Une étude américaine met en lumière les symptômes de l'ivresse du sommeil. Un trouble méconnu dont pourrait souffrir une personne sur sept, selon les auteurs.
Il n'y a pas que l'excès d'alcool qui mène à l'ivresse, le sommeil aussi. "L'ivresse du sommeil se caractérise par une impossibilité à se lever", explique le Dr Sylvie Royand-Parola, psychiatre des troubles du sommeil et présidente du réseau Morphée. C'est en questionnant près de 20.000 adultes américains sur leurs habitudes de sommeil que les auteurs de l'étude, publiée dans la revue Neurology, ont mesuré la fréquence de ce trouble.
15 % des sondés ont déclaré avoir subi un épisode d'ivresse du sommeil au cours de l'année précédente et plus de la moitié parmi eux ont eu plus d'un épisode par semaine. Dans 84% des cas, les personnes qui avaient vécu un épisode d'ivresse du sommeil présentaient un autre trouble du sommeil. Un mal qui toucherait une personne sur sept, selon les chercheurs.
L'excès de sommeil entraîne l'ivresse
"L'ivresse du sommeil est un trouble propre à certaines personnes qui souffrent d'hypersomnie idiopathique", précise la spécialiste du sommeil. Il s'agit d'une maladie rare, d'origine inconnue, dont les symptômes sont caractérisés par une fatigue intense avec des épisodes de somnolence, du réveil au coucher. Habituellement, le sommeil de nuit est perçu comme bon et très calme. Chez les hypersomniaques idiopathiques, il peut durer plus de dix heures par nuit mais le réveil est difficile : "c'est pour cela que l'on parle d'ivresse du sommeil".
Parmi les troubles manifestés, les auteurs citent des troubles mentaux (dépression, bipolarité, etc.). Le Dr Royand-Parola n'est pas convaincue par cette interprétation. "Lorsqu'un patient souffre d'un trouble mental, il considère le sommeil comme un lieu de refuge. Il exprime la volonté de ne pas vouloir se lever. Alors que dans le cas de l'ivresse du sommeil, le patient n'y arrive tout simplement pas".
Dérèglement de l'horloge interne
Selon l'étude, la durée du temps de sommeil est un élément exposant à l'ivresse du sommeil. Parmi l'échantillon des personnes interrogées, 20% ayant admis dormir moins de six heures par nuit déclarent avoir un réveil difficile, voire impossible. "Le manque de sommeil peut en effet se manifester par une confusion au réveil. Mais, dans cette configuration, on ne peut pas parler d'ivresse du sommeil". Celle-ci est la conséquence d'un déséquilibre profond entre les besoins de sommeil et l'horloge interne, en raison d'un excès de sommeil.
Le sommeil est régulé par l'horloge interne. Nichée au centre du cerveau, elle impose le respect du rythme circadien (24 heures) à l'organisme. Lorsqu'elle est déréglée, elle entraîne des troubles du sommeil. "Pour retrouver un sommeil serein, le patient devra réaménager son sommeil avec des réveils plus fréquents pour s'accorder avec son horloge interne", conseille le Dr Royand-Parola.
L'ivresse du sommeil, un trouble méconnu - Photo à titre d'illustration