Noël Yao, détenteur d’une carte de presse or, dévoile le mal des médias ivoiriens

  • 20/07/2019
  • Source : APA
Le journaliste ivoirien, Noël Yao, détenteur d’une carte de presse honorifique or, a retracé vendredi à Abidjan, l’élan des écrits journalistiques en Côte d'Ivoire, face à des étudiants à l’Université Félix Houphouët-Boigny, soutenant que «la presse souffre de son côté partisan».

Journaliste émérite, Noël Yao s’est vu décerner par la Commission paritaire d’attribution de la Carte d’identité de journaliste professionnel (CIJP), une carte de presse couleur or. Une distinction, qui n’est pas octroyée à la demande, et notamment attribuée à des icônes des médias qui n’exercent plus le métier.  

Devant des étudiants en communication, M. Noël Yao qui s’exprimait  sur le thème, « communication politique et journalisme », a relevé que la presse ivoirienne est à l’épreuve de la pesanteur des idéologies politiques. Il a indiqué que cela est dû au fait que des politiques/partis ont créé des organes de presse.

Abidjan Matin, dira-t-il, est devenu Fraternité Matin, sous l’ère Félix Houphouët-Boigny. Ce journal officiel avait pour objectif de rassembler les fils du pays, amorcer le développement et la construction de la Côte d'Ivoire. Il était le principal organe de diffusion de messages politiques.

Avec l’avènement du multipartisme, des partis politiques vont voir le jour dès le 30 avril 1990, après la chute du mur de Berlin. Le printemps de la presse va ouvrir une fenêtre aux chapelles politiques qui vont créer des journaux en vue de faire de la propagande. 

La presse, adossée à des partis politiques devient « militante et partisane ». Et depuis 1990, cette orientation guide la plupart des journaux hormis certaines presses qui tentent de garder leur indépendance. 

La presse numérique n’échappe pas à ce fait, même si les médias en ligne opèrent aujourd'hui dans une ère démocratique, a-t-il poursuivi, faisant observer que le journalisme orthodoxe peut toutefois être pratiqué.

Il a en outre évoqué la notion de la clause de conscience qui donne le droit aux professionnels des médias de saisir le tribunal de travail, en cas de changement de la ligne éditoriale, le reflet des écrits, si d’aventure cela viole la morale et la conscience de l’employé.  

Pour lui, le journaliste devrait faire la part des choses. On peut rester professionnel,  même en étant dans un média à coloration politique car les faits sont sacrés et les commentaires libres. En outre, celui-ci devrait contribuer au développement.

Noël Yao, par ailleurs premier président de l'Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI) a déploré, de façon globale les écrits des journalistes en Côte d'Ivoire. Selon ce brillant communicateur, conseiller en communication du vice-président ivoirien, Kablan Duncan, « il y a trop d’extrémisme dans les faits » rapportés par les professionnels des médias.  

La Constitution ivoirienne consacre la liberté d’expression. Pour M. Yao liberté de la presse est inséparable de la vocation des médias qui ont pour rôle d’interpréter la curiosité publique, voire rendre compte des querelles politiques.  

AP/ls/APA