Sorti il y a un mois, l'ouvrage de Pierre Péan, « les nouvelles affaires africaines » (Fayard) confirme le caractère frauduleux de la présence du clan Bongo au pouvoir, avant et après les élections de 2009.
Il est de notoriété publique qu'Ali Bongo est nigérian, biaffrais recueilli par la famille Bongo pendant la guerre du Biaffra, province dont la révolte était soutenue en sous-main par les services secrets français et par Jacques Foccard, conseiller à la présidence de la République française, à la sinistre réputation.
Le livre foisonne de détails sur le mode de fonctionnement du régime, la main mise d'un Béninois sur les ressources du Gabon et sur le cerveau de celui qui occupe indument la présidence de la République, sur le business politico-mafieux avec l'ex épouse de Nicolas Srakozy et de son nouveau mari, un affairiste installé aux Etats-Unis.
Pierre Péan décrit avec précision la mécanique infernale du putsch électoral de septembre-octobre 2009, l'inversion des résultats de l'élection présidentielle à l'issue de laquelle André Mba Obame avait gagné. La complicité de Nicolas Sarkozy est précisée dans le maintien de M. Bongo.
La population gabonaise se mobilise autour du Front de l'opposition, comme l'a démontré le rassemblement à Sobraga, il y a une semaine. Le 22 novembre, un nouveau rassemblement populaire se déroule à Port-Gentil, ville dans laquelle j'ai eu l'honneur de mener campagne en faveur du Parti gabonais du Progrès. J'étais alors conseillère spéciale de Pierre-Louis Agondjo-Okawé, député-maire de Port-Gentil et membre du bureau national du Parti gabonais du Progrès, parti affilié à l'Internationale socialiste.
Il faut désormais que l'élection présidentielle ait lieu au plus vite, que M. Bongo quitte le pouvoir dans des délais rapprochés, qu'une phase de transition puisse se dérouler. La constitution doit être revue pour l'inscription d' un scrutin normal à deux tours comme dans tous les pays du monde.
L'article 10 de la constitution doit être respecté. Nul ne peut se présenter à l'élection présidentielle s'il n'est né au Gabon.
Nous exigeons un test ADN pour déterminer le lien de parenté de M. Ali Bongo aux fins de prouver sa filiation avec ceux dont il se réclame « fils biologique ». Il est gabonais, or, en sa qualité de personne adoptée, il ne pouvait prétendre se présenter à l'élection présidentielle. La Cour constitutionnelle étant présidée par sa belle-mère, celle-ci n'a évidemment pas veillé à ce que M. Bongo soit écarté d'emblée de l'élection présidentielle. Il a le droit d'être gabonais parce qu'adopté par des parents gabonais. Même s'il n'avait pas été adopté, le statut de parent social existe dans le droit coutumier. Ce qui lui est reproché est de s'être présenté tout en sachant pertinement que, selon la constitution adoptée par le régime lui-même, il n'en avait pas le droit.
Le Gabon est aux prises depuis près de 50 ans à une crise éthique, qui dénature jusqu'aux rapports humains normaux. Corruption, absence de civisme démocratique ou de patriotisme, faux et usages de faux... le régime en place abîme l'image du Gabon par delà le monde.
En définitive, le livre de Pierre Péan est une contribution à la démocratie et éclaire les milieux politiques européens sur le pouvoir caricatural au Gabon. La gouvernance des pays de l'Union européenne, des Etats-Unis de Barack Obama, ne peuvent continuer à progresser tandis qu'une partie du continent africain donne de lui-même l'image grotesque d'un pouvoir incompétent et mu par aucune des valeurs qui fonde l'universalisme démocratique.
Il faut cesser de se moquer du peuple gabonais.
« Ce n' est pas haïr que d'aimer son peuple
Je dis qu'il n'est pas de paix armée
De paix sous l'oppression
De fraternité sans égalité
J'ai voulu tous les hommes frère. »
Le personnage Chaka « aux martyrs bantous de l'Afrique du Sud ».
Léopold Sédar Senghor « Ethiopiques » - 1956.
Mengue M'Eyaà
Présidente du conseil exécutif
Mouvement Civique du Gabon
Gabon: la démission de M. Bongo à l'ordre du jour du peuple gabonais ! - Photo à titre d'illustration