Entretien / Joël Ettien, président du CR-PDCI-France, dit tout: "Bédié, Banny, KKB, présidentielle 2015, le Pdci et moi"

  • 13/05/2014
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan
Sorti du journalisme politique, Joël Ettien, a décidé de mettre ses deux pieds à l’étrier, depuis le samedi 29 mars 2014 où il a mobilisé en Europe pour un meeting sur le thème : «pour une Côte d’Ivoire unie et forte», animé par le député de Port-Bouët et Vice-Président du groupe parlementaire PDCI, Kouadio Konan Bertin dit KKB.

Le journaliste franco-ivoirien semble mordre à l’hameçon politique. Il fait partie de la coordination du renouveau PDCI Europe. Entretien juste après la composition de son bureau.

On vous connait comme journaliste sur certaines télévisions. Qu’est-ce qui justifie votre engagement en politique?
 
A dire vrai, la ligne de démarcation entre le journalisme politique et la politique est très tenue. Je suis juste passé de l’autre côté du micro. Beaucoup l’ont fait avant moi et d’autres le feront après moi. Il n’y a là rien d’extraordinaire.

Est-ce à dire qu’il n’y a aucune raison particulière à votre engagement militant et partisan?
 
Mon engagement en politique procède d’un double constat : La Côte d’Ivoire est dans une crise profonde depuis bien longtemps ; le PDCI RDA est quasiment inexistant en France, voire en Europe. Il s’agit là de deux préoccupations en apparence distinctes, mais seulement en apparence, car dans la réalité sociopolitique de notre pays, il s’agit des deux faces d’une même pièce. Un PDCI fort étant un vrai atout pour notre pays. 

A propos de la gestion sociopolitique ivoirienne, quelle analyse faites-vous?
 
Notre pays traverse une crise gravissime face à laquelle ce serait une faute de rester dans la stratégie confortable de l’évitement. Il nous faut combien de dégâts sociaux, combien de sacrifices en vies humaines pour enfin nous rendre à l’évidence ? Vous me parlez de gestion de la crise, écoutez, il est évident qu’il y aurait beaucoup à redire sur la gestion de la crise. Globalement, on peut sans risque de se tromper, avancer que nos gouvernants n’ont pas été parfois à la hauteur de nos attentes. Nous y reviendrons sans doute plus loin.

Vous avez été l’homme-orchestre pour l’organisation du meeting sur le thème : « pour une Côte d’Ivoire unie et forte ». Est-ce une initiative personnelle ?
 
Il s’agit d’une œuvre collective qui a impliqué l’association unie plusieurs frères et sœurs de la diaspora ivoirienne de France, d’Italie, d’Allemagne et d’Angleterre et plus globalement d’Europe. Ensemble, nous avons décidé d’organiser ce meeting pour montrer que ce qui nous rassemble est bien plus fort que ce qui pourrait nous diviser. Nous sommes heureux d’avoir pu fédérer dans le cadre de ce meeting nos frères et sœurs du FPI, du RDR et bien d’autres formations politiques. Montrant ainsi qu’en ce qui concerne les ivoiriens de la diaspora, les lignes sont en train de bouger. Nous ne pouvons que nous en réjouir.

Le choix de l’orateur porté sur KKB aussi, est voulu ?
 
Le choix de KKB s’est fait le plus naturellement du monde. Son parcours politique, ses prises de position courageuses et pleines d’espérance pour le futur sont autant d’atouts qui ont pesé lourd dans la balance.

Pour nous, le député de Port-Bouët et Vice-Président du groupe parlementaire du PDCI est de par sa modération et sa pondération, une forme de synthèse à l’Ivoirienne à partir de laquelle peuvent être mis sur la table les vrais défis de la nouvelle Côte d’Ivoire que nous appelons de nos vœux. KKB est l’un des rares politiques ivoiriens, dans les circonstances actuelles, à rassembler au-delà de son parti.

