Cote d'Ivoire : Plus de 50 policiers poursuivis pour racket sur les routes…

  • 31/07/2015
  • Source : AFP
Une cinquantaine de gendarmes et de policiers ivoiriens sont poursuivis, à Abidjan, pour racket sur les routes, a annoncé, hier, le procureur militaire, dénonçant un "fléau social à éradiquer".

Au nombre de 56, "ces personnes laissées libres comparaîtront, en octobre prochain", devant le tribunal militaire de la capitale économique ivoirienne et "risquent jusqu'à cinq ans de prison", a expliqué à l'Afp le colonel Ange Kessi, commissaire du gouvernement (équivalent de procureur militaire). Ces éléments des forces de l'ordre ont été pris "en flagrant délit d'extorsion de fonds (allant) jusqu'à 5.000 FCfa (7,62 euros)" sur des automobilistes à des barrages routiers, a-t-il expliqué.

"Le racket est un frein à l'économie nationale qui provoque le désordre social et est à l'origine des mouvements contre la vie chère", a estimé le colonel Kessi. "L'extorsion par les forces de sécurité aux barrages routiers reste un grand problème en Côte d'Ivoire, quatre ans après que le gouvernement du président Alassane Ouattara a pris l'engagement d'y mettre fin", a déploré Human rights watch (Hrw) dans un rapport publié mercredi. Hrw a exhorté le gouvernement ivoirien à "relancer ses efforts pour lutter contre l'extorsion aux barrages, qui porte atteinte à la liberté de mouvement et au droit de propriété des conducteurs et des résidents en Côte d'Ivoire".

La décennie de crise politico-militaire en Côte d'Ivoire, qui a culminé avec les violences post-électorales de 2010-2011, s'était accompagnée d'une explosion du nombre de barrages routiers et du racket à travers le pays. L'économie ivoirienne a perdu, en 2014, 340,5 milliards de FCfa (567 millions de dollars Us) du fait du racket et de l'extorsion de fonds, contre 369,6 milliards de FCfa (616 millions de dollars Us) en 2012, selon les chiffres officiels cités par Hrw.

…Rsf demande la libération d'un journaliste pro-Gbagbo

L'organisation Reporters sans frontières (Rsf) a demandé, hier, la libération du directeur de publication du quotidien ivoirien "Aujourd'hui", interpellé et incarcéré la veille, à Abidjan, pour "outrage au chef de l'Etat", Alassane Ouattara.

Dans un communiqué transmis à l'Afp, Rsf dit avoir appris "avec surprise et consternation le placement en détention préventive à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan" (Maca) de Joseph Titi Gnanhoua dont le journal est proche de l'ex-président Laurent Gbagbo. L'Ong demande "aux autorités ivoiriennes de respecter leurs propres lois et de libérer immédiatement Joseph Gnanhoua Titi", rappelant que "les délits de presse sont dépénalisés en Côte d’Ivoire" et qu'un "journaliste n’a donc pas à être jeté en prison quels que soient les propos de ses articles".

Le directeur de publication d’"Aujourd'hui" doit être présenté, aujourd’hui, à un juge pour s'expliquer sur un article mettant en cause M. Ouattara et publié à la "Une" du quotidien le 21 juillet. M. Ouattara est le grand favori de l'élection présidentielle d'octobre, un scrutin crucial pour la stabilisation du pays. Les médias ivoiriens, dont une partie est très politisée, ont parfois contribué à faire monter la tension dans le pays durant la longue décennie de tourmente qui a culminé avec la crise post-électorale de 2010-2011.