Crise ivoirienne : Une avocate révèle: «Tous les anciens chefs de guerre seront jugés»

  • 06/01/2014
  • Source : L'Inter
Invitée de l’émission du confrère Alain Foka, ‘’Le débat Africain’’, hier dimanche 5 janvier, sur RFI, Me Diallo Sissoko, avocate et présidente du Réseau paix et sécurité pour les femmes dans l’espace Cedeao-Côte d’Ivoire, a fait une révélation de taille sur le sort qui est réservé aux anciens chefs de guerre ivoiriens.

L'avocate précise en effet que ses '' seigneurs de guerre '' de l'ex-rébellion seront bientôt traduits devant les juges pour répondre des faits qui leur sont reprochés. «Je pense que le moment venu, ils seront jugés.

Ce n'est pas normal qu'on ne les juges pas. C'est progressif, il y a des enquêtes qui sont menées», a-t-elle indiqué, allusion faite à Wattao, Chérif Ousmane, Zakaria, Vetcho, Morou Ouattara, Jah Gao et autres chefs militaires qui régnaient en maître dans les ex-zones Cno (Centre-nord-ouest).
 
Elle répondait à une question du journaliste portant sur une impunité dont jouiraient les anciens chefs de guerre. «Il y a longtemps que la justice a démarré. Aujourd'hui, on juge aussi les pro-Ouattara. Une commission spéciale d'enquête a été créée et fait son travail. Aujourd'hui, nous sommes en train de nous battre pour ne pas que cette commission soit supprimée de sorte que les victimes puissent obtenir réparation demain.

Le problème en Côte d'Ivoire, c'est que la notion de victime de guerre n'est pas définie. Il y a une discrimination entre les ex-combattants qui sont insérés comme garde pénitenciers, à la douane... tandis que la situation des victimes de guerre n'est pas résolue. Je pense que c'est un problème important.

Dans l'immédiat, il y a le problème de la justice qu'il faut régler pour que nous ayons au moins des tribunaux qui fonctionnent correctement», a-t-elle ajouté, au cours de cette émission qui était consacré au bilan à mi-mandat du président ivoirien, Alassane Ouattara. Un débat qui portait sur plusieurs sujets dont la question judiciaire. 
 
Ont également pris part à ce débat, Mamadou Touré, conseiller du président ivoirien chargé de la jeunesse et des sports et secrétaire national par intérim chargé des militants de l’étranger du RDR, d'Alphonse Douati, ancien ministre et vice-président du Front populaire ivoirien (FPI) et de Dagobert Banzio, secrétaire exécutif chargé des commissions nationales techniques au PDCI, président du Conseil régional du Cavally.

 Le ministre Alphonse Douaty a, pour sa part, dénoncé « La justice des vainqueurs en Côte d'Ivoire après le 11 avril 2011. Les événements de Nahibly, il n'y a pas encore d'enquête. Le lieu où il y a eu des massacres a été nettoyé, on ne sait pourquoi », a-t-il mentionné. Après quoi, le vice-président du FPI a dressé un tableau sombre de la justice ivoirienne. «On nous a promis l'impartialité, ce n'est pas le cas.

On nous a promis la lutte contre l'impunité et aujourd'hui, on est en train de nous promettre qu'il y aura des enquêtes. Or, nous sommes dans un bilan à mi-parcours. Cela veut dire que rien n'a été fait pendant que 800 pro-Gbagbo croupissent dans les prisons en Côte d'Ivoire», a accusé l'ancien ministre de Laurent Gbagbo.
 
La réaction du conseiller de Ouattara ne s'est pas fait attendre. M. Touré a battu en brèche les allégations de M. Douaty parce que, a-t-il expliqué, plusieurs actions ont été menées. Citant en exemple la restauration de l'appareil judiciaire, l'arrestation Amadé Ouérémi et le jugement de certains éléments des FRCI qui se sont rendus coupables d'exaction. «On ne peut pas dire que la justice est à sens unique.

Surtout de la part de personnes qui, pendant 10 ans de gouvernement, n'ont jamais éclairé les Ivoiriens sur les crimes qui ont été commis», a-t-il insisté. Quant à Dagobert Banzio, il a invité les Ivoiriens à faire confiance au gouvernement. «Nous sortons d'une situation où il fallait faire revenir la sécurité et dans une certaine mesure, sanctionner les premiers responsables.

Des personnalités du FPI ont été libérées. Les questions de Nahibly et d'autres crimes vont être absolument clarifiées dans l'intérêt de l'équité et de la justice. C'est un processus», a-t-il déclaré.
 
La réconciliation nationale a été également abordée au cours de ce débat. Tous ont reconnu les limites de la CDVR et ont convié les Ivoiriens à passer à une autre étape. Car «beaucoup reste à faire». Les questions de reconstruction, de relance économique, de paix et de sécurité ont également été discutées par les invités d'Alain Foka.
 Cyrille DJEDJED