Fronde sociale : La parade d’Alassane Ouattara

  • 03/05/2017
  • Source : Bénin Monde Infos
L’année 2017 s’est ouverte en Côte d’Ivoire avec une série de mutineries dans l’armée et des  grèves perlées au niveau de la fonction publique.

Pour calmer le jeu, le président Ouattara a pris des engagements et demandé un moratoire. Alors que les moratoires arrivent à échéance, un élément nouveau met en difficulté, le chef de l'Etat: la crise du cacao qui met à mal, les prévisions gouvernementales. Une façon de mettre les frondeurs devant le fait accompli.

Eureka. C’est désormais trouvé. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a découvert la nouvelle recette contre la grogne qui monte en flèche tant chez les fonctionnaires que les ex-mutins. Il s’agit d’une nouvelle donne : la chute brutale de 40% des cours mondiaux du cacao. Dans un langage de vérité, le chef de l’Etat a expliqué aux Ivoiriens, comment le passage du kilo de 1.100 F CFA à 700 F CFA, a mis à mal le budget national. Face à cette descente aux enfers des recettes budgétaires, l’Etat a opéré des coupes sombres de 05 à 10 % sur les fonds alloués à chaque ministère.

Mais à y voir de plus près, le moment choisi et la façon dont le tableau a été présenté,  ne sont pas anodins. Le chef de l’Etat a saisi l’occasion de la fête du travail coïncidant avec la veille de l’expiration des moratoires accordés par les fonctionnaires et les ex mutins, mécontents. Le chef de l'Etat les prépare certainement à ne plus renouveler les motions de grève, même s’il n’arrivait pas à honorer ses engagements à terme. Lui, qui a été obligé de réduire le budget des ministères, n’est certainement pas prêt à payer 249 milliards de FCFA d’arriérés, uniquement aux travailleurs et 102 milliards aux soldats mutins de janvier et de février, dans les conditions actuelles.

En présentant aux travailleurs, les difficultés économiques du pays, le président Ouattara les met devant leurs responsabilités. Plus de grèves jusqu’en fin juillet 2017. Ce serait désormais du non patriotisme que de se lancer dans la fronde après les déclarations solennelles du chef de l’Etat. Le numéro 1 ivoirien a donc trouvé les mots justes pour désamorcer les  débrayages qui s’annoncent du côté des fonctionnaires et la grogne perceptible chez les ex mutins.

Il faut rappeler que le chef de l’Etat était face à plusieurs frondes en début d’année. D’un côte, des soldats mutins qui réclamaient chacun environ 12 millions de f Cfa et de l’autre, les fonctionnaires qui exigeaient le paiement des arriérés de salaires, estimés à 249 milliards de F CFA. Face à ces deux foyers de tensions, l’exécutif a pris des engagements et demandé un moratoire de chaque côté. Mais face à cette situation économique qui perdure, les travailleurs et soldats mutins devront prendre leur mal en patience.

Christophe SESSOU