CPI/ Après leur acquittement: Silence sur les cas Gbagbo et Blé Goudé

  • 09/04/2019
  • Source : L'Inter
Où en est-on avec l'affaire Laurent Gbagbo-Charles Blé Goudé ? Bientôt trois mois- la décision a été rendue le 15 janvier 2019- que l'ancien chef d’État et son dernier ministre de la Jeunesse ont été acquittés de crimes contre l'humanité, par la chambre de première instance 1 de la Cour pénale internationale (Cpi). Bientôt trois mois que les parties au procès ainsi que les nombreux observateurs sont dans l'attente de la décision motivée (document écrit) des juges.

Le 15 janvier, la chambre de première instance 1 s'était bornée à une décision orale. Elle a considéré que le procureur n’avait pas fourni des preuves suffisantes en vue de démontrer la responsabilité de l'ex-chef d’État et de son ancien ministre dans les graves crimes qui leur sont reprochés. Cette décision orale devait être suivie d'une décision écrite, détaillée, sur la base de laquelle l'accusation se déterminerait sur un éventuel appel de l'acquittement.

L'inter a interrogé, par courriel en date du mercredi 3 avril 2019, le porte-parolat de la Cpi sur cette attente relativement longue. De même, le journal a demandé à la Cour si un pays d'accueil a été trouvé à Charles Blé Goudé, contraint de rester dans un hôtel des Pays-Bas nonobstant la liberté conditionnelle prononcée par la chambre d'appel, le 1er février 2019. A ces deux questions, Fadi El Abdallah, porte-parole de la Cpi, a apporté cette réponse laconique : « lorsque la décision par écrit sera notifiée (aucun délai n’a été annoncé), ou qu’un accord pour l’accueil de M. Blé Goudé sera conclu, vous en seriez informé par nos canaux habituels ».

Interprétation ? La décision écrite des juges de la chambre de première instance 1 n'est toujours pas disponible. Pas plus qu'aucun accord n'a été trouvé avec un État susceptible d'accueillir Charles Blé Goudé. Des sources avaient évoqué certains pays d'Europe (Portugal) et d'Amérique du Sud (Argentine) qui auraient donné leur accord pour recevoir l'ancien leader syndical. Mais l'intéressé, avançaient les mêmes sources, aurait décliné les deux propositions au motif qu'il ne voudrait pas être trop éloigné de ses proches (Charles Blé Goudé a des proches résidant dans certains états européens notamment en Suède).

Laurent Gbagbo, l'autre acquitté de la chambre de première instance 1, n'a pas connu la même fortune que son poulain. Quelques jours après que la chambre d'appel leur a accordé la liberté conditionnelle, l'ex-chef d’État est arrivé en Belgique où il a de la famille.

L'inter a encore demandé au porte-parolat de la Cpi s'il est possible que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé se rendent en Côte d'Ivoire, leur pays d'origine. A cette interrogation, M. Fadi a répondu : « la chambre d’appel a décidé d'imposer des conditions à la mise en liberté de M. Laurent Gbagbo et M. Charles Blé Goudé dans un État disposé à les accepter sur son territoire et désireux et apte à faire respecter les conditions fixées par la chambre d'appel ».

Cette dernière réponse du porte-parole de la Cpi veut tout simplement dire que Laurent Gbagbo et Blé Goudé peuvent bien retrouver leur pays à condition que les autorités ivoiriennes donnent leur accord, et par dessus-tout, qu'elles s'engagent à respecter les conditions fixées par la chambre d'appel.

Kisselminan COULIBALY