Le Conseil constitutionnel affronte le défi des préjugés en s’ouvrant au grand public

  • 03/12/2013
  • Source : APA
Le Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire a ouvert mardi à Abidjan des journées portes-ouvertes pour mieux se faire connaître du public afin de taire les préjugés dont l’institution fait l’objet.

A la cérémonie d'ouverture organisée à Abidjan, le président du Conseil constitutionnel, le Pr Francis Wanga Wodié a indiqué que ces journées ont but de « faire connaître le Conseil constitutionnel aux uns et faire comprendre aux autres pour leur faire accepter les décisions » qu'il prend.
 
L'événement s'articule autour du thème « Conseil constitutionnel, contrôle de constitutionnalité, contrôle des élections ». Des séances d'information sont dans ce cadre, prévues avec les députés, les journalistes, les magistrats, les partis politiques, la société civile, les étudiants et les enseignants.
 
Ces différentes occasions seront le lieu d'informer les publics respectifs sur le rôle que joue cette institution qui est « la juridiction des juridictions » notamment dans le contrôle des élections, le contrôle de l'état de santé des candidats à l'élection présidentielle, la publication de la liste définitive des candidats, la gestion des contentieux électoraux, la proclamation des résultats définitifs et la réception du serment du président élu.
 
Il s'agit également d'instruire sur la conformité entre les lois du pays (y compris la constitution), les conventions et traités internationaux et les lois organiques. 
 
Procédant à l'ouverture de ces journées qui se déroulent jusqu'à jeudi dans la capitale économique ivoirienne, M. Wodié a saisi cette opportunité pour exhorter « ceux qui font les lois à être des hommes honnêtes » pour mieux traduire la volonté du peuple.
 
Le président du Conseil constitutionnel a également souligné que « l'intelligibilité de la loi » fait éviter les diverses interprétations de cette loi. « Si une loi est bien écrite, si elle intelligible, elle sera appliquée sans confusion ».
 
Car, a-t-il expliqué, « la constitution est la volonté du peuple traduit dans le langage juridique ». Aussi faut-il « faire en sorte que ceux qui sont appelés à représenter le peuple (Président de la République, Député) soient ceux qui ont été désignés par le peuple », a poursuivi M. Wodié.
 
Il a toutefois martelé que la juridiction qui rend des décisions doit « bénéficier de la confiance » du peuple et elle se doit aussi de « mériter la confiance du peuple ».
 
Tout en s'interrogeant sur « l'indépendance des membres » de cette juridiction qui sont nommés, Francis Wodié a aussi invité les juges, à faire primer la paix sociale dans les décisions qu'ils ont à rendre.
 
Les préjugés dont fait l'objet le Constitutionnel de Côte d'Ivoire tire leur origine dans l'expérience des élections présidentielles de 2010 qui pour une interprétation diverse des dispositions en vigueur, le pays a basculé dans une crise militaro-politique causant la mort à plus de 3000 personnes.
 
Au terme du deuxième tour de l'élection présidentiel tenu le 28 novembre 2010, la commission en charge de l'organisation du scrutin a proclamé le candidat Alassane Ouattara, vainqueur, quand le Conseil constitutionnel a proclamé à son tour la victoire du Président sortant, Laurent Gbagbo. 
 
Les différentes voies de règlement pacifique de la crise politique n'ayant pas abouti, le pays a sombré dans la crise postélectorale pour laquelle, l'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo est détenu à la Cour pénale internationale (Cpi) et plusieurs de ses proches font également l'objet de mandat d'arrêt national et international.
 
JBK/ls/APA