Drame à Gnaliépa : Un policier et sa fiancée tués par balles

  • 09/09/2013
  • Source : Soir Info

Les populations de Gnaliépa, bourg situé à environ 1 km de la commune de Ouragahio dans le département de Gagnoa, connu surtout pour être le village de la mère de l'ex-chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, étaient encore sous le choc du double homicide qui s'y est produit le samedi 7 septembre 2013 à notre arrivée.

Un drame impliquant deux éléments de la Police nationale qui se sont donnés la mort à l'arme à feu. Il s'agit des sergents Gnadou Blanchard du district de Yamoussoukro détaché à la Gestoci et Coulibaly Gnindan Céline, qui, elle est en service à l'aéroport Félix Houphouët Boigny d'Abidjan Port-Bouët. Mais que s'est-il passé cette nuit-là, pour que ces morts viennent en rajouter à la détresse des populations de ce village déjà affligées par la disparition d'un des leurs ?

Dans les faits,selon des témoignages recueillis sur place, Gnaliépa est frappé par la mort d'un de ses dignes fils en la personne de Kahidé Attoukouayé. Alors, ce vendredi 6 septembre 2013 précédant le jour de son inhumation, tout le village et des populations de bourgades voisines, venus apporter leur soutien, sont réunis sur la place publique. Ce, pour les funérailles. Parmi eux, des policiers en grand nombre. Ces derniers sont également présents pour soutenir leur collègue de promotion qu'est le sergent Makré, fille du défunt. Toute la nuit, les funérailles battent leur plein avec le folklore que l'on sait en pareille situation, en pays Bété.

Peu après 3h du matin, on voit deux des policiers s'emparer de leurs chaises et aller se tenir un peu plus loin du vacarme, dans la pénombre. Ils veulent sans doute échanger dans le calme. Mais de quoi ? En tout cas, personne ne s'occupe vraiment d'eux. Et pourtant, toute l'attention va bientôt se focaliser sur eux, au détriment même des obsèques du vieux Kahidé Attoukouayé. C'est que, peu de temps après, un coup de feu vient brutalement surclasser les bruits des tam-tams et autres castagnettes avec lesquels jouent les chansonniers. On cherche à comprendre ce qui se passe une deuxième détonation se fait entendre. Toujours du côté où deux des policiers, un homme et une femme, s'étaient à l'instant retirer.

Alors, on y accourt. Et ce qu'on découvre est dramatique. Étalé au sol, sans vie et en sang, un homme. Dans une chaise « Malaga », juste en face, un autre corps sans vie. La tête qui a basculé sur le côté, est également en sang. Les corps qui portent des impacts de balles, sont tout de suite identifiés comme étant ceux des sergents Gnadou Blanchard et Coulibaly Gnindan Céline.

Informée de la mort tragique de ses collègues venus la soutenir dans sa douleur, le sergent Makré ne tient pas le choc. Elle perd connaissance. Gnaliépa est en ébullition devant cette double tragédie. Il faut noter que sous la chaise dans laquelle est affaissée le sergent Coulibaly Gninda Céline, se trouvait un pistolet automatique avec le canon encore fumant. L'arme qui a servi au double homicide. Mais enfin, qui des deux malheureux a commis ce dramatique acte ?



Drame sur fond de trahison amoureuse ?

Interrogée, une habitante du village qui dit avoir suivi la tragique scène, explique. A l'en croire, les deux policiers qui s'étaient mis à l’écart, discutaient, quand subitement, le ton est monté. Toujours selon les propos de cette dame, à la suite des éclats de voix, la policière sort de son sac à main un pistolet et tire à bout portant sur son interlocuteur. Et au moment où les gens accouraient pour en savoir davantage, elle retourne l'arme contre elle, avant de se tirer une balle dans la tempe. Mais cette version est balayée du revers de la main par des agents des forces de l'ordre venus procéder au constat d'usage avant l'enlèvement des dépouilles.

Pour eux, au regard de la position des impacts de balles, la thèse plausible est celle qui incrimine le sergent Gnadou Blanchard comme étant l'auteur du double homicide. Alors, il aurait donc tiré sur sa collègue, avant de se suicider. Vu ces contradictions dans les explications de ce drame, une enquête sérieuse est ouverte, pour situer sur la vérité. Mais quelles relations les deux policiers entretenaient-ils, au point d'avoir une discussion houleuse avant que tout ne bascule dans l'horreur ?

Selon des informations reçues auprès de leurs collègues, Gnadou Blanchard et Coulibaly Gnindan Céline se sont connus pendant leur formation à l'École nationale de la police ( Enp). Et c'est pendant cette formation, qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre. De leurs relations intimes, naît un enfant. Cette relation amoureuse, les deux projettent de la solidifier par les liens sacrés du mariage.

Malheureusement, à la fin de leur formation, leurs différents lieux d'affectation les séparent. Coulibaly Céline est affectée à l'aéroport Félix Houphouët Boiggny quand Gnadou Blanchard, lui, se retrouve au district de police de Yamoussoukro. C'est là que les choses vont se détériorer, la nature ayant horreur du vide.

De fait, notent toujours les témoignages d'autres policiers, une fois dans la capitale administrative du pays, le jeune sergent Gnadou va s'engager dans une nouvelle aventure amoureuse avec une autre fille à qui, il met, du reste, la bague au doigt. Enterrant du coup, tous les projets avec Coulibaly Céline. Un coup dur que ne supporte pas de toute évidence, cette dernière. C'est dans le climat brumeux de cette relation amoureuse plombée, que les deux se retrouvent à Gnaliépa, aux funérailles du père de leur collègue. Puis, vint cette terrible nuit du vendredi 6 au samedi 7 septembre 2013.



Guy NEZO,