Je peux aussi affirmer, sans risque d’effaroucher quiconque, qu’il est sans doute celui qui s’inspire le mieux de l’idéologie d’Houphouët-Boigny et des valeurs de l’Houphouetisme . A Paris, KKB a réussi à parler avec tous les Ivoiriens qu’ils soient du FPI, de la galaxie patriotique, du RDR, et de tous les autres mouvements politiques et de la société civile, présents en France. Et cela sans forcer. C’est une prouesse à signaler et à saluer. 

N’avez-vous pas eu la peur au ventre, quand certains résistants LMP sur la place de Paris prenant KKB comme un élu RHDP, ont voulu boycotter votre meeting ? 
 
Sur ce prétendu épisode, certains correspondants de la presse ivoirienne en France ont parfois donné dans le sensationnel. KKB n’a fait l’objet d’aucune agression caractérisée. Bien au contraire, et pour ne citer qu’un exemple, en dépit du transfèrement de Blé Goudé à la Haye, une importante délégation du COJEP Paris a tenu à assister au meeting. Voilà la vérité.

Il s’agit-là d’un symbole plus fort que toute autre justification. KKB entretient des liens très forts avec de nombreux ivoiriens de la diaspora. Ils lui savent gré d’être un homme qui a le souci du rassemblement, de l’apaisement et qui est capable de porter des convictions très fortes et de mener des combats utiles à tous. Je le remercie sincèrement d’avoir rehaussé le niveau du débat et de s’être rendu disponible pour répondre, sans faux fuyant, aux préoccupations de nos frères et sœurs de la diaspora.

Vous l’avez soutenu pendant le congrès ?
 
Oui, le journaliste que je suis a tout de suite compris que KKB portait quelque chose qui pouvait aider au relèvement progressif de notre pays. Je me suis donc associé à son combat, à l’intérieur du PDCI RDA, notamment lors du dernier congrès.

Pendant la campagne du congrès, vous n’avez pas été tendre envers le président Bédié, quelles sont vos raisons ?
 
Non, ne remontons plus le temps. Après le congrès, tous les feux sont éteints. Je me conforme comme tout bon militant aux décisions prises au Congrès. A cet égard, je dois avouer que le thème du Congrès et certaines résolutions m’ont contraint à mettre balle à terre.

Certains militants appellent KKB 3%. Que vous dites-vous de ce dénigrement ?
 
Chacun devrait savoir qu’une trajectoire politique n’est jamais un long fleuve tranquille. Il y a des défaites qui augurent des lendemains promoteurs. Dans le cas d’espèce, il serait très réducteur de résumer le combat mené par KKB au sein du parti à son score au congrès.

La vraie question est celle-ci : Le congrès a-t-il pris en compte le combat qu’il a porté ? C’est manifestement oui, car le PDCI aura bel et bien un candidat aux prochaines présidentielles. Là, se trouve l’essentiel. En tout état de cause, je reste persuadé que KKB est l’un des grands atouts du PDCI RDA d’aujourd’hui car il est l’un des rares à pouvoir parler avec tous les ivoiriens. Et il est un grand espoir de la politique ivoirienne.

Vous venez d’officialiser votre bureau de la coordination du renouveau PDCI France, êtes-vous ou seriez-vous reconnus par la direction du PDCI ?
 
Nous n’avons aucun doute qu’il en sera ainsi. La coordination ne prône rien qui soit contraire aux textes du PDCI RDA. Bien au contraire, notre mouvement est à la disposition du parti. De plus, comme chacun peut s’en rendre compte, le parti est quasi inexistant en France.

Il n’y a aucune initiative, aucune action. Dès lors, la première de nos missions est de travailler au réveil de ce grand parti qui ne peut se permettre d’être aussi atone (sans voix Ndlr) en Europe. A cet égard, mon bureau et moi-même, nous préparons à faire ce qu’il faut, pour entrer en contact avec la haute direction du Parti et solliciter notre intégration pleine et entière à la vie du parti. 

