Désarmement, réforme de l’armée : Le Fpi redoute une bombe à retardement

  • 09/09/2013
  • Source : Nord-Sud

La passation de charges entre Miaka Ouretto et Pascal Affi N’Guessan à la présidence du Front populaire ivoirin (Fpi) a eu lieu, samedi. Une occasion au cours de laquelle le président entrant a donné un discours d’orientation et il reconduit la direction intérimaire du parti.

Réinstallé samedi dans son fauteuil de président du Front populaire ivoirien (Fpi), Pascal Affi N’guessan a fait un diagnostic de la situation socio-politique. Revenu d’une détention de 26 mois à Bouna, période pendant laquelle un intérimaire, Sylvain Miaka Ouretto, a géré le parti, il a surtout stigmatisé les questions sécuritaires. « L’absence de volonté et l’impuissance observée dans le désarmement des ex-combattants et dans la réforme de l’armée apparaissent comme une épée de Damoclès, une bombe à retardement qui menace en permanence tout effort de normalisation », a-t-il constaté, dans un discours d’orientation lu au siège provisoire du parti, à Cocody-Attoban.

S’indignant des manquements, occupation des domaines publics et manifestations d’ex-combattants, il a demandé au «gouvernement de tout mettre en œuvre, afin de trouver définitivement et durablement une solution, une vraie solution, à cette situation». S’il estime que la normalisation urge dans la sécurité, il dit aussi que la réforme de ce secteur s’impose. « Elle doit être démocratique et transparente, a-t-il proposé, afin que l’armée nationale et toutes les institutions qui participent à la sécurité nationale soient l’expression de la volonté nationale. » Parlant d’une autre institution, la Constitution, il a déploré qu’elle ait subi des « agressions » au fil des crises qu’a connues le pays. D’où sa préoccupation qu’aujourd’hui encore, cette boussole du peuple est confrontée à des difficultés. Pour remédier à pareille situation, le Fpi réclame de « vrais débats » dans le but de « reconstruire de nouvelles légitimités et refonder le pays ». Entre-temps, l’ex-Premier ministre suggère une dynamique de rapprochement des Ivoiriens.

« Le débat, précise-t-il, c’est comment réconcilier la Côte d’Ivoire avec elle-même, comment fonder une nation de la diversité et de la fraternité, débarrassée du tribalisme, du communautarisme et des fondamentalismes, une nation laïque et démocratique ? le débat c’est comment refonder l’Etat, un Etat pour la Liberté, pour l’Egalité et pour la Fraternité ; un Etat pour la Démocratie? Un Etat pour la Bonne gouvernance, pour la prospérité ». La santé économique du pays n’avait pas échappé à l’œil critique de l’opposant.

« Ainsi, dira-t-il à titre de comparaison, il est bon de savoir que si le gouvernement a annoncé avec grande pompe un taux de croissance de 9,8% en août 2013, la moyenne de 2011 à 2013 ne s’établit qu’à 2,55%, contre 3,1% entre 2009 et 2010 pour Laurent Gbagbo ». « Au surplus, seulement 0,5% de ce taux de croissance provient du secteur primaire (agriculture et produits miniers) qui emploie pourtant la grande majorité de la population ivoirienne », a-t-il déduit. Notons que le président entrant a reconduit l’ancienne direction du Fpi. Ainsi, Laurent Akoun en est le secrétaire général, porte-parole Aboudrahamane Sangaré alors que Simone Gbagbo et Miaka Ouretto, en sont respectivement premier, deuxième et troisième vice-présidents.

Bidi Ignace