Participation de l’opposition à la Commission électorale indépendante : la déclaration de l’UNG

  • 11/08/2014
  • Source : Partis Politiques
C’est avec étonnement que j’ai appris par voie de presse la déclaration du 1er ministre Pascal Affi N’guessan, Président du FPI et Porte-parole de l’Alliance des Forces Démocratique de Côte d’Ivoire (groupement de partis politiques de l’opposition dont l’UNG fait partie) qui, à la sortie d’une audience avec le Ministre de l’intérieur Hamed Bakayoko, annonçait la participation de l’Alliance à ce qu’il a appelé « une CEI consensuelle ».

Face à cette sortie qui ne correspond ni aux aspirations du peuple ni aux priorités de la cohésion sociale, je tiens personnellement à marquer ma désapprobation à une telle décision. Cela m’évoque des préoccupations fondamentales que j’identifie à trois niveaux.
 
Premièrement : que veut dire « CEI consensuelle » alors que toutes les propositions de l’opposition ont été rejetées en bloc lors de la mise sur pied de cette CEI ? Que veut dire une CEI consensuelle quand 15 des 17 membres qu’elle doit comprendre ont tous été déjà désignés et où le pouvoir en place à 13 militants ? En quoi est ce que même l’obtention du poste de Président de cette CEI fait d’elle une CEI consensuelle ? Nous le répétons, une CEI multipartite n’est ni une CEI consensuelle ni une CEI réellement indépendante et les élections de 2010 nous l’ont montré.
 
Deuxièmement : La question concernant le sort des prisonniers et exilés politiques doit-elle passer en second plan après celle des élections ? Cette question ne peut pas être balayée comme si de rien n’était. Et ceux qui en parlent ne méritent pas que l’on leur attribue ouvertement ou par allusion l’étiquette « d’extrémistes radicaux ».

Sommes-nous sûrs que l’intégration d’une « CEI consensuelle », sans avoir pu obtenir la moindre avancée sur ces questions peut nous garantir des élections stables dans notre pays ?

Les ivoiriens doivent-il comprendre que cette participation à la CEI augure d’une décision de participer aux futures élections sans avoir au préalable obtenu la résolution des sujets fondamentaux liés à la crise postélectorale de 2011 ? Pourquoi notre alliance qui a démontré, à plusieurs reprises, sa majorité par le suivi des mots d’ordre de boycott à plus de 70% des (législatives, municipales, régionales, RGPH) veut elle aller cette fois-ci contre la volonté du peuple ? C’est un gros risque que de vouloir faire les choses en ignorant magistralement ce peuple qui nous a donné de la force jusque-là par sa discipline à l’écoute de nos mots d’ordre.
 
Sommes-nous surs que si l’opposition en 2011 et en 2012 avait cédé au chantage, aux gains personnels ; aux promotions individuelles et pressions de l’extérieur plutôt que d’appeler au boycott des élections pour réclamer la résolution des questions liées à la crise poste électorale, nous aurions pu obtenir la libération de ceux qui étaient hier des prisonniers politiques ? Alors, pourquoi vouloir abandonner les autres victimes de la même injustice quand on n’a pas été soit même abandonné ? 
 
Troisièmement : notre alliance, à l’origine, n’est pas et ne doit pas être une plate-forme pour contourner les instances de décisions de nos différents partis politiques. Bien entendu, les questions aussi importantes que celles liées aux élections sont débattues au sein de chaque Direction. Ainsi, la participation à cette CEI est d'abord une décision de chaque parti avant d’être portée devant l’Alliance.

C’est pourquoi, j’invite la Direction intérimaire de l’Union des Nouvelles Générations à convoquer au plus vite une réunion du Secrétariat General pour donner la position officielle et définitive de notre parti sur cette question de la CEI. Aussi, je suggère à tous les autres membres de l’Alliance d’en faire de même.
 
Je voudrais terminer en indiquant que si le pouvoir actuel considère que la Côte d’Ivoire n’est plus en crise, il convient alors de mettre en place une CEI sans les partis politiques. Mais si nous considérons qu’elle est toujours dans une crise, ce qui justifie une CEI de partis politiques pour avoir la stabilité politique recherchée, alors la question de la commission électorale n’est pas celle qui pourra permettre d’atteindre cet objectif de recherche de stabilité mais il faudra plutôt s’asseoir pour régler définitivement et efficacement toutes les questions liées à la crise postélectorale de 2011.

Cela permettra d’éviter une autre crise qui peut s’avérer être plus grave. En attendant des réponses sur ces questions, je souhaite que le pouvoir prenne ses responsabilités pour créer un véritable climat de paix et de démocratie. Je souhaite que notre alliance bâtie autour du président Laurent Gbagbo reste et demeure la voix des sans voix, la voix de ce peuple qui lui a toujours fait confiance, la voix de tous ceux qui vivent injustement les conséquences des élections de 2010 en prison, en exil, dans les camps de réfugiés, dans nos villes et villages.
 
Je ne saurais terminer cette adresse sans avoir une pensée pour la Côte d’Ivoire à l’occasion du 7 août, date de célébration de son indépendance et ainsi que pour tous nos parents qui se sont battu pour obtenir l’indépendance politique de notre pays. Que le 7 aout 2014 soit une journée moins difficile pour nos compatriotes en espérant un jour obtenir l’indépendance vraie et économique de notre pays dans l’intérêt premier de son peuple.
 
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
C’est DIEU qui est fort !
 
Stéphane Kipre 
Président statutaire de L’Union des Nouvelles Générations en 
Exil politique depuis le 12 avril 2011