District d’Abidjan/Crise post-électorale : Des corps importants recherchés

  • 22/01/2014
  • Source : Soir Info
De nombreux squelettes, notamment de six (06) personnes, non encore formellement identifiées, ont été exhumés, le jeudi 16 janvier 2014, au cimetière municipal d’Abobo, en présence du Procureur de la République,Adou Richard Christophe, selon des sources proches du dossier.

A Abidjan, la commune d’Abobo - un fief d’Alassane Ouattara - avait été particulièrement touchée par les violences post-électorales. Ces « squelettes » ont été transportés à l’Ivoirienne de sépulture ( Ivosep), avant d’être déposés à l’Institut médico-légal pour des examens approfondis.Une tache macabre mais essentielle pour démêler l’écheveau des massacres des femmes d’Abobo en mars 2011. 
 
Cette opération d’exhumation a débuté le 15 janvier 2014. Il s’agit, selon nos sources, de mener des fouilles dans l’enceinte du cimetière qui avait accueilli plusieurs centaines de corps résultant de la crise poste-électorale, dont ceux des femmes manifestantes tuées lors de la marche du 3 mars 2011. L’inhumation de ces femmes avait été faite dans ce cimetière, selon nos sources, en avril 2011.

C'est donc la présence de ces corps qui fonde les recherches des enquêteurs. Le 3 mars 2011, au moins six femmes avaient trouvé la mort à Abobo où les forces de l'ordre fidèles au président  sortant Laurent Gbagbo, ont dispersé un rassemblement dans le quartier  favorable de son rival Alassane Ouattara, proclamé vainqueur de l’élection présidentielle par la Cei, mais reclus au Golf Hôtel avec « son gouvernement ».

Plusieurs centaines de femmes s'étaient réunies dans la matinée au rond-point du quartier face à la Mairie et scandaient les slogans "Gbagbo, dégage!", "on ne veut pas de Gbagbo" et "Alassane président", avant que le drame ne survienne. Quand les Forces de défense et de sécurité (Fds) loyales au dirigeant sortant, à bord notamment d'un blindé, "sont arrivées au niveau du regroupement, elles ont ouvert le feu", avaient rapporté des témoins.

"Six femmes ont été tuées sur-le-champ". Le marché Siaka Koné avait été ensuite bombardé. Une théorie rejetée à l’époque par le gouvernement, mettant en avant la thèse d’un « complot » contre lui, soulignant que « ce massacre était un grossier et fantaisiste montage ». Aujourd’hui, les enquêteurs veulent savoir si oui ou non, ces femmes ont été effectivement tuées par balles des ex-Fds.

Une autre nouvelle fosse commune a été découverte, contenant les restes du colonel Dosso, tué lui aussi à cette époque et son cadavre jeté sur l’autoroute du Nord.

Ces mises à jour s'ajoutent à celles réalisées déjà et qui portent sur des dizaines de corps découverts dans des sépultures… Ces tueries, dont celles des femmes d’Abobo, non élucidées à ce jour, sont des épisodes sombres de la crise post-électorale qui a opposé forces loyalistes, commando invisibles et militants pro-Ouattara, notamment, dans la commune d’Abobo.

Signalons qu’outre le procureur de la République, le Doyen des juges d’instruction, Coulibaly Victor, le juge d’instruction du 9 ème cabinet, Essienne Sosiane, l’équipe de l’institut médico-légal du District d’Abidjan, l’équipe technique d’exhumation, l’institut national de l’hygiène publique, l’équipe de la cellule de la police scientifique et technique, ont pris également part à ces exhumations.

Armand B. DEPEYLA