Présidentielle 2015 : Le PDCI-RDA dans un dilemme

  • 03/12/2013
  • Source : L'Inter
2015, c'est maintenant ! Le président Alassane Ouattara qui l'a bien compris, se met de plus en plus dans la posture d'un candidat à la conquête d'un second mandat.

Sa visite d’État dans la région du Gbêkê s'est, par conséquent, muée en une campagne électorale avant l'heure. Une véritable partie de séduction de l'électorat baoulé pour la présidentielle de 2015. Nul doute que la prochaine visite d’État, annoncée dans la région du Bélier, ne va pas faillir à cette mission. En clair, Alassane Ouattara qui a bénéficié du soutien du PDCI et de ses électeurs pour sa victoire en 2010, veut donc rééditer l'exploit pour l'élection de 2015.

« On ne change pas une équipe qui gagne(...) L'équipe Alassane, avec le RHDP, doit continuer en 2015 pour faire avancer les choses », a-t-il lancé, au cours de ses meetings dans la région du Gbêkê. Le vœu secret du président Ouattara serait qu'il soit le candidat de la coalition des Houphouëtistes pour une victoire au premier tour. A défaut, qu'il puisse bénéficier du soutien de son principal allié au second tour. Dans un cas comme dans l'autre, le PDCI-RDA apparaît dans les différents scénarios pour la victoire, comme un parti incontournable.

 
Mais le parti d'Henri Konan Bédié entend-il les choses de la même oreille qu’Alassane Ouattara ? Quelle sera la posture du PDCI pendant les élections générales à venir ? Des tendances s'opposent. La première serait pour un rapprochement avec le Front populaire ivoirien (FPI), pour la présidentielle à venir. Les défenseurs de cette stratégie estiment que le parti de Laurent Gbagbo qui est encore détenu à la prison de Scheveningen, serait un bon allié pour la conquête du pouvoir par le PDCI. Crédité officiellement de 46 % des voix à la présidentielle dernière, et sans un leader qui a le même charisme que l'ancien président Laurent Gbagbo, le parti dirigé par Affi N'Guessan est perçu comme un appui sûr, pour la bataille électorale.
 
De plus, le parti de la refondation qui en veut terriblement à l'actuel président ivoirien, à qui il reproche tous leurs malheurs, ne cache pas sa volonté de lui arracher le pouvoir « par les urnes ». Le FPI a d'ailleurs tendu une perche au PDCI, dans cette perspective.Selon plusieurs cadres du vieux parti, une alliance avec la formation politique de Laurent Gbagbo n'est pas à exclure. Le président Henri Konan Bédié avait lui-même souhaité être saisi officiellement de la question, avant de l'inscrire à l'ordre du jour d'une réunion du bureau politique de son parti pour en débattre. La porte reste donc ouverte.
 
A contrario, la seconde tendance s'inscrit dans la continuité avec le RHDP. Pour elle, il faut accompagner Ouattara jusqu'en 2020, afin qu'il boucle ses deux mandats et passe le flambeau à un autre Houphouëtiste. Les défenseurs de cette vision estiment que les héritiers de feu Houphouët-Boigny devraient, coûte que coûte, garder le pouvoir, quel que soit le chemin qui serait utilisé pour y parvenir. Le ministre Légré Philippe, président du Conseil régional du Gboklé, désormais cadre du RDR, est un partisan de cette thèse.

Il a souhaité publiquement, au cours d'un meeting le 30 novembre dernier, que le président Alassane Ouattara soit le candidat du RHDP en 2015. Ce qui serait un atout pour une victoire de la coalition au premier tour. D'autres pensent cependant qu'il faut respecter les clauses de l'accord qui lie les partis du RHDP. A savoir qu'au premier tour de la présidentielle, chaque parti engage un candidat dans la course, et qu'au second tour, le candidat qui se détachera puisse bénéficier du soutien des autres. A la clé, il y a la victoire des Houphouëtistes qu'il faut préserver.
 
Un troisième schéma serait que le PDCI lui-même, indépendamment d'un allié, se réorganise, ravive ses forces, pour reprendre le pouvoir. Il s'agit pour le parti vert et blanc de se positionner comme le plus grand parti politique de Côte d'Ivoire, et amener les autres à contracter des alliances avec lui. A l'issue de son 12è congrès, tenu les 03, 04 et 05 octobre dernier, le président réélu, Henri Konan Bédié et ses lieutenants remettent lentement et sûrement leur bateau à flot. Une réorganisation des instances du parti censée redynamiser ses activités, a été adoptée au congrès. Récemment encore, le président Henri Konan Bédié a procédé à de nouvelles nominations.
 
Selon ces décisions publiées dans la presse vendredi dernier, le bureau politique compte désormais 650 membres contre 400, il existe 131 délégués, 7 vice-coordonnateurs de l'inspection, 200 membres au comité des sages. Le PDCI engage-t-il toutes ces réformes pour jouer les seconds rôles ou servir de pont  à d'autres formations politiques pour accéder au pouvoir ? Pas sûr. Tout semble, en effet, dire qu’Henri Konan Bédié et ses hommes envisagent une reconquête sérieuse du pouvoir d’État à partir de 2015.
 
 Hamadou ZIAO