Côte d’Ivoire : malaise au sein de la coalition au pouvoir

  • 13/07/2017
  • Source : Jeune Afrique
Jean-Louis Billon suspendu, Niamien N’Goran limogé, plusieurs cadres du PDCI ont été mis sur la touche par la présidence ivoirienne, révélant les tensions de plus en plus fortes entre le parti d’Alassane Ouattara et son principal allié.

Ce mercredi 13 juillet, lorsqu’il arrive au palais présidentiel juste après le Conseil des ministres, Niamien N’Goran pense simplement remettre son rapport annuel. Il ne se doute pas que quelques instants plus tard Alassane Ouattara va lui signifier son limogeage du poste d’inspecteur général d’État, qu’il occupe depuis 2011. Une fin de mission due à sa défaite à Daoukro lors des législatives de décembre, lui explique le chef de l’État ivoirien.

Ce renvoi est surtout le symptôme des tensions de plus en plus grandes entre le Rassemblement des Républicains (RDR) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), les deux grands alliés au pouvoir, et leurs chefs respectifs, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.

"Alassane Ouattara fait ainsi savoir son mécontentement à Henri Konan Bédié"

En effet, Niamien N’Goran n’est pas seulement vice-président du PDCI, il est aussi le neveu du patron du parti. Juste avant lui, un autre cadre était mis à l’écart du pouvoir : en conseil des ministres, Jean-Louis Billon a été suspendu de la tête du Conseil régional du Hambol (centre-nord) pour « dissensions graves ». Les deux hommes attendent désormais la signification officielle de ces décisions.

« Alassane Ouattara fait ainsi savoir son mécontentement à Henri Konan Bédié », commente un observateur de la vie politique ivoirienne. Depuis 2010 et le soutien de Bédié à Alassane Ouattara face à Laurent Gbagbo lors de l’élection présidentielle, les deux hommes n’ont cessé de s’afficher en tandem harmonieux à la tête du pays.

Régulièrement consulté par Alassane Ouattara, le président du PDCI peut aussi compter plusieurs des figures de son parti à des postes clés de l’Etat et du gouvernement. En 2015, « l’appel de Daoukro » lors duquel Henri Konan Bédié a poussé son parti à renoncer à un candidat à la présidentielle et à se ranger derrière Alassane Ouattara, a encore renforcé cette alliance.

Succession d’Alassane Ouattara

Mais depuis quelques semaines, leur entente bas de l’aile. En cause, la succession d’Alassane Ouattara en 2020. Dans une interview accordée à Jeune Afrique mi-juin, le natif de Daoukro a affirmé que « le PDCI aura un candidat en 2020. Et ce sera le candidat unique du RHDP ». Des déclarations qui ont fait l’objet d’un échange téléphonique, en début de semaine, entre le patron du PDCI – en vacances en France depuis début juin – et le chef de l’État...