Côte d'Ivoire : Le tabac tue plus de neuf mille personnes chaque année

  • 27/12/2021
  • Source : Linfodrome
Le tabac est présenté comme la première cause de mortalité évitable : chaque année, il serait à l'origine de 5,4 millions de décès dans le monde. En Côte d'Ivoire, c'est 9 111 personnes qui meurent chaque année à cause du tabagisme.

La société civile est sans doute l’un des traits les plus marquants de notre époque, à tel point qu’elle est devenue aujourd’hui un acteur incontournable dans le fonctionnement des sociétés contemporaines. En Côte d’Ivoire, des organisations s’activent pour soutenir les actions gouvernementales et défendre le droit des populations dans plusieurs domaines.

Le rôle de la société civile

Dans ce sens, le Réseau des ONG actives pour le Contrôle du tabac et les maladies non transmissibles (ROCTA-CI) et le Comité/Club Unesco Universitaire pour la lutte contre la drogue et autres pandémies (CLUCOD) interviennent dans le domaine de la lutte contre le tabagisme.

L’ONG CLUCOD en partenariat avec le ROCTA-CI exécute actuellement le projet de Renforcement des Capacités pour la Prévention du Tabagisme en Côte d’Ivoire ou projet RECAPT-CI avec l’appui technique et financier de la Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF). C’est bien dans le cadre de ce projet que nous  avons initié ce communiqué de presse, à cette période difficile.

En Côte d’Ivoire, ce sont plus de 9 111 personnes qui meurent par an

Le tabagisme est une épidémie mondiale. Il est la source de plusieurs maladies et aussi un facteur aggravant de certaines autres. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le tabac cause plus de 06 millions de décès chaque année dans le monde. En Côte d’Ivoire, ce sont plus de 9 111 personnes qui meurent par an, du fait du tabac selon ATLAS TOBACCO, 2018.

Face à cette situation, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fait adopter la Convention Cadre de l’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT), qui a été ratifiée par 182 Etats dont la Côte d’Ivoire. Dans le préambule de cette Convention, les Parties ont reconnu « la nécessité d’être vigilant face aux efforts éventuels de l’industrie du tabac visant à saper ou dénaturer les efforts de lutte antitabac et la nécessité d’être informé des activités de l’industrie du tabac qui ont des répercussions négatives sur les efforts de lutte antitabac ».

En outre, l’article 5.3 de cette convention dispose qu’ : « en définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac, les Parties veillent à ce que ces politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac, conformément à la législation nationale ».

De cet article, découlent des principes directeurs et recommandations suivantes :

-          Il y’a un conflit fondamental et inconciliable entre les intérêts de l’industrie du tabac et ceux de la santé publique ;

-          Parce que ses produits sont mortels, l’industrie du tabac ne devrait pas recevoir d’incitations pour mettre en place ou poursuivre ses activités ;

-          Les Parties ne devraient avoir d’interaction avec l’industrie du tabac que lorsque cela est nécessaire et en se limitant strictement à ce qui est nécessaire pour leur permettre de réglementer efficacement l’industrie du tabac et les produits du tabac ;

-          Rejeter les partenariats ainsi que les accords non contraignants ou sans force exécutoire avec l’industrie du tabac ;

-          L’industrie du tabac ne devrait être partenaire d’aucune initiative liée à l’élaboration ou à l’application de politique de santé publique, étant donné que ses intérêts sont en contradiction directe avec les objectifs de la santé publique.

Il est demandé à chaque Etat de mettre en place un système de surveillance de l’industrie du tabac 

En effet, l’industrie du tabac assure la production et la promotion d’un produit dont il est avéré scientifiquement qu’il crée une dépendance, provoque des maladies et des décès prématurés. C’est pourquoi, il est recommandé de protéger le processus de conception et de mise en œuvre des politiques de santé publique en matière de lutte antitabac des manœuvres de l’industrie du tabac dans toute la mesure possible.

 A cet effet, il est demandé à chaque Etat de mettre en place un système de surveillance de l’industrie du tabac. C’est fort de cela que la société civile a mis en place un système de surveillance qui a abouti à une enquête dont les premiers résultats ont été publiés. Ainsi, sur quinze (15) pays, la Côte d’Ivoire occupe la cinquième place. Il est reproché à la Côte d’Ivoire le fait que l’industrie du tabac propose très souvent des textes relatifs à la lutte antitabac.

Les attentes de la société civile ivoirienne

De ce qui précède, il ressort que l’industrie du tabac ne devrait être partenaire d’aucune initiative en matière d’élaboration de textes relatifs à la lutte antitabac.

C’est la raison pour laquelle nous organisations de la société civile :

1-      Dénonçons ici et maintenant ces attitudes et assertions des firmes de tabac qui visent à saboter la mise en œuvre de la lutte antitabac en Côte d’Ivoire ;

 2-      Condamnons vigoureusement les manœuvres de manipulations, de sabotage des firmes de tabac pour désinformer les pouvoirs publics ;

 3-      Mettons en garde les firmes de tabac, qui conscientes de l’illégalité de leurs actions, persistent à s’impliquer dans l’élaboration des textes d’application de la loi relative à la lutte antitabac en Côte d’Ivoire ;

 4-      Lançons un appel ultime aux autorités ivoiriennes, notamment les services du Premier Ministre à avoir un regard particulier sur le respect de l’article 5.3 de la Convention Cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.

E.G avec Sercom