Le constructeur français de petits avions de missions « LH Aviation » renonce à la fabrication du tout premier avion « 100% made in Morocco ». La PME fondée en 2004 dans le Nord de la France, s’est brouillé avec son associée, l’homme d’affaires marocain Mohsine Bennani-Karim. Pour autant, LH Aviation affirme ne pas fermer la porte à son projet d’usine au sein du pôle industriel de Casablanca dédié au secteur de l’aéronautique
Le biplace LH-10 M avait été présenté pour la première fois au salon d’Aéro Marrakech. Cet appareil de surveillance devait être le premier avion « MADE IN MAROC ». Le projet semble aujourd’hui avorté. LH Aviation, maison mère de LH Aviation Maroc, dont elle est actionnaire à 51%, a annoncé la semaine dernière l’arrêt momentané de son projet de construction à Nouaceur de la première usine d’avions du Maroc. En cause: une mésentente entre la maison mère et le président de sa filiale Mohsine Bennani-Karim. Une brouille qui prend des allures de règlement de compte via plusieurs communiqués.
Le dernier, celui de LH Aviation, qui met en cause des désaccords importants avec M. Mohsine Bennani-Karim et l’absence de ce dernier à l’origine selon LH Aviation de retards dans la mise en oeuvre du projet. Si la fabrication du premier avion LH-10 M entièrement fabriqué au Maroc semble remis en cause, les investissements du groupe français ont permis de recruter sur le site de LH Maroc une quinzaine de collaborateurs à Tit Mellil qui travaillent à l’assemblage d’une version électrique du LH-10. Par ailleurs, LH Aviation affirme ne pas renoncer à son projet d’usine marocaine. Une usine de montage censé disposer d’une capacité production de 80 unités par an et pourra, à terme, atteindre 200 avions annuellement. Le projet prévoyait de créer 300 emplois incluant des ingénieurs et des techniciens qualifiés.
Au regard des enjeux et du manque à gagner pour le Maroc, LH Aviation pourrait bien ne pas avoir dit son dernier mot. Il faut rappeler que la fabrication du premier avion 100% marocain s’inscrit dans le cadre d’une convention signée avec l’Office marocain des aéroports (ONDA) permettant sa construction et son exploitation à l’Aéropôle de Nouaceur à Casablanca, un site industriel d’une superficie de 19.000 m². Montant de l’investissement : 10 millions d’euros. L’accord porte également sur l’extension de l’Institut de formation aux métiers de l’aéronautique (IMA-Nouaceur).
Il vise à encourager le suivi de la réalisation des travaux d’extension, la formation du personnel d’encadrement de l’IMA et l’ingénierie de nouvelles filières de formation, ainsi que la mise en place d’un baccalauréat professionnel dans les métiers de l’aéronautique au sein de cet institut. L’IMA forme entre 600 et 700 jeunes par an dans le but de répondre aux besoins du secteur de l’aéronautique qui connaît une croissance soutenue de 17% par an.
LH Aviation qui avait cédé à l’investisseur industriel marocain Mohsine Bennani-Karim 10% de son capital pour 4 millions d’euros, ambitionne de rejoindre le clan des grandes firmes internationales telles EADS Aviation, Boeing, Labinal, Dassault Aviation et Groupe Safran. Son installation au sein de l’Aéropôle de Casablanca, un pôle industriel intégré dédié aux industries aéronautiques devait lui permettre d’atteindre ses objectifs. Ce « couac » intervient dans un contexte pourtant de relance des échanges franco-marocains après un an de brouille diplomatique entre Rabat et Paris.
La rédaction
Maroc : le flop d’LH Aviation, à qui la faute? - Photo à titre d'illustration