Le groupe franco-africain Eranove, producteur et distributeur d’électricité et d’eau potable en Afrique de l’Ouest, a choisi d’être introduit en Bourse à la fois à Paris et à Abidjan. C’est la première fois qu’une double cotation est tentée par un opérateur ouest-africain.
Lundi 30 novembre, Eranove, spécialiste de la gestion de l’électricité et de l’eau sur le continent, a procédé à l’enregistrement de son introduction en Bourse sur Euronext à Paris, auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Le groupe va procéder ultérieurement à sa cotation à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) à Abidjan. Cette double opération se fera au premier trimestre 2016. La priorité a été donnée à la place de Paris, parce qu’elle seule peut permettre de lever au moins 160 millions d’euros sur les 200 millions d’euros escomptés.
« Nous souhaitons coordonner les deux introductions en Bourse », indique Vincent Le Guennou, son président. En effet, Abidjan pèse aussi de tout son poids, car l’entreprise française veut être identifiée comme un opérateur africain. « Nous espérons être la quarantième valeur de la BRVM », a précisé son président. La levée de fonds espérée sera d’ailleurs indispensable pour soutenir les grands contrats qu’Eranove a décrochés au Mali (une centrale hydroélectrique), en Côte d’Ivoire (deux centrales hydroélectriques), au Gabon (deux centrales hydroélectriques), au Cameroun (une centrale thermique) et au Ghana (une centrale thermique). Dans ces deux derniers pays, l’entreprise française s’est alliée à l’américain General Electric. Pour l’heure, 70 % de ses revenus proviennent de Côte d’Ivoire.
Actionnaires gâtés
Eranove a réalisé un chiffre d’affaires de 430 millions d’euros en 2014 et dégagé un résultat net de 31 millions d’euros avec trois métiers : la production indépendante d’électricité, avec ses filiales, Ciprel en Côte d’Ivoire et Kénié au Mali ; la gestion des services publics liés à l’électricité (CIE) et la gestion des services publics de l’eau (SODECI).
Etre reconnu comme un authentique acteur africain du secteur constitue un atout dans les négociations avec les gouvernements qui décident des concessions et lancent les appels d’offres. L’entreprise a aussi alloué 6,8 % de son capital aux dirigeants africains du groupe. Si Eranove a son siège à Paris, ses activités se déploient en Afrique et son management est africain à 90 %. Le groupe est par ailleurs adossé à deux grands actionnaires : le fonds d’investissements ECP FII à hauteur de 55,9 % et Axa à 18,6 %, qui a récemment racheté les parts de Bouygues.
Pour attirer les investisseurs des deux places boursières, l’entreprise avance deux arguments : d’une part, Eranove déploie ses activités sur des marchés qui connaissent une forte croissance en Afrique. « La demande d’électricité enregistre une croissance supérieure à 7 % par an en Afrique et le besoin de financement pour électrifier le continent se chiffre à 48 milliards de dollars par an », explique Marc Albérola. D’autre part, « nous souhaitons qu’à terme, 60 % du résultat net de l’entreprise aille aux dividendes », annonce Eranove. Or nombre d’entreprises du CAC40 affichent un taux de distribution des bénéfices inférieur à 60 %. Les actionnaires d’Eranove seront donc très gâtés.
Eranove décide une double cotation à Paris et à Abidjan