Le collectif des journaux victimes du 11 avril 2011 dénonce un recul de la liberté de la presse

  • 17/04/2014
  • Source : APA
Le collectif des journaux victimes du 11 avril 2011 (JV11) a dénoncé, jeudi, le recul de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire, après la suspension par le Conseil national de la presse (CNP, organe officiel de la régulation de la presse écrite) de cinq journaux dont quatre quotidiens et un hebdomadaire pour de « graves manquements intervenus en violation » de la loi portant régime juridique de la presse, pour certains mais « surtout en raison de la récidive pour d’autres ».

« Pour les journaux Le Temps, Aujourd'hui et Le Quotidien d'Abidjan, le courrier du service de communication de la présidence de la République donnant l'ordre de frapper a été l'élément déclencheur des sanctions », a déclaré au cours d'une conférence de presse au siège du journal Notre Voie, le Président du collectif des journaux victimes du 11 avril 2011, Etienne Lahoua Souanga dit César Etou. 
 
Emis le 2 avril 2014, a-t-il ajouté « l'ordre présidentiel a contraint le CNP à se réunir d'urgence le 3 avril pour infliger les peines commanditées ».
« Pis, M. Alassane Ouattara à travers son service de communication dirigé par sa propre nièce, Masséré Touré, oblige le CNP à casser les journaux libres », a poursuivi César Etou.
 
Face à ces « forfaitures », les journaux victimes du 11 avril 2011 (JV11) dénoncent selon lui, avec la dernière énergie « l'infantilisation, la manipulation et la prostitution du Conseil national de la Presse par M. Alassane Ouattara et sa famille ».
 
Invitant le CNP à ramener la sérénité dans le milieu de la presse en rapportant ces décisions « abusives et arbitraires qui consolident la dictature du pouvoir », César Etou a rejeté avec force ces décisions « arbitraires commanditées non pas pour sanctionner des fautes professionnelles mais pour terroriser la presse libre en Côte d'Ivoire ».
 
Le CNP a annoncé, lundi, la suspension des quotidiens « Aujourd'hui, Soir Info, Le Quotidien d'Abidjan et Le Temps » ainsi que l'hebdomadaire « Bôlkotch », édités, respectivement, par les entreprises de presse « Les Editions Aujourd'hui SUARL, Olympe, Aymar Group, Cyclone SARL et La Refondation SA ».
 
Le CNP reproche aux quotidiens Aujourd'hui, Le Quotidien d'Abidjan et Le Temps « l'usage abusif du terme dictateur pour qualifier le Chef de l'Etat ». Ce qui constitue, selon l'organe de régulation, une « offense » à son encontre.
 
Quant à l'hebdomadaire Bôlkotch, le CNP a relevé que l'une « des caricatures désignant le Président de la République sous le vocable de + Magellan+, le présente avec les traits du visage, exagérément, déformés ».
 
S'agissant de Soir Info, le collège des conseillers du CNP a épinglé la Une de sa publication du 6 avril 2014, « non opportune et non nuancée qui a pris le contre-pied du communiqué du gouvernement interdisant la consommation de la viande de brousse dans le cadre de la prévention contre la fièvre d'Ebola ».
 
Ce journal avait donné la parole à un « Expert congolais », Pr Muyembé qui conseillait plutôt de « ne pas cesser de manger la viande de brousse ».
 
Pour tous ces motifs, les quotidiens Aujourd'hui, Le Quotidien d'Abidjan et Le Temps écopent, chacun, d'une « suspension de 12 parutions ». L'hebdomadaire Bôlkotch prend 4 parutions de suspension et Soir Info 3 parutions.
 
Les quotidiens Aujourd'hui, Le Temps et Le Quotidien d'Abidjan ainsi que Bôlkotch sont proches du Front populaire ivoirien (FPI, ex-parti au pouvoir). Quant à Soir Info, il est indépendant.
  LS/APA