richard Donwahi, qui avait mis quelques heures plus tôt l’ensemble des troupes en alerte, se veut désormais rassurant et conciliateur : « Je vais aller demain -samedi- là-bas (NDLR : Bouaké) pour rencontrer les jeunes gens. On va discuter. Certaines de leurs revendications sont certainement fondées. L’important, c’est que le calme soit revenu et qu’il n’y a pas eu de dégâts. On ne va pas se faire la guerre. »

Des hommes manipulés?

Pour les observateurs, il est difficile de comprendre comment ces hommes en armes puissent avoir les mêmes revendications d'il y a trois ans, alors que Alassane Ouattara s'était personnellement engagé à résoudre le problème.

Deux hypothèses sont alors plausibles : Primo, quelqu'un aurait détourné l'argent des primes destiné aux militaires. Deuzio, les mutins sont manipulés par des hommes aux sombres desseins.

Cependant, quelles qu’en soient les raisons, cette colère ajoute à un climat social agité. Les syndicats de fonctionnaires ivoiriens ont lancé un mot d’ordre de grève pour la mi-janvier. Alors que la santé économique de leur pays ne cesse d’être vantée par les autorités et les partenaires internationaux, cette plateforme syndicale demande notamment le versement d’arriérés de salaires.

Ahopol