Côte d’Ivoire: Voulant sanctioner Simone Gbagbo, le régime Ouattara met sous séquestre une plantation d’hévéa et se met à dos les populations de Akradio

  • 23/11/2013
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan
La communauté villageoise d’Akradio (Dabou) est actuellement sur le pied de guerre. Cette situation fait suite à la mise sous séquestre d’une exploitation d’hévéa sur leurs terres, exploitation présentée comme appartenant à l’ex-Première Dame Simone Gbagbo.

 Comment en est-on arrivé là ? Eléments d’explication d’un contentieux à moult rebondissements, depuis la fin de la belligérance postélectorale.
Le contentieux sur des exploitations d’hévéa à Akradio et à Tiassalé reprend de plus belle. Le dernier développement en date du 31 octobre 2013, porte sur l’application de l’ordonnance judiciaire de mise sous séquestre des biens appartenant aux pro-Gbagbo et qui stipule qu’il faut : «Identifier les biens meubles et immeubles appartenant aux personnes visées par les enquêtes; rendre lesdits biens indisponibles et geler les avoirs des personnes concernées en raison de ce que ceux-ci pourraient être les fruits des infractions poursuivies ».

Les plantations d’hévéa à Akradio et à Tiassalé selon le juge d’instruction, seraient la propriété de Madame Simone Gbagbo qui tombe sous le coup des sanctions. Une conclusion contestée par la communauté villageoise d’Akradio. Qui, depuis le 13 mai 2004, sur la base d’une convention de bail, cogère avec la société Apex Holding la plantation d’hévéa de 1.800 hectares.
 
Une superficie appartenant au village d’Akradio comme l’atteste l’arrêté n°20/MINEFOR/DDAR portant autorisation d’occupation de terrains ruraux définis par le lotissement de la forêt classée de Pebo, signé du ministre de l’Agriculture le 15 janvier 1976. Très remonté, le chef de village Agnero Simon Pierre a fait savoir qu’il ne s’agit que d’une autre manœuvre pour s’accaparer d’un bien du village.

« Nous avons tenu le dimanche 10 novembre 2013, une concertation sur ce nouveau développement de l’affaire. Et je dois vous dire que la grogne monte. Car, il est hors de question que nous acceptions l’arbitraire. Attribuer nos plantations à Madame Gbagbo, est de l’arbitraire, pour nous exproprier. La justice ne doit pas se rendre complice de cette volonté de s’accaparer par tous moyens de biens privés qui n’appartiennent pas à Mme Gbagbo», a-t-il précisé.

Une exploitation ‘’vache à lait’’ pour des FRCI toujours à l’affût
 
Le chef de village Agnero Simon Pierre souligne que c’est parce que les FRCI qui ont eu à exploiter les plantations pendant une période d’exception, ont eu à découvrir des sites ‘’vaches à lait’’. D’où le harcèlement et les intimidations, preuve des convoitises qui prennent forme du 29 juin 2011 au 11 avril 2012 s’agissant de la parcelle de Dabou (Akradio) et du 11 août 2011 au 1er septembre 2012, pour la parcelle de Tiassalé.

Avec la médiation du comité de recherche et de restitution des biens, ce n’est qu’après plusieurs mois d’exploitation illégale, qu’Apex Holding a eu accès à sa propriété, avant de signer un contrat de prestation de service de sécurité avec Diaby Daouda, un des éléments du Commandant Cobo (Ouattara Youssouf). Dégommé de son poste de chef de sécurité qui lui rapportait une rémunération mensuelle de 500.000 F, parce que désigné comme étant à la tête du réseau de détournement des sèves d’hévéa dont l’audit évalue les pertes à trente (30) millions par mois, Diaby et ses éléments chassent tous les agents de son employeur. Et dit avoir pris le contrôle de la plantation sous le motif que les revenus servent à entretenir les miliciens pour renverser le régime Ouattara.
 
A nouveau empêché d’accès à ses plantations, Apex saisit la Police militaire et la Brigade de recherches dont les conclusions écartent tout lien avec des mouvements subversifs et insurrectionnels. Mais, Diaby ne démord pas. Il revient à la charge le 08 juin 2013 avec une note de Dosso Sory, directeur de la Conservation foncière qui fait de la société Mafa Sarl et de Safinance de Mme Fatoumata Traoré, les nouveaux patrons des plantations.

Sans avoir eu à planter le moindre pied d’hévéa. «L’ordonnance qui ne cible que les plantations d’Apex, porte des erreurs sur les surfaces, les localisations et les propriétaires terriens. Il est manifeste que le Juge a été induit en erreur par des personnes dont le dessein est d’exproprier notre village et Apex Holding », estime le chef Agnero. Pointé du doigt par les villageois comme étant le responsable de leur malheur, Dosso Sory, directeur de la conservation foncière s’est défendu : « Ce n’est pas moi qui rend les décisions de justice. Je ne fais que les appliquer. La meilleure source d’information, c’est le tribunal ».
 
Joint au téléphone, un membre du cabinet du doyen des Juges d’instruction, sous l’anonymat, a montré la voie à suivre. « En l’espèce, il appartient à la partie qui s’estime lésée de saisir la chambre d’accusation. Elle entendra alors le Juge signataire de l’ordonnance de mise sous séquestre et les responsables d’Apex Holding qui auront à prouver que les plantations ciblées, n’appartiennent pas à Mme Gbagbo. C’est ce qu’il y a à faire. S’il n’y a aucun lien avec Mme Gbagbo, ils auront alors leurs biens», a confié notre source judiciaire.