Pourquoi Guillaume Soro devrait craindre la CPI

  • 06/07/2016
  • Source : Ivoire Justice
Guillaume Soro pense pouvoir échapper à la Cour pénale internationale. Il estime être à l’abri de toutes poursuites judiciaires grâce au soutien de la communauté internationale. Sauf que…

« Je ne vois pas pourquoi moi, qui ai agi dans le sens de la communauté internationale, qui l’ai aidée à résoudre la question de la confiscation du pouvoir à Abidjan, devrais être trimballé à la CPI. Ce serait d’une incohérence et d’une inconséquence inégalée. Il y a eu des violences, mais celles-ci ne sont pas suffisantes pour être envoyé à La Haye ». Ces mots de Guillaume Soro lors d’une interview accordée au journal français Le Monde, le 17 juin 2016, respirent la confiance.
 
L’ex-chef rebelle ivoirien semble convaincu qu’il ne peut être dans le viseur de la Cour pénale internationale (CPI). Politiquement, l’argument avancé par l’actuel président de l’Assemblée nationale est certainement valable. À l’époque, la communauté internationale avait apporté son soutien au camp d’Alassane Ouattara, le camp qu’a défendu Guillaume Soro lors de la crise post-électorale.

Cependant, d’un point de vue juridique, l’ancien Premier ministre ivoirien n’est certainement pas autant à l’abri qu’il le pense. Cela, au vu de quelques éléments. Notamment, la question du mode de responsabilité de la CPI.
 
Les commanditaires dans le viseur
 
Ce qu’il faut savoir, la Cour basée à La Haye, qui juge exclusivement les cas de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité n’est pas forcément à la chasse de ceux qui pressent sur la gâchette ou de ceux qui actionnent la machette sur les champs de bataille.

Non. La Cour en veut principalement aux responsables qui ont soit commandité, soit laissé ces crimes être commis. C’est d’ailleurs ce qu’indique l’article 28 du statut de Rome qui stipule : « Un chef militaire ou une personne faisant effectivement fonction de chef militaire est pénalement responsable des crimes relevant de la compétence de la Cour commis par des forces placées sous son commandement et son contrôle effectifs, ou sous son autorité et son contrôle effectifs, selon le cas, lorsqu’il ou elle n’a pas exercé le contrôle qui convenait sur ces forces dans les cas où : Ce chef militaire ou cette personne savait, ou, en raison des circonstances, aurait dû savoir, que ces forces commettaient ou allaient commettre ces crimes (….) »...LA SUITE