Côte d’Ivoire: grand-messe pour l’investiture du candidat Ouattara

  • 22/03/2015
  • Source : AFP
Abidjan - Une dizaine de milliers de sympathisants étaient réunis dimanche pour l’investiture du président ivoirien Alassane Ouattara comme candidat de son parti à la présidentielle d’octobre, cruciale pour ce pays sortant d’une décennie de crise politico-militaire.

Le palais des sports de Treichville, un quartier d’Abidjan, a été pris d’assaut pour ce congrès extraordinaire du Rassemblement des républicains (RDR) aux allures de plébiscite: Alassane Ouattara, 73 ans, n’a pas de concurrent au sein du RDR et, face à une opposition divisée, part grand favori du scrutin d’octobre. Il doit être officiellement investi dans l’après-midi.
 
"Je suis venu apporter un soutien à mon candidat pour un second mandat", clame Coulibaly, qui arbore un tee-shirt à l’effigie du président et fait le V de la victoire.
 
La grande façade du palais des sports est ornée de larges banderoles: "Tous rassemblés autour d’ADO" (initiales d’Alassane Dramane Ouattara), "Pour une Côte d’ivoire qui gagne", ou encore "Mobilisons-nous pour un second mandat".
 
"Ce congrès va sonner le départ d’une large campagne, pour la réélection du président Alassane Ouattara dès le premier tour à un taux de 75%", assure le député RDR Adama Bictogo, président du comité d’organisation.
 
Le président ivoirien, arrivé aux affaires au terme d’une crise postélectorale sanglante causée par le refus de son prédécesseur Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010, s’est fixé 2020 comme horizon.
 
"J’ai trouvé un pays complètement en ruine, effondré, qui avait et a besoin d’être reconstruit", expliquait-il à l’AFP en juin 2013. "J’ai indiqué clairement que je ne suis pas sûr de pouvoir finir ce travail dans le temps qui me reste et que vraisemblablement je briguerai un second mandat".
 
Après une décennie de crise politico-militaire marquée par une partition du pays, cet ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) peut se vanter d’une vraie réussite économique en quatre ans de règne.
 
Sous sa houlette, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a retrouvé une forte croissance, d’environ 9% annuels entre 2012 et 2014, soutenue par un investissement public fort. Le troisième pont enjambant la lagune d’Abidjan, chantier monumental, symbolise son premier mandat.
 
Ses soutiens l’encensent: le ministre du Plan, Albert Toikeusse Mabri, louait mardi le "leadership éclairé" de cet "homme providentiel".
 
Alassane Ouattara a fait de l’"émergence" - qui doit permettre au pays de passer de la pauvreté à un fort développement économique et social - son objectif pour la Côte d’Ivoire en 2020. Ce dont se gausse l’opposition, qui critique une mauvaise répartition des fruits de la croissance.
 
’Justice des vainqueurs’ 
 
Le président peut également se flatter d’avoir accompagné l’apaisement de la Côte d’Ivoire. Plus de 3.000 personnes étaient mortes dans les violences postélectorales de décembre 2010-mai 2011.
 
Mais son bilan en matière de réconciliation reste critiqué. La commission "Vérité et réconciliation", censée provoquer une catharsis par l’audition de victimes et de leurs bourreaux, n’a débouché sur rien de concret.
 
De même, aucun cadre pro-Ouattara n’a été inquiété pour son rôle dans la récente crise alors que les deux camps ont commis des exactions, nourrissant les accusations de "justice des vainqueurs".
 
L’ex-Première dame Simone Gbagbo a été condamnée le 10 mars à 20 ans de prison pour "attentat à la sûreté de l’Etat", au terme d’un procès dont la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) a pointé les "insuffisances", notamment l’"absence d’éléments de preuve probants".
 
Alassane Ouattara est également accusé par ses détracteurs de "verrouiller" le processus électoral, selon les termes de l’ex-président de l’Assemblée nationale sous l’ère Gbagbo, Mamadou Koulibaly, qui dénonce une volonté de "se garantir une victoire trop facile".
 
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), allié du RDR, a décidé de ne pas présenter de candidat en octobre pour garantir la victoire du président sortant, au nom d’un hypothétique renvoi d’ascenseur lors de la présidentielle de 2020, provoquant la colère de certains de ses cadres.
 
Quant au Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo dont des cadres sont inquiétés par la justice, on ne sait s’il présentera un candidat.
 
L’ancien président se trouve, lui, dans une cellule à La Haye, où il attend son procès à la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de "crimes contre l’humanité".
 
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