Que comptez-vous apporter de nouveau au PDCI RDA ?
 
Avec humilité, non sans récriminations, nous pensons pouvoir apporter beaucoup à notre parti. D’abord, nous pouvons être le nouveau bras avancé du Parti en Europe. En tant que coordination structurée, nous revendiquons une souplesse de déploiement et une forte capacité d’actions.

En fait, il s’agit là, de tout ce qui fait défaut aujourd’hui. Cette capacité de mobilisation nous permettra aussi d’établir les passerelles nécessaires au recrutement de nombreux frères et sœurs qui voient en notre parti ‘’l’ultime possibilité’’ de sortir notre pays de la crise profonde dans laquelle il est enfoncé. Notre coordination se propose donc de tendre la main à tous nos frères et sœurs qui, bien que désireux de prendre contact avec notre parti n’ont jamais su qui contacter en France. 

Quel regard portez-vous sur la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation ?
 
Écoutez ! La CDVR est certainement le projet le plus important de notre pays aujourd’hui et sans doute pour les années à venir. L’exemple du recensement montre que nous ne pourrons pas faire de la réconciliation un sujet de seconde zone. Nous souhaitons que tout soit mis en œuvre pour que le travail de la commission que dirige le Président Banny soit couronné de succès, afin que tous les fils et filles de notre pays réapprennent à vivre ensemble.

Vous venez de sortir un manifeste pour dire non à la candidature unique, qu’est-ce qui vous effraie vous-même ?
 
Il ne s’agit pas d’un combat personnel. Les militants et les cadres du PDCI pensent que notre parti ne peut se permettre d’être absent des élections présidentielles, sans se mettre durablement en péril.

C’est cette position que nous prenons à notre compte et que nous relayons. Nous ne faisons que la répéter et nous rappelons à la Direction du parti et à son Président, de bien vouloir se conformer à une des résolutions du Ccongrès sur ce sujet et surtout à faire diligence pour définir la date de la Convention, destinée à désigner notre candidat. Nous avons hâte de faire campagne.

Quel impact votre coordination aura sur les prises de décisions à Abidjan?
 
Il est temps qu’on accorde à la diaspora la place qui doit être la sienne au sein des organes de décision des différents partis politiques ivoiriens. Nous pallions les difficultés de nos Etats en matière de politique sociale en portant assistance à nos parents et amis. Nous détenons donc un poids économique qu’on ne saurait négliger.‎ Bien entendu, nous nous structurons afin de pouvoir être utiles aux débats au sein de notre parti.

Est-il vrai, qu’en Afrique, un pouvoir qui organise les élections, ne les perd jamais ?
 
Ce n’est pas toujours vrai. De nombreux exemples montrent qu’on peut organiser les élections et les perdre. Voulez-vous que je vous en cite quelques-uns ? Si je devais suivre votre raisonnement, alors Laurent Gbagbo serait encore au pouvoir en Côte d’Ivoire, au Sénégal Macky Sall n’aurait pas battu Wade et Wade lui-même n’aurait pas battu Abdou Diouf. C’est dire combien je crois au retour de mon parti le PDCI-RDA aux affaires en 2015.

Un mot à l’endroit de la diaspora ivoirienne ?
 
Je dis merci aux nombreux Ivoiriens de la diaspora qui se sont déplacés massivement à notre meeting. Je leur demande de rester mobilisés, afin d’aider à une sortie réelle et définitive de la crise en Côte d’Ivoire. Je souhaite aussi que nos prises de position et notre engagement, fassent de la coordination, une référence et, permettent enfin à une structure du PDCI-RDA d’être audible en France et en Europe. Je dis encore merci au député KKB qui nous a honorés de sa présence. Je souhaite aux ivoiriens de garder foi en l’avenir.
 
D.V, avec la collaboration du service communication CR-PDCI