Présidentielle 2020/Guikahué (Pdci) : «Même si la caution est à un milliard, on n'a aucun problème. Le président Ouattara sera surpris»

  • 06/12/2019
  • Source : L'Inter
La polémique enfle depuis que le chef de l’État Alassane Ouattara s'est dit favobale à une «caution minimum de 100 millions de f cfa» pour la présidentielle, lors de sa visite d’État du 27 au 30 novembre 2019 dans la région du Hambol. Après Jean-Louis Billon, secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) chargé de la communication, de l'information et de la propagande, et Pascal Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien (Fpi), c'est au tour du secrétaire exécutif en chef du Pdci, Maurice Kakou Guikahué, de monter au créneau.

Dans une longue interview, parue hier, mercredi 4 décembre 2019, chez le confrère ''Le Nouveau Réveil'', le n°2 du parti présidé par Henri Konan Bédié, a répondu à M. Ouattara. M. Guikahué a dit ne pas comprendre les motivations du président ivoirien alors que la caution actuelle est de 20 millions de f cfa pour les candidats à la présidentuelle, et a rassuré les militants du Pdci. «Même si d'aventure, il disait que la caution est à un milliard, nous au Pdci, on n'a aucun problème, on peut payer», a réagi le cadre du Pdci. «Quel que soit le montant qu'il fixera, on va payer », a-t-il insisté.

Pour l'ancien ministre de la Santé, la Côte d'Ivoire a une culture, des ressorts insoupçonnés et a été bâti par le Pdci avec la politique du président Félix Houphouët-Bloigny pour faire rêver les populations. Prenant son cas, il a mentionné qu'étant fils de paysan, il est aujourd'hui professeur titulaire de cardiologie. Auparavant, a-t-il rappelé, il a été ministre avant d'être secrétaire exécutif du Pdci actuellement. «C'est ça un rêve. Il faut que mon parcours fasse rêver aussi les autres qui disent que leurs parents n'ont pas assez de moyens, qu'ils sont fils de paysans, qu'ils habitent ''Bromakoté''; ''Yaossehi''; ''Mon mari m'a laissé'' ; ''Koumassi Campement''. Les enfants qui sont là-bas doivent rêver pour dire que de rien, on peut devenir grand. Mais, quand on veut mettre l'argent devant, on fait de l'exclusion», a regretté Guikahué. «Ça veut dire qu'en Côte d'Ivoire, si vous êtes pauvres, vous ne pouvez même pas être président ? Même si vous êtes compétent, intelligent, que vous êtes pauvre, que vous ne pouvez pas avoir 100 millions, vous ne pouvez pas être candidat. Ça, c'est de l'exclusion», a encore déploré l'ancien ministre, indiquant que «certains ne maîtrisent pas les ressorts de la Côte d'Ivoire».

En d'autres termes, Maurice Kakou Guikahué a estimé que c'est une erreur de penser à revoir à la hausse la caution pour la présidentielle en Côte d'Ivoire. «Ça ne sert à rien. Nous sommes un pays en voie de développement», a-t-il souligné. Malgré cette proposition du chef de l’État, le député de Gagnoa sous-préfecture garde espoir. Parce que, selon lui, dans ce genre de situation, «ce que les gens oublient, ce n'est pas le candidat qui paye mais les populations», rappelant l'exemple de Laurent Gbagbo en 1990. «La première caution en 1990 a été payée par les agriculteurs de Dabou», s'est-il souvenu. «Donc, si le président Ouattara monte la caution, il y a des gens qui payeront pour les autres partis et il sera surpris», a affirmé M. Guikahué.

Lors de sa visite d’État dans le Hambol, Alassane Ouattara a fait des propositions censées permettre le bon déroulement du scrutin présidentiel. Il a proposé, entre autres, une caution d'au moins 100 millions de francs cfa. «C’est important qu’il n’y ait pas trop de candidats et j’ai demandé au gouvernement d’étudier les voies et moyens. Peut-être faire comme au Bénin, mettre une caution. Je pense qu’il faudrait mettre la caution au minimum à 100 millions parce que si on veut être président de la République, on peut au moins sortir 100 millions pour sa campagne », avait indiqué le numéro 1 ivoirien.

                                                                                       

Cyrille DJEDJED