Plateau-Dokui: les robinets ne coulent plus

  • 28/09/2016
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan
Depuis plus de trois mois, les habitants de la commune de Cocody, principalement ceux du Plateau-Dokui n’ont plus accès à l’eau potable. Cette situation déjà complexe a connu une montée exponentielle dans la dernière décade du mois de septembre.

«Cela fait trois mois qu’il y a des coupures d’eau dans notre commune. Pendant la journée, nous n’avions pas de l’eau mais aux environs de 4 heures du matin les robinets coulaient et nous pouvions puiser de l’eau pour toute la journée. Mais depuis plus de dix jours nous n’arrivons plus à avoir de l’eau même quand nous nous levons tôt le matin », a déploré Régine Anika, une habitante du Plateau-Dokui.

Pour s’approvisionner en eau, cette mère de six enfants a révélé dépenser 1200FCFA chaque jour. « Je suis mère de six enfants. Chaque jour, je dépense 1200FCFA pour m’approvisionner en eau. Si vous faites le calcul pour un mois cela fait plus de 30000FCFA. En deux mois je me retrouve à 60000FCFA », a-t-elle révélé. Elle s’est toutefois indignée du fait que malgré la sporadique distribution d’eau dans ses robinets, les factures venaient toujours au même moment avec des prix identiques aux périodes où l’eau coulait normalement. « Vous savez, ce qui est le plus frustrant et choquant est que malgré ces coupures d’eau nous avons encore des factures qui arrivent au même prix que les périodes où les robinets nous offraient de l’eau », a affirmé la mère. Abigail, sa fille, qui suit notre conversation acquiesce les propos de sa mère : « Nous pouvons acheter de l’eau le matin à hauteur de 800FCFA et le soir à 8000 FCFA. Par moment, maman peut dépenser 2000FCFA par jour parce qu’il faut faire la lessive, préparer etc. la situation est trop complexe ».

24 heures après notre rencontre avec la famille Anika, nous nous sommes rendus sur les lieux où celle-ci se ravitaille en eau. Grande fut notre surprise de voir une longue file d’attente des personnes se trouvant dans l’identique situation que la maisonnée Anika. Mme Kouadio Alice seau à la main, le visage prostré, accompagnée de son fils nous affirme avoir fait le pied de grue pour s’abreuver en eau. Hélas après 3 heures d’attente, elle dit n’avoir pas eu gain de cause. « Nous sommes ici depuis 6 heures du matin. C’est compliqué. Mon enfant n’a pas dormi de la nuit. Il a attendu l’eau jusqu’à ce matin (…) Il est ici (lieu où les familles puisent de l’eau, NDLR) depuis 5 heures pour acheter de l’eau mais, il y a du monde et l’eau vient à petites gouttes », a-t-elle déploré. Puis de lancer : « Je demande au maire de Cocody de faire quelque chose pour nous. Parce que nous souffrons »

Le malheur des uns fait le bonheur des autres
Cette assertion du célèbre philosophe français Voltaire trouve son sens dans la situation difficile des familles résidant au Plateau-Dokui. En effet, Jyseline. D, vendeuse d’eau dont le robinet est à quelques encablures de la maison des Anika, se remplit les poches. « Chaque jour, confie-t-elle, je peux gagner 1000FCFA ou 2000FCFA. Ces prix, poursuit-elle, grimpent en période de coupure d’eau dans tout le quartier. Quand on coupe l’eau dans notre quartier je peux avoir 7 000FCFA de recette par jour (…) c’est pour moi une manière d’aider les familles. S’il n’y a pas de l’eau comment vont-ils faire pour se nourrir, préparer et se laver ? », se justifie la vendeuse prise entre le remplissage des bidons d’eau et la recherche du reste de la monnaie pour les clients.

MB