Louis Dreyfus, Président du groupe "Le Monde" : “Un journal engagé n'est pas un mauvais journal”

  • 24/12/2013
  • Source : Nord-Sud
Le président du groupe de presse français Le Monde, Louis Dreyfus, invité de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire était face aux médias, hier, à la Maison de la presse au Plateau.

L’invité de la 15e édition du prix Ebony s’est attardé sur la question du rapprochement des journaux ivoiriens avec les partis politiques. Selon lui, « l’engagement », de la part des organes de presse « n’est pas forcément antinomique » au professionnalisme. « Le fait d’être un journal engagé ne veut pas dire forcément qu’on est un mauvais journal. On a deux journaux en France, Le Figaro et Libération qui sont de très bons journaux avec des produits de très bonne qualité.

La difficulté, quand on est un journal engagé, c’est que le jour où le camp que vous supportez arrive au pouvoir, votre esprit critique ne s’exprime plus. Donc vos ventes baissent mécaniquement », a-t-il observé. Pour lui, il est beaucoup plus facile d’avoir un esprit critique quand on est dans l’opposition que lorsqu’on est proche du pouvoir. Jetant un regard sur l’avenir de la presse papier, l’hôte de l’Unjci est formel : il faut s’adapter aux habitudes des jeunes. « Si on parle de la presse, on a les nouvelles générations, les moins de 20 ans qui s’informent essentiellement sur internet ou par la télévision.

Le défi qu’on a au Monde, et c’est pratiquement le cas pour les journaux ivoiriens, c’est de continuer à faire un bon journal pour les plus de trente ans et expliquer à nos journalistes de se préparer pour les nouvelles générations », a-t-il conseillé. Il est convaincu que la presse doit affronter plusieurs frontières. La première étant la frontière numérique. « Les moins de 20 ans ne liront plus les quotidiens de presse sur du papier », est-il persuadé. Par contre, il pense qu’il n’y a pas de fatalité qui condamne les journaux à disparaître.

« Les journaux qui n’auront pas les moyens ou l’énergie de se transformer disparaîtront », prévient-il. S’agissant du prix Ebony, la raison de sa présence à Abidjan, M. Dreyfus soutient que « toute initiative qui permet de mettre en exergue le journalisme de grande qualité est utile ». Dans la matinée, l’invité de l’Unjci a été reçu par le président de la République, Alassane Ouattara. Il a été, selon lui, question de voir les éventualités de la reprise du programme de formation des journalistes ivoiriens.
